D’importants travaux au port de Gros-Cacouna en pleine période de nidification d’oiseaux migrateurs
Un terrain laissé en friche pendant plusieurs années mesurant environ 500 mètres de long, limitrophe à la Réserve nationale de faune de la Baie-de-L’Isle-Verte, a été complètement rasé de sa végétation et nivelé à l’aide matériel granulaire entre mai et juin 2024, une période de nidification critique pour les oiseaux migrateurs. Cette situation a soulevé son lot de questionnements et une plainte a été déposée à Environnement et Changement climatique Canada.
La Société portuaire (SP) du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie se servira de cet espace afin d’entreposer des composantes d’éoliennes, au cours des prochains mois. Le lot en question se situe au nord du chemin d’accès à la plateforme d’observation du béluga Putep’t-awt. Il se trouve dans les limites du port de Gros-Cacouna, géré par la SP. Les travaux, réalisés de manière discontinue, ont commencé le 3 mai et se sont terminés un mois plus tard, le 3 juin. Environ 300 millimètres de matériel granulaire y ont été ajoutées pour en faire une surface carrossable destinée à l’entreposage.
Le porte-parole d’Environnement et Changement climatique Canada (ECCC), Samuel Lafontaine, explique que les activités (travaux) ont été réalisées en dehors des limites de la Réserve nationale de faune de la Baie-de-L’Isle-Verte, qui est protégée par une réglementation fédérale. Aucun permis n’était nécessaire en vertu du règlement sur les réserves d’espèces sauvages.
Le Règlement sur les oiseaux migrateurs (2022) interdit d’endommager, de détruire, d’enlever ou de déranger les nids d’oiseaux migrateurs lorsqu’ils contiennent un oiseau vivant ou un œuf viable.
«Ces interdictions s’appliquent partout au Canada. Le meilleur moyen d’éviter de nuire aux oiseaux migrateurs est d’éviter la période de nidification pour entreprendre des travaux. Cette période s’étend généralement du début avril à la fin aout […] Aucun permis n’a été délivré en vertu du Règlement sur les oiseaux migrateurs (2022) par Environnement et Changement climatique Canada dans le cadre de ces activités.»
La direction d’application de la loi sur la faune d’ECCC a été informée de la réalisation de ces activités. Info Dimanche confirme qu’une plainte à ce sujet a été déposée à ECCC.
De son côté, la Société portuaire du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie indique qu’aucun permis n’a été délivré puisqu’il n’était pas requis. De plus, elle soutient qu’aucune autorisation environnementale du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs n’était requise pour la réalisation des travaux puisqu’ils n’avaient pas lieu en milieu hydrique ou humide, ni dans un habitat faunique au sens de la loi.
«Le secteur des travaux n’était pas un secteur naturel, mais bien un secteur déjà perturbé et anthropisé. Il s’agit d’une ancienne carrière qui a ensuite été utilisée pour des activités industrielles. Les chemins d’accès étaient déjà présents sur le site», précise Caroline Ratté, directrice de l’environnement et du développement durable pour la Société portuaire du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. Elle ajoute que les activités les plus bruyantes ont été réalisées dans le secteur sud-est du port, près de l’entreposage de sel.
Dans ce secteur, le port de Gros-Cacouna, situé en eau profonde, doit composer avec la protection des bélugas, le partage du territoire avec la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk et la présence de la Réserve nationale de faune de la Baie-de-L’Isle-Verte, qui comprend le site ornithologique du marais de Gros-Cacouna. Il abrite au moins six espèces en péril et neuf espèces menacées ou vulnérables. Les falaises de ce secteur ont été utilisées par des faucons pèlerins comme lieu de nidification.
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