Un peu de répit pour les banques alimentaires
Mireille Lizotte, directrice générale de Moisson Kamouraska qui chapeaute l’aide acheminée à différents organismes alimentaires de la région, se réjouit de l’annonce de 8 M$ supplémentaires alloués aux Banques alimentaires du Québec (BAQ) par le gouvernement du Québec. «On va avoir un peu de répit», partage-t-elle.
Avec la croissance exponentielle des demandes de soutien alimentaire partout au Québec, le réseau des BAQ a demandé au gouvernement une aide financière de 18 M$ pour continuer à acheminer de la nourriture aux personnes dans le besoin jusqu’au printemps. En novembre, une subvention de 10 M$ avait été octroyée.
Force est de constater que le gouvernement a entendu les demandes des BAQ avec la plus récente annonce de 8 M$. Avec le versement de la totalité de sa demande, le réseau achètera des denrées, les distribuera dans les banques alimentaires et les moissons à travers la province. Des répercussions seront aussi visibles du côté des organismes desservis par les moissons, puisque de la nourriture leur sera transférée.
Ainsi, le Carrefour d’Initiatives Populaires de Rivière-du-Loup, Croc-Ensemble des Basques, les cuisines collectives du Témiscouata (Cabano, Dégelis, du Haut-Pays et La petite Bouffe des Frontières), et les organismes des MRC de L’Islet et Montmagny bénéficieront de cette aide par le biais de Moisson Kamouraska.
«On n’est pas les seuls au Québec à dire qu’il y a des augmentations de demandes dans nos dépannages alimentaires, que ça coute cher en acheter, qu’il y a de moins en moins de produits quand on récupère dans les supermarchés», souligne Mme Lizotte. L’aide d’urgence permettra aux différentes BAQ de tenir le coup jusqu’au printemps. De son côté, la directrice générale a espoir de se rendre jusqu’au début de l’été.
La suite dépendra du nombre de demandes à pourvoir ainsi que de la récupération dans les supermarchés, indique Mme Lizotte. Les organismes alimentaires ont besoin de beaucoup de produits, mais ils font face comme tous, lors de l’achat, à la réduflation.
«Temporairement, ça vient nous aider cette somme-là», assure la directrice générale. Toutefois, elle n’aimerait pas voir cette aide devenir récurrente et ainsi devoir compter sur les fonds du gouvernement pour aider les gens dans le besoin. Dans le futur, elle espère qu’une bonne partie des 7 644 personnes aidées par mois et des 91 000 de son réseau aient le soutien nécessaire pour atteindre la sécurité alimentaire et ne plus avoir recours à ses services.
DES OPINIONS DIVERGENTES
Contrairement à Mme Lizotte, la directrice générale de Croc-Ensemble des Basques, Marie Lefrançois, croit que l’aide ne devrait pas seulement être ponctuelle et urgente. «Je pense que la clé, c’est d’augmenter le financement à la mission des organismes en aide alimentaire», puisque le problème reste le sous-financement, selon elle. Un enjeu vécu longtemps par les organisations alimentaires.
Une aide échelonnée dans le temps se basant sur la charge de travail et le territoire de couverture des organismes permettrait de répondre à leurs besoins, d’après elle. Croc-Ensemble des Basques, depuis son changement de services de boites en comptoir, a vu sa clientèle doubler en l’espace de quelques mois. Ouvert deux jours par semaine, l’organisme est passé de 35 personnes par jour à 70 environ, aidant ainsi entre 120 et 150 personnes par semaine.
Cette augmentation de 50 % constatée sur le terrain fait état d’un besoin criant. Mme Lefrançois ne sait pas si cette situation va continuer longtemps, mais elle est loin de constater une stabilisation. Une aide continuelle lui permettrait de répondre à toutes les demandes, car malgré cette hausse fulgurante de clientèle, le nombre de denrées reçues par l’organisme ne croît pas. «Donc c’est à nous d’user de débrouillardise pour aller chercher le reste», partage-t-elle.
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