Une application difficile de la Charte de la langue française dans les magasins de musique
Les marchandises des magasins de musique, qui proviennent principalement de fournisseurs qui font affaire à l’international, sont uniquement étiquetées en anglais, ce qui contrevient à la réglementation en vigueur au Québec. Les commerçants, dont Métronomie à Rivière-du-Loup, sont toutefois pris dans un cul-de-sac puisqu’ils doivent s’en remettre aux grandes compagnies afin de respecter la loi 96.
Comme le rapportait le journaliste Charles-Éric Blais-Poulin dans le quotidien La Presse dans un article publié le 1er octobre, de nombreux propriétaires et gérants de magasins de musique s’inquiètent de l’application de cette loi, dont de nouvelles dispositions entreront en vigueur en juin 2025.
L’article 51 de la loi 96 prévoit que «toute inscription sur un produit, sur son contenant ou sur son emballage, sur un document ou un objet accompagnant ce produit, y compris le mode d’emploi et les certificats de garantie, doit être rédigée en français.»
Le gérant du magasin Métronomie à Rivière-du-Loup, Richard Sirois, abonde dans le même sens que ses confrères de la grande région de Montréal. «On n’a pas besoin de regarder loin, à peu près tous les produits sont étiquetés en anglais», indique-t-il. La langue de Shakespeare est omniprésente, sur les emballages des cordes de guitare, aux pics, en passant par les inscriptions sur les boites de micros et d’écouteurs. Même les boutons sur les pianos et les pédales de guitare n’ont pas d’équivalent en français.
M. Sirois craint l’application à la lettre de la loi 96 par l’Office québécois de la langue française, à l’instar de bien d’autres commerçants dans la métropole, comme le rapporte La Presse.
«Si cette loi-là arrive réellement, nous n’aurons plus grand chose dans la boutique. Ça ne fait aucun sens […] Ce n’est pas parce qu’on ne veut pas. C’est difficilement applicable. Nous sommes tous dans la même réalité, nous ne pouvons pas faire autrement», ajoute Richard Sirois. Le fabricant de guitares canadien Godin, basé à Montréal, est l’exception qui confirme la règle, avec ses informations aussi disponibles en français.
Il croit que le Québec ne pèse pas assez lourd à l’international pour obliger des fournisseurs à traduire leurs emballages et documents. Selon lui, les clients se tourneront vers les achats en ligne sur les grandes plateformes comme Amazon, ou encore directement sur les sites web des fabricants.
L’anglais s’est imposé comme la langue universelle dans le monde de la musique. Richard Sirois déplore que même les documents pour s’inscrire comme un réparateur d’instruments certifié sont uniquement disponibles en anglais. Il adressé une demande afin d’obtenir les informations en français, mais il a rencontré un refus de la part de la compagnie Fender.
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