Hockey dans la rue : une plainte devient virale à Rivière-du-Loup
Une plainte portée à la Ville de Rivière-du-Loup contre des enfants qui jouent au hockey dans la rue, contrevenant ainsi à deux règlements dont celui sur le bon ordre et la paix, est devenue virale en début de semaine au Québec. Le dossier est discuté aux quatre coins de la province et a fait réagir des centaines d’internautes.
Lundi matin, au lendemain de la diffusion de reportages de Ciel-FM et Radio-Canada Bas-Saint-Laurent, le sujet était sur toutes les lèvres. Le Journal de Québec, Paul Arcand au 98.5 Montréal, Radio X et LCN s’étaient même déjà approprié le dossier.
Sur les réseaux sociaux, la situation a également soulevé un mouvement d’indignation collectif, les internautes criant à la liberté de jouer des enfants.
«Je ne m’attendais pas à une réaction médiatique aussi importante, c’est certain. Je pensais que ça allait rester plus local, mais ça déboule rapidement», a convenu Dany Ducas, un citoyen de la rue Agnès-Giguère à Rivière-du-Loup.
«Au final, peut-être que la personne qui a fait la plainte fera avancer la cause des enfants. C’est ce qu’on espère.»
Le père de famille est sorti publiquement, dans les derniers jours, pour dénoncer le fait que ses enfants ne pouvaient plus jouer au hockey dans la rue, après qu’une plainte officielle ait été formulée aux autorités municipales, vraisemblablement par un citoyen du quartier.
M. Ducas soutient avoir été rencontré la semaine dernière par une agente municipale qui l’a respectueusement informé que cette pratique, qui contrevient aussi à un règlement sur la circulation et le stationnement, n’était pas possible et que des amendes pouvaient être émises en cas de récidive. Une situation qui l’a pris de court, même s’il connaissait l’existence d’une telle règlementation.
«On savait que ça existait, mais on ne croyait pas que c’était pour être appliqué de façon aussi formelle. Il y a des policiers qui habitent le quartier et jamais nous n’avons été avertis de quoi que ce soit», a mentionné le papa.
«Maintenant, je comprends qu’il y a eu une plainte et que c’est ce qui a amené tout ça. Dans le processus, la Ville devait intervenir.»
Il soutient n’avoir jamais été rencontré par des voisins au sujet du dérangement potentiel. Au contraire, dit-il, la grande majorité des familles ont aménagé dans la rue pour sa tranquillité su niveau de la circulation et la possibilité d’avoir une vie de quartier dynamique.
Enseignant en éducation physique, Dany Ducas encourage d’ailleurs tous les jours ses enfants à jouer à l’extérieur. Ils ne passent pas tout leur temps dans la rue, maintient-il, mais il est vrai qu’ils aiment jouer au hockey. Ils ne sont pas les seuls, puisqu’ils sont souvent rejoints par des amis et des voisins.
Les jeunes sortent ainsi filets, bâtons et balles devant la maison, où les voies de la rue Agnès-Giguère sont séparées d’un terre-plein. Cette configuration permet aux automobilistes de circuler quelques mètres en sens inverse, et ainsi de les éviter, s’ils le souhaitent. Il s’agit toutefois d’une infraction au code de la sécurité routière.
«On a déjà averti les enfants que certains automobilistes ne veulent pas rouler à contresens et qu’ils doivent les laisser passer si c’est le cas. Ils collaborent, mais c’est possible que ça prenne parfois un peu de temps […] Ça reste des enfants, on peut pas toujours leur demander la perfection.»
S’il comprend les craintes et inquiétudes reliées au jeu dans la rue, Dany Ducas estime néanmoins que toute cette situation demeure surréelle. «Les jeunes peuvent se retrouver 8-10 devant la maison. Plusieurs jouent un peu plus loin aussi. C’est du hockey, du basketball, du vélo, de la course... Il y a beaucoup de vie, et il y a régulièrement des parents à l’extérieur pour assurer une supervision», indique-t-il.
«C’est une rue très familiale avec une cinquantaine d’enfants. C’est malheureux qu’ils soient pénalisés, alors qu’on essaie de prôner les saines habitudes de vie.»
UNE OUVERTURE DEMANDÉE
Dany Ducas, qui se veut aujourd’hui le porte-parole des parents du quartier, souhaite avoir une ouverture de la part des élus municipaux. Il espère des changements à la réglementation municipale, à l'image d'autres villes comme Gatineau ou Belœil qui ont mis sur pied des projets-pilotes dans les dernières années.
«L’idée, ce serait de permettre le jeu libre dans la rue sur une période donnée. Il y aurait une signalisation appropriée et ce serait toléré. C’est l’objectif et on espère qu’il y aura une compréhension du conseil municipal», a-t-il partagé.
«Aujourd’hui, on parle de la rue Agnès-Giguère. On pourrait commencer par ici, puis l’appliquer ailleurs. C’est un dossier qui ne touche pas seulement notre quartier.»
Appelé à commenter, la Ville de Rivière-du-Loup assure qu’elle ne va pas intervenir chaque fois que des enfants ou des gens jouent dans la rue. «Au contraire, la Ville favorise la pratique sportive. Nous avons d’ailleurs une politique de la famille et des aînés qui met les activités sportives de l’avant. Nous allons toutefois intervenir lorsqu’il y a une plainte ou lorsque qu’il y a des enjeux de circulation ou de sécurité», a déclaré Pascal Tremblay, directeur du service des communications. Il a aussi appellé au bon voisinage et à la discussion entre voisins.
M. Ducas et plusieurs parents se sont présentés à la séance ordinaire du conseil municipal, ce lundi 8 avril, afin de discuter avec les élus. Tous les détails au www.infodimanche.com.
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