La Maison François-Leclerc, au-delà de la légende d’une maison hantée
Dean Provencher et Dany Larrivée, où la rivière des Trois Pistoles se jette dans le fleuve Saint-Laurent.
Les ruines de la Maison François-Leclerc, aussi connue sous le nom de «maison hantée de Notre-Dame-des-Neiges».
Germain Petit dit Saint-Pierre est aussi à l’origine de la construction d’autres bâtiments patrimoniaux dans la région, dont le presbytère de Saint-Georges à Cacouna.
Les ruines de la Maison François-Leclerc.
L’aura de mystère qui planait au-dessus de la «maison hantée» de Notre-Dame-des-Neiges s’éclaircit peu à peu, grâce au travail de recherche de deux férus d’histoire, Dean Provencher et Dany Larrivée. Ensemble, ils pilotent un projet de mise en valeur de ces vestiges qui sera dévoilé au public le 10 aout à l’église La Riveraine.
La plupart des résidents des Basques connaissent la légende qui émane de ces ruines, situées dans un champ du chemin de la Grève-de-la-Pointe. La maison a servi de relais de pilotes et l’un des marins a été tué lors d’une bagarre pendant une soirée arrosée. Son corps a été enterré dans la cave et son âme rôderait dans les environs. Le bruit du fantôme et ses lamentations ont mené les occupants à abandonner les lieux. Voilà pour la fiction.
Par la fenêtre de la maison de sa grand-mère, où il a passé plusieurs étés dans sa jeunesse, Dean Provencher avait une vue directe sur les vestiges de ce bâtiment en pierres. Depuis trois ans, il s’est penché plus sérieusement sur l’historique du lot qui est occupé par ladite «maison hantée», sur un chemin de gravier près de la route 132.
«Je voulais remonter l’histoire de la terre jusqu’à ses origines, lors de l’occupation par les premiers occupants […] J’ai documenté mon histoire familiale pour reconstruire l’image de la vie de mes ancêtres», résume cet enseignant d’histoire au secondaire, maintenant à la retraite. Dean Provencher est propriétaire d’une résidence secondaire sur la terre de ses ancêtres maternels, des cultivateurs du secteur de Pointe-à-la-Loupe.
À la lumière des informations qu’il a dénichées et des recherches antérieures menées par des membres de la Société d'histoire et de généalogie de Trois-Pistoles, la Maison-Hantée-de-Notre-Dame-des-Neiges devra changer de nom. M. Provencher a obtenu d’un historien de Trois-Pistoles, Gérard Plourde, le contrat de construction de la maison de pierres conclu en 1823 entre François Leclerc, un maitre pilote du fleuve Saint-Laurent, et le maçon Germain Petit dit Saint-Pierre1. La conjointe de François Leclerc se nomme Salomé Côté, une ancêtre du passionné d’histoire.
Selon des écrits rédigés par Dean Provencher, l’emplacement stratégique de la terre, à Pointe-à-la-Loupe, a séduit le pilote, puisqu’on peut voir jusqu’à l’ile du Bic vers le nord-est et l’ile Verte, vers l’ouest.
La Maison François-Leclerc est abandonnée depuis le début du 20e siècle. Au fil des années, elle a continué de se dégrader, des pierres se sont effondrées et les boiseries ont pourri.
CITATION PATRIMONIALE
La «Maison-Hantée-de-Notre-Dame-des-Neiges» a été citée comme immeuble patrimonial en 2007 par la Municipalité de Notre-Dame-des-Neiges. Les plus récentes recherches historiques ont poussé le directeur général de la Municipalité, Dany Larrivée, à adresser une demande de changement de nom au ministère de la Culture et des Communications. Une résolution à ce sujet a été adoptée par le conseil municipal le 15 juillet.
«M. Provencher a mis des centaines d’heures de recherche. Juste trouver les actes notariés, c’est long. Il faut les déchiffrer aussi», souligne Dany Larrivée. Les découvertes récentes des deux passionnés d’histoire permettent de rattacher de nombreux éléments fondateurs de la région à la Maison François-Leclerc, dont l’une des familles pionnières de Notre-Dame-des-Neiges, l’emplacement du bâtiment sur l’ancien chemin du Roy, et une partie de l’histoire des pilotes du Saint-Laurent.
L’année 2024 marque le 200e anniversaire de la construction de la Maison François-Leclerc. De plus, le pilotage sur le fleuve Saint-Laurent a récemment été inscrit au Répertoire du patrimoine culturel immatériel du Québec. «Les astres ne pouvaient pas être mieux alignés. C’était fait pour arriver», croit M. Larrivée.
PARCOURS HISTORIQUE
La Maison François-Leclerc sera le premier arrêt d’un parcours historique que M. Larrivée veut mettre en place au cours des prochaines années à Notre-Dame-des-Neiges. Des fouilles archéologiques devraient être menées sur ce site en 2025.
Le bâtiment patrimonial a été occupé de sa construction en 1824 jusqu’à 1844 par la famille du pilote François Leclerc. Elle a ensuite été habitée par l’inspecteur des chemins Magloire Dubé pendant trois ans. Puis la famille du pilote Magloire Delisle y a habité entre 1847 et 1867. Entre 1871 et 1891, un autre pilote, Étienne-David D’Amours, a vécu dans cette maison.
Une activité de commémoration du bicentenaire de la Maison François- Leclerc est organisée le 10 aout dès midi. Dany Larrivée et Dean Provencher présenteront le résultat de leurs recherches respectives à l’église la Riveraine de Notre-Dame-des-Neiges. Des œuvres inspirées du bâtiment feront partie d’une exposition sur place. La légende de la maison hantée fait partie de l’identité de la région et du folklore des Basques. La suite de l’activité se déroulera au site de la maison hantée, à Pointe-à-la-Loupe vers 14 h 30. Des panneaux d’interprétation et une nouvelle structure de mise en valeur du bâtiment seront dévoilés.
1 Germain Petit dit Saint-Pierre est aussi à l’origine de la construction d’autres bâtiments patrimoniaux dans la région, dont le presbytère de Saint-Georges à Cacouna et l’église de Saint-Simon-de-Rimouski.
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