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«Les cimetières ne sont pas morts, ils sont bien vivants» 

durée 13 juin 2024 | 13h50
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Protection de l’environnement, utilisation de nouvelles technologies, valorisation du patrimoine et de l’histoire… une transition s’opère actuellement dans les cimetières chrétiens du Québec. Confrontés à différents défis, les responsables souhaitent s’éloigner d’un conservatisme auquel ils sont souvent associés pour se moderniser et répondre aux besoins et attentes d’une clientèle plus jeune et exigeante. 

    Réunis la semaine dernière à Rivière-du-Loup, dans le cadre du 36e congrès de l’Association des cimetières chrétiens du Québec (ACCQ), les quelque 200 délégués, membres de l’association ont discuté de changements législatifs, de patrimoine, de communication, de marketing et du développement de nouveaux produits et services pour les cimetières.

    Sous le thème «Réfléchir aux défis de l’avenir», ils ont également échangé sur les réalités auxquelles est confrontée leur industrie, et sur les façons dont ils peuvent s’y adapter. 

    «On fait face depuis quelques années à d’innombrables défis. On peut se rouler en boule et pleurer en pensant à tout cela, ou on peut les transformer en opportunités. C’est ce que nous sommes en train de faire», soutient Daniel Dezainde, président de l’ACCQ. 

    Dans une discussion d’une vingtaine de minutes, il a confirmé que le milieu des cimetières au Québec était en pleine évolution. Une transition qui s’est amorcée il y a déjà quelques années, mais qui atteint une vitesse de croisière. Les nouveautés sont nombreuses et régulières. 

    «Les cimetières sont en mouvement, contrairement à ce qu’on pourrait le penser. On évolue avec les demandes des familles, à travers l’accompagnement qu’on leur offre. Les responsables de cimetières ont eu grande ouverture d’esprit et c’est important», note-t-il. 
    Daniel Dezainde prend en exemple la protection de l’environnement. L’ACCQ souhaite jouer un rôle de mobilisateur et de facilitateur dans l’industrie funéraire, en route vers des changements plus écologiques et durables.

    «Qu’on le veuille ou non, enfouir dans le sol des produits non biodégradables, ça contribue à polluer le sol et la nappe phréatique. À partir du moment où on en a pris conscience, on a commencé à changer», a-t-il expliqué. 

    «À Gatineau, par exemple, on ne vend que du biodégradable. Les cercueils sont fait de bois et les coussins sont fabriqués en coton naturel et bourrés avec de la paille. Le produit reste de toute beauté.»

    Il pense aussi à la valorisation du patrimoine et de l’histoire. Pour assurer la pérennité des cimetières, les responsables doivent réussir à les mettre en valeur. Différentes initiatives, comme la tenue d’activités touristiques et culturelles, par exemple, sont évoquées. Une quête qui peut également aller de pair avec les technologies, estime-t-on. 

    «On peut se fermer les yeux et laisser ce patrimoine se dégrader jusqu’à disparaitre ou on peut se demander ce qu’on peut faire, avec nos moyens, pour travailler sur la préservation», soutient Daniel Dezainde.  

    «Des entreprises du Québec travaillent actuellement sur l’intégration de codes QR sur les pierres tombales. La technologie permettrait d’offrir une très belle porte d’entrée vers une biographie, des photos, des vidéos et des messages des enfants et petits-enfants. Les opportunités sont multiples», ajoute-t-il, précisant que les technologies sont aussi maintenant utilisées dans la gestion des cimetières eux-mêmes. 

    Selon l’ACCQ, les défis qui guettent les cimetières restent nombreux. À une époque où les familles sont accablées par une pression financière plus importante, l’industrie funéraire doit se questionner sur les couts des services funéraires, estime-t-on. Toute la question de la règlementation et des lois qui encadrent le milieu est aussi au cœur de la réflexion. 

    «Mourir, c’est rendu un luxe. Bien des gens n’ont plus les moyens de mourir. C’est une réalité. Il faut redonner la dignité aux familles. Trouver et offrir des solutions», martèle Daniel Dezainde. 

    Malgré le travail à accomplir, les membres sont toutefois enthousiastes et déterminés à se moderniser. C’est notamment le cas de la Compagnie des cimetières catholiques de Rivière-du-Loup qui a plusieurs projets pour redonner les lettres de noblesse aux cimetières louperivois.

     

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