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Le recrutement de pharmaciens pose toujours un défi dans les hôpitaux du Bas-Saint-Laurent 

durée 20 octobre 2024 | 06h05
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Le manque de pharmaciens dans les hôpitaux du Québec, y compris ceux du Bas-Saint-Laurent, ne se résorbe pas assez rapidement, regrette l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES). L’organisation soutient d’ailleurs que le gouvernement n’a pas respecté ses engagements pris en 2022 afin d’atténuer la problématique.

    Huit mois après avoir sonné l’alarme avec la sortie d’une enquête sur les effectifs, l’APES ne cache pas son désarroi. Force est de constater que la situation n’a pas, ou très peu, évolué dans les établissements de santé au Québec. Les pharmaciens sont toujours trop peu nombreux à pratiquer auprès des patients hospitalisés. 

    «Le scénario est le même, malgré nos nombreuses démarches», regrette Julie Racicot, pharmacienne et présidente de l’APES, lors d’une rencontre au CHRGP. «On n’arrive pas encore à attirer davantage de pharmaciens.»

    Accompagnée de sa collègue Linda Vaillant, présidente l’APES, Mme Racicot était de passage dans la région, ce mercredi 9 octobre, afin de rencontrer les professionnels locaux. Une opportunité pour les deux représentantes de tâter le pouls sur le terrain et de discuter avec les professionnels et les instances administratives de leur réalité quotidienne.  

    Or, le message véhiculé cette année ne les surprend guère. Au Bas-Saint-Laurent, la situation est pratiquement identique à celle déplorée à même date l’an dernier. On estime que près de 25 % des postes de pharmaciens demeurent vacants dans les différents établissements de santé du territoire. 

    Non seulement de nombreux postes sont toujours disponibles, mais ceux-ci, même comblés, seraient insuffisants pour répondre aux besoins grandissants des patients. Bref, la situation est difficile, voire critique. 

    «Au Kamouraska, on ne compte qu’un seul pharmacien. Ce sont donc des pharmaciens d’ici [Rivière-du-Loup] qui se relaient pour assurer un service. C’est majeur, parce que s’il n’y a pas de pharmaciens, il n’y a pas d’hôpital…», a décrit Mme Racicot. 

    «Au Témiscouata, à Notre-Dame-du-Lac, ils sont deux actuellement sur place et ils ont aussi de l’aide de l’extérieur, de la main-d’œuvre indépendante, qui vient prêter main-forte.»

    AU CHRGP, la situation est la plus stable au KRTB, selon la professionnelle, mais elle n’est pas au beau fixe pour autant. Quelques postes demeurent vacants, d’autres seraient à créer et on constate une autre problématique : la vétusté des appareils utilisés. Dans le contexte actuel, c’est d’autant plus préoccupant. 

    «On mise maintenant beaucoup sur la robotisation pour la distribution des médicaments. Ça permet de gagner du temps, mais d’éviter des erreurs aussi. Ici, il y a un grand retard à rattraper» a-t-elle observé, rappelant l’importance d’investir à ce niveau au cours des prochaines années.

    IMPACT CERTAIN 

    Les sérieux défis de main-d’œuvre en pharmacie d’établissement de santé ne datent pas d’hier au Bas-Saint-Laurent, comme ailleurs au Québec. Cette problématique a des conséquences réelles sur les soins aux patients, explique l’APES. 

    Actuellement, les professionnels présents travaillent aux services pharmaceutiques. Ils ont la responsabilité du circuit du médicament, c’est-à-dire qu’ils supervisent la préparation, la distribution sécuritaire et l’administration aux patients, entre autres. «Le strict minimum», illustre Julie Racicot. 

    Or, un nombre accru de pharmaciens dans les hôpitaux permettrait d’offrir des services plus personnalisés à l’urgence, en oncologie, en dialyse et en soins intensifs. 

    «Quand un pharmacien est présent dans un secteur clinique, en oncologie par exemple, il rencontre les patients, il fait de l’enseignement et il fait un suivi des effets secondaires […] Il y a une prise en charge personnalisée qui est offerte», explique-t-elle. 

    «Avoir un pharmacien qui travaille avec les médecins et les infirmières, qui apporte un regard différent, c’est une plus-value très intéressante pour le patient.» 

    Il est aussi prouvé, selon elle, que le réseau gagnerait énormément en efficacité à avoir un pharmacien auprès de la population, notamment les patients hospitalisés. Ce serait un atout important.

    PROMESSES NON TENUES

    Selon Julie Racicot, dont l'association représente près de 2 000 pharmaciens dans la province, le gouvernement doit agir rapidement dans ce dossier. C’est d’autant plus urgent dans un contexte où la population est vieillissante et que les besoins sont grandissants. 
    Elle regrette d’ailleurs que le gouvernement n’ait pas respecté les engagements qu’il avait pris durant la campagne électorale 2022. 

    Selon l’APES, il est primordial de former davantage de pharmaciens aptes à travailler dans les hôpitaux, mais avant tout, la profession doit bénéficier de meilleures conditions de travail et d’une valorisation des salaires. Actuellement, le réseau public n’est pas attrayant, juge-t-elle.  
    Elle rappelle que les pharmaciens d’établissement de santé doivent ajouter une maitrise à leur parcours scolaire, ce qui retarde leur arrivée sur le marché du travail. Or, le salaire est environ 30 % inférieur. «C’est un problème.»

    L’APES demande d’ailleurs au gouvernement de reconnaître la pertinence du programme de maîtrise en pharmacothérapie avancée et de travailler de concert avec les facultés de pharmacie pour le rendre plus accessible aux étudiants (cours à distance, programme à temps partiel, etc.). 

    «On souhaite également la mise en place d’une campagne visant à promouvoir la profession de pharmacien d’établissement de santé.»

    À l’automne 2023, le taux d’inscription en pharmacie d’établissement se trouvait parmi les plus bas enregistrés depuis 10 ans, avec 57 pharmaciens inscrits. Pourtant, 114 bourses d’études de plusieurs milliers de dollars étaient disponibles à Québec et Montréal.
     

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