À la recherche d’une solution durable pour la palissade du Fort Ingall
Plusieurs poteaux de la palissade qui entoure les bâtiments du Fort Ingall de Témiscouata-sur-le-Lac sont inclinés, endommagés par le temps et les moisissures, puisqu’ils sont directement plantés dans la terre. L’équipe de ce site patrimonial classé travaille dans l’ombre depuis plusieurs mois afin de trouver une technique de restauration qui pourrait permettre de remédier à la situation.
Même si certaines sections de la palissade montrent des signes de faiblesse, le site historique n’est pas abandonné, bien au contraire. «Si on creuse [pour changer des poteaux] ça crée des problèmes. Comme le Fort a été construit en 1839, il faut qu’il y ait un archéologue présent tout au long des travaux. Ça devient difficile à payer pour un organisme comme le nôtre», précise le directeur général de la Société d’histoire et d’archéologie du Témiscouata – Fort Ingall, Étienne Frenette.
RESTAURATION
En novembre 2019, une partie de la palissade de la façade ouest du Fort Ingall s’était effondrée lors de forts vents puisqu’un poteau maitre planté dans le sol avait cédé. Cette situation avait déclenché une évaluation complète de la palissade et le début des démarches de demande de financement. Une carotte de chacun des poteaux a été examinée afin d’évaluer leur état.
Lors des travaux d’excavation menés en 2019 pour remettre la palissade en état, des objets en céramique (vaisselle bleue et poterie) datant de l’occupation britannique ont été retrouvés sur les lieux.
«Si on veut rebâtir avec la méthode de l’époque (1839) pour que ce soit [historiquement] valide, ce n’est pas fait pour durer. Les techniques utilisées à l’époque par les Britanniques visaient une utilisation temporaire de 5 à 10 ans», rappelle M. Frenette.
La palissade a été refaite dans les années 1970, avec les techniques ancestrales. Dans les années 1980, les deux tiers des poteaux maitres avaient été changés, en utilisant un procédé différent. «Lors de l’évaluation de tous les poteaux maitres [en 2019], environ le tiers était à changer. Ce sont ceux qui n’avaient pas été faits dans les années 1980.»
SOLUTION DURABLE
Une demande d’aide financière pour la restauration du site a été adressée au ministère de la Culture et des Communications du Québec et au gouvernement du Canada. Le Fort Ingall, en collaboration avec des ingénieurs, veut utiliser une technique de vibrofonçage pour planter des tiges de métal dans le sol à l’endroit où se trouveront les poteaux maitres, sans avoir à creuser.
«Ça nous éviterait de devoir recourir à des archéologues tout au long du projet. Ça représente d’importants frais. On percerait les poteaux maitres pour les imbriquer avec la tige de métal, comme un bloc Lego. Dans 40 ans, quand le bois sera pourri, on pourra percer un nouveau billot et le remettre en place», résume Étienne Frenette.
L’objectif du Fort Ingall est de réduire les couts tout en pensant à une solution durable pour l’avenir. Le directeur général concède que quelques poteaux démontrent des signes de faiblesse et il souhaite que le projet se réalise le plus rapidement possible.
«Tout le monde a de la bonne volonté. C’est un projet novateur et il faut être certain qu’on fait bien les choses […] On ne veut pas avoir à retourner voir le gouvernement tous les cinq ans pour restaurer la même chose», ajoute M. Frenette. Des spécialistes accompagnent présentement l’organisme dans ce projet.
Les toits du Fort et un projet d’accessibilité universelle sont aussi dans les plans du directeur général, en plus des travaux d’entretien régulier qui vont de pair avec des bâtiments faits en bois. En attendant les réparations de la palissade, le Fort Ingall demeure ouvert et des mesures de sécurité sont en place.
POPULARITÉ
En 2023, le site historique a accueilli plus de 11 000 visiteurs, une année record depuis que ces statistiques sont compilées. Une popularité qu’Étienne Frenette explique par le développement d’un projet d’audioguide, l’organisation de nouvelles activités comme le tir de canon et un partenariat avec la Société des établissements du plein air du Québec.
Depuis 1975, le Fort Ingall de Témiscouata-sur-le-Lac est reconnu par le gouvernement du Québec comme un site historique et archéologique. Tous les travaux qui y sont réalisés doivent être approuvés par les autorités provinciales et suivis par un archéologue.
Le Fort Ingall a été construit par les Britanniques en 1839 en tant que fort de campagne dans le cadre de la guerre d’Aroostook qui opposait l’Empire britannique aux Etats-Unis. La reconstruction du site s’est déroulée à partir de 1972.
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