Plus qu’une seule station d’essence sur la rue Fraser à Rivière-du-Loup
Le nombre de stations d’essence s’amenuise à Rivière-du-Loup. Alors que la rue Fraser, entre les rues Lafontaine et des Cerisiers, comptait trois fournisseurs il y a environ trois ans, elle n’en compte plus qu'un à présent. Un déclin qui s’explique par le peu de profits faits sur le litre, mais aussi, par le vieillissement de l’équipement, les frais de cartes de crédit et l’avènement des véhicules électriques.
Le propriétaire de la Station-service Daniel Dubé inc., Serge Sénéchal, a récemment pris la décision d’accrocher les pistolets aux pompes pour de bon, même s’il restait plus d’un an à son contrat avec Sonic. Ses cuves enterrées sous terre sont en fin de vie, c’est ce qu’ont déterminé les vérifications effectuées par la Régie du bâtiment au printemps.
M. Sénéchal, aussi propriétaire d’Automobiles Trans-bec inc., explique qu’avant la pandémie c’était le ministère de l’Environnement qui vérifiait les réservoirs d’essence chaque année. La Régie passe, quant à elle, aux deux ans. «Mes cuves, pour deux ans, elle ne voulait pas l’autoriser. Si ça avait été comme l’ancienne façon, elles auraient été bonnes encore pour un an», croit-il.
Et les réservoirs doivent être changés à ses frais, puisqu’ils lui appartiennent. Cet investissement s’élève à au moins 300 000 $. «On ne remet pas [d’essence] parce que la rentabilité de ça, actuellement, ce n’est pas bon du tout», confie l’homme d’affaires.
Du litre, M. Sénéchal n’empochait que cinq cents. Ainsi, pour 100 litres d’essence vendus, il touchait 5 $ de profit, desquels devaient être déduits des frais de 2,25 % de cartes de crédit. Le terminal de paiement appartenant à Sonic, le garage devait débourser entre 30 et 40 cents à chaque transaction. Pour toucher son 5 $, le propriétaire payait 4,75 $ de frais. «Et j’ai payé quelqu’un pour aller aux pompes. Donc la décision n’est pas dure à prendre», concède-t-il.
Offrir le service à la pompe était aussi un problème pour les mécaniciens du garage puisqu’ils devaient arrêter leur travail pour remplir des voitures d’essence. «Quand je savais que j’allais avoir des gros “rush“ de gaz, je ne pouvais pas prendre des “jobs“ qui étirent», explique le gérant, Éric Dubé. Maintenant, il sera donc plus facile pour les employés de réparer les voitures, sans avoir à arrêter à mi-chemin.
Au cours des deux prochaines années, Serge Sénéchal devra tout de même effectuer des travaux pour retirer ses cuves afin de se conformer à la loi. Il estime les couts entre 50 000 $ et 100 000 $. Dans les prochaines semaines, Sonic viendra chercher ses pompes et son enseigne.
L’homme d’affaires n’est pas triste de passer à autre chose. Si Sonic avait été responsable de changer les cuves, il ne sait pas s’il aurait tout de même continué à vendre de l’essence.
ULTRAMAR
Seul le Ultramar est toujours en service sur la rue Fraser entre les rues Lafontaine et des Cerisiers à Rivière-du-Loup, après que le garage Denis Pelletier a arrêté de vendre de l’essence en 2021. La Station-service Daniel Dubé inc., a fait la même chose ce mois-ci.
Le propriétaire, Alain Dumont, n’a pas eu le même problème que ses confrères, il y a 10 ans. Ses cuves ont été changées en 2014 par la filiale, et sont garanties 50 ans.
«Celui qui est propriétaire de réservoirs, quand ils sont finis, il arrête parce qu’il ne peut pas récupérer son argent», soutient-il.
D’après lui, seules les grandes compagnies sont capables d’investir pour changer les réservoirs, car «il leur en reste de l’argent sur l’essence, pas à peu près à part de ça». Un propriétaire qui les changerait lui-même «ça ne vaut pas la peine, il ne reste pas assez d’argent. Ça ne paie même pas l’intérêt si tu empruntes. C’est pour ça qu’elles ferment toutes, il va rester juste les grosses compagnies», pense-t-il.
La venue des véhicules électriques change aussi la donne, indique M. Dumont. «Les petites stations-service comme nous autres, d’ici 20 ans il n’en restera plus, elles vont toutes fermer», prédit-il.
Il ne cache pas non plus ses problèmes de main-d’œuvre pour faire rouler son commerce. «Je suis à un employé près de fermer,» partage le propriétaire du Ultramar depuis 37 ans. Sinon, «ça va être moi qui va lâcher, quand je vais lâcher», laisse-t-il tomber.
Alain Dumont aimerait peut-être léguer son entreprise à son fils et à celui de sa cousine, s’ils sont intéressés. Il ne croit toutefois pas que ça en vaille la peine puisque l’industrie se tourne présentement vers l’électrification.
Il trouve la situation des stations d’essence dommage, mais il n’en est pas étonné. «Ça a toujours été comme ça», ajoute-t-il. Leur nombre s’élevait à une quinzaine à Rivière-du-Loup avant, estime-t-il, et elles ne sont qu’une dizaine aujourd’hui.
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