Importante restauration de marais côtiers à L’Isle-Verte
La spartine sur le bord du marais des Roitelets à L'Isle-Verte.
Le chargé de projet en restauration pour Canards Illimités Canada, Patrick Harbour et Mélanie Deslongchamps, directrice des opérations provinciales.
Une structure de contrôle du niveau d'eau au marais des Roitelets de la Réserve nationale de faune de la Baie-de-L’Isle-Verte.
Le marais des Roitelets dans la Réserve nationale de faune de la Baie-de-L’Isle-Verte.
Une volée de limicoles, près du fleuve Saint-Laurent. À l'arrière, on peut reconnaitre l'ile Verte.
L'un des marais côtiers restaurés par Canards Illimités Canada. La structure au bout du marais a été refaite à neuf cette année. Cet habitat est propice pour la reproduction des oiseaux aquatiques, comme le canard noir.
Le marais des Roitelets dans la Réserve nationale de faune de la Baie-de-L’Isle-Verte.
Si les forêts sont les «poumons» de la Terre, ses milieux humides agissent plutôt comme ses reins. Dans la Réserve nationale de faune de la Baie-de-L’Isle-Verte, ces habitats abritent des dizaines d’espèces d’oiseaux, dont certaines sont menacées ou vulnérables, comme le goglu des prés ou le petit blongios.
Depuis plusieurs mois, Canards Illimités et Environnement et Changement climatique Canada collaborent afin de restaurer de nombreux ouvrages qui avaient été construits vers la fin des années 1980 et le début des années 1990. Huit structures seront remises à niveau sur deux ans dans la Réserve nationale de faune de la Baie-de-L’Isle-Verte. Ces travaux nécessitent des investissements évalués entre 700 000 $ et 800 000 $, indique Mélanie Deslongchamps, directrice des opérations provinciales pour Canards Illimités Canada.
Le vent fait onduler les épis de spartine, en bordure du marais des Roitelets, pendant que le chargé de projet en restauration pour Canards Illimités Canada, Patrick Harbour, explique le rôle des différentes structures de contrôle de niveau d’eau qui y sont aménagées. De l’autre côté de la digue, plus près du fleuve, une petite volée de limicoles survole un autre marais. En arrière-plan, on peut facilement distinguer l’ile Verte.
«On se trouve sur une digue de terre qui est construite comme une bande de piscine. On a une structure de contrôle en bois un peu plus loin pour gérer le niveau d’eau dans le marais […] On a conceptualisé des structures efficaces qui ne demandent pas trop de gestion», résume-t-il. Des relevés de bathymétrie sont effectués afin de déterminer un niveau d’eau optimal pour les différentes espèces d’oiseaux aquatiques.
«On veut atteindre un ratio de 50-50. C’est 50 % de végétation aquatique et 50 % en eau. S’il y a trop de végétation, on peut hausser le niveau d’eau un peu, s’il en manque, on l’abaisse», précise M. Harbour. Les structures doivent pouvoir résister à une crue centennale.
«Ça fait une zone qui accumule de l’eau lors des grosses pluies. On prévient les inondations ailleurs. Ça joue un rôle de filtre avec la végétation aquatique émergente», énumère Patrick Harbour. Comme l’eau des marais ainsi aménagés est stagnante, les sédiments se déposent au fond, ce qui améliore l’habitat aquatique. Ces écosystèmes jouent aussi un rôle important de séquestration du carbone, en plus de créer une zone tampon qui prévient l’érosion des berges. Des enrochements ont aussi été réalisés afin de prévenir la détérioration de la digue.
La restauration du marais des Roitelets, où Info Dimanche a rencontré l’équipe de Canards Illimités Canada, a été complétée en 2020. Ce site est aussi utilisé comme station de baguage d’oiseaux migrateurs par le Service canadien de la faune d’Environnement et Changement climatique Canada. Vers midi le 29 aout, peu d’espèces sont présentes au marais des Roitelets. Un pygargue à tête blanche survole l’étendue d’eau, à la recherche de proies. Par ailleurs, les ornithologues amateurs donnent un bon coup de main aux équipes de biologistes sur le terrain en rapportant leurs observations d’espèces sur la plateforme eBird.
Cette année, trois grandes cellules seront aménagées sur le bord des battures de L’Isle-Verte. À cet endroit, un ancien aboiteau sert maintenant de digue. «C’est un habitat hyper important pour l’hirondelle de rivage, sur les berges de la rivière Verte. Elle vient s’alimenter dans les marais juste à côté», indique Patrick Harbour. Ce site n’est pas accessible au public, puisqu’il est un refuge d’oiseaux migrateurs, en plus de faire partie de la Réserve nationale de faune de la Baie-de-L’Isle-Verte. Il a donc un double statut de protection.
Canards Illimités Canada intervient afin de créer des habitats productifs pour les espèces en péril, menacées ou vulnérables, pour la sauvagine au sens large (oies, bernaches et canards) et tous les autres oiseaux et mammifères aquatiques. Les équipes d’Environnement et Changement climatique Canada sont chargées de faire le suivi de la faune qui les fréquentent.
Les travaux sont menés en hiver, lorsque les espèces migratoires sont absentes. La capacité portante du sol est meilleure lorsqu’il est gelé, ce qui permet à la machinerie de pouvoir y accéder sans avoir trop d’impact sur les habitats naturels. Le marais Salicorne, près de l’héliport, a été optimisé au cours des derniers mois. Le printemps prochain, lors de la fonte des neiges, les fossés situés autour du milieu agricole se rempliront d’eau et créeront des habitats propices pour la reproduction des oiseaux aquatiques. Le cycle reprendra, avec des milieux humides optimisés pour favoriser le maintien de la biodiversité régionale.
Réserve nationale de faune de la Baie-de-L’Isle-Verte
La RNF de la Baie-de-L’Isle-Verte est l’un des plus importants sites de nidification pour le canard noir dans la province. D’une superficie de 568 hectares, elle a été créée en 1980 par Environnement Canada pour protéger les habitats côtiers et leurs écosystèmes. Elle s’étend sur une bande riveraine d’environ 20 kilomètres, sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent. Le marais de L’Isle-Verte est reconnu comme étant un milieu humide d’importance internationale en vertu de la Convention de Ramsar. Il s’agit d’un traité international adopté en 1971 pour la conservation et le développement durable des zones humides. Source : Environnement et Changement climatique Canada
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