Le temps presse pour le Corégone
Les semaines à venir seront déterminantes pour la prochaine saison du Corégone, le traversier qui assure un lien maritime entre Témiscouata-sur-le-Lac et Saint-Juste-du-Lac. Si aucune aide financière ne lui est accordée par le gouvernement du Québec, celle-ci pourrait même être menacée et le bateau pourrait être forcé de demeurer à quai.
Claude Ouellet, président du conseil d'administration de la Corporation de la Traverse du lac Témiscouata, ne cache pas qu’il tape du pied d’impatience. À l’approche du mois d’avril, moment où la Traverse établit son budget pour la saison estivale, la confirmation d’une nouvelle aide financière du gouvernement n’a pas encore été faite. On craint aujourd’hui que la bonne nouvelle ne vienne pas et que des décisions difficiles s’imposent bientôt d’elles-mêmes.
«Nous sommes très inquiets», a reconnu M. Ouellet, lors d’une discussion la semaine dernière. «Si on n’est pas inclus dans le prochain budget [provincial], ça va devenir très très dangereux de ne rien avoir pour au moins la prochaine année.»
En 2021, le gouvernement du Québec avait consenti une aide de 150 000 $ sur 3 ans à la Corporation. Une nouvelle qui était arrivée comme une bouffée d’air frais pour les administrateurs qui doivent gérer un budget très serré. Or, cette entente est maintenant expirée et elle n’a pas encore été renouvelée, au plus grand dam du conseil d’administration qui revit une situation similaire à celle vécue il y a quelques années.
En 2020, en raison des contraintes liées à la pandémie de COVID-19 et de la diminution de revenus qu’elle a engendrée, la Traverse avait dû annuler les opérations du traversier pour l’été. Québec ensuite débloqué des fonds afin de soutenir la relance et de permettre à l’organisme de développer son modèle d’affaires et son autonomie financière.
PRESSION POLITIQUE
Selon Claude Ouellet, la député de la circonscription Rivière-du-Loup-Témiscouata, Amélie Dionne, doit faire pression, comme l’avait fait à l’époque son prédécesseur Denis Tardif, afin qu’une somme d’argent soit rendue accessible. Par expérience, il sait que les programmes de subvention permettant de soutenir financière l’opération d’une traverse «n’existent pas». De fait, le feu vert doit être donné plus haut, croit-il.
«Ça prend de la pression politique. Le prochain budget arrive bientôt et malheureusement, il ne semble y avoir aucune forme d’influence qui se fait pour qu’on [en fasse partie]», a-t-il dit.
Actuellement, se désole-t-il, les démarches qui sont faites ne semblent donner aucun résultat. Pourtant, il est minuit moins cinq. «Politiquement parlant, il faut mettre un petit peu de pression. Si on ne met pas de pression de la part du député, il ne se passera rien. Il ne faut pas rêver en couleurs. Il faut que des pressions soient faites au bon endroit, au bon moment.»
«Pour l’instant, on craint que cette pression-là n’existe pas», a-t-il ajouté.
LA DÉPUTÉE POURSUIT SON TRAVAIL
En novembre, le gouvernement du Québec a annoncé une somme de 87 500 $ afin de contribuer à l’entretien du navire le Corégone. La députée Amélie Dionne avait alors soutenu, dans le cadre d’un entretien avec Info Dimanche, que la traverse n’allait pas être abandonnée et que son équipe travaillait à trouver des solutions pour assurer son avenir.
Elle a réitéré cette volonté en début de semaine. «Mon équipe et moi entretenons une relation de collaboration étroite avec la Corporation de la Traverse du lac Témiscouata depuis un certain temps déjà. D’ailleurs un comité de travail et de consultation a été mis en place, il y a plus d'un an, ensemble, nous mettons tout en œuvre pour trouver les solutions les plus adaptées afin d'assurer le bon fonctionnement du traversier pour la saison à venir et au-delà», a-t-elle indiqué.
«Je comprends parfaitement l'impatience de monsieur Ouellet et je continue à travailler avec détermination aux côtés de tous les acteurs concernés pour trouver des solutions durables pour les opérations de la traverse le Corégone.»
Appelé à commenter cette situation, le préfet de la MRC du Témiscouata, Serge Pelletier, a confirmé qu’il était informé des enjeux auxquels est confrontée la Traverse du lac Témiscouata. «On a confirmé que le montant de 50 000 $ qu’on mettait jusqu’à maintenant va se poursuivre pour 2024 et les prochaines années […] Je sais que les Municipalités participantes au niveau du Corégone poursuivent leur investissement», souligne-t-il. Ce dernier attend lui aussi la confirmation que le gouvernement du Québec continuera d’appuyer financièrement le Corégone pour les années à venir.
Il indique également que le regroupement des municipalités du Témiscouata continuera de mettre la main à la pâte. «Ce qui est sûr, c’est qu’on ne remet pas notre participation en question. On considère que c’est important que l’ensemble du Témiscouata appuie la traverse le Corégone.»
D'AUTRES DÉFIS À RELEVER...
Au-delà du financement de ses opérations, les défis demeurent nombreux pour le conseil d’administration de la Corporation de la Traverse du lac Témiscouata au cours des prochains mois.
D’une part, en prévision d’une inspection à venir de la part d’une firme privée, l‘équipe de la traverse doit s’assurer de la stabilité et de l’épaisseur de la coque du navire. Un nouveau système d’extincteurs doit être également installé, poussant la facture totale des démarches à environ 100 000 $.
Une demande d’aide financière, qui permettrait la couverture d’une grande partie des couts, a déjà été faite auprès du ministère des Transports. La Traverse espère maintenant une réponse rapide, puisqu’une partie des informations doit être obtenue pour le 1er mai.
«Dans le cas du système d’extinction, on a besoin des fonds pour faire le dépôt nécessaire à l’achat du matériel. Les délais étant serrés, on pourrait repousser l’installation de quelques mois, il mais faudrait que ce soit fait avant la fin de l’automne. Ce sont des dépenses qu’on doit absolument effectuer», a souligné le président Claude Ouellet.
Toujours dans le dossier des travaux à effectuer, la direction a récemment dû reporter ses objectifs d’entretien du navire pour lesquels elle avait obtenu l’aide de 87 500 $. On comptait effectuer le sablage et la peinture de la coque afin de la protéger pour les années à venir, mais les températures plus douces de la fin février, et celles à venir au début mars, forcent le report. Bien que le bateau soit surélevé, les travaux ne peuvent pas être effectués au-dessus de la berge du lac afin de risquer toute forme de contamination.
«Il faudra les reporter à une année ultérieure, a indiqué Claude Ouellet, confirmant que la sécurité du bateau n’est pas en jeu. Il faudra prendre d’autres moyens pour avancer le bateau de 20 pieds supplémentaires afin qu’il ne soit plus au-dessus de l’eau. Il y aura des modifications à faire au niveau de l’approche.»
Enfin, les recherches d’un capitaine se poursuivent. Pour le moment, celles-ci n’ont pas donné les résultats escomptés. «Quelques candidats se sont pointés, mais ce sont surtout des immigrants qui viennent de l’extérieur et ça demanderait beaucoup de temps et de ressources pour faire venir ces gens-là», a indiqué M. Ouellet.
Il ne cache pas que la situation actuelle est «difficile».
Commentaires