Les producteurs forestiers demandent plus de respect pour la forêt privée
Les producteurs forestiers du Québec jugent qu’ils sont confrontés à une «concurrence déloyale» de la forêt publique et de l’État. Ils demandent au ministère des Ressources naturelles et des Forêts de mieux les protéger et de leur accorder des compensations financières pour les pertes encourues ces dernières années.
Des membres de la Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ) et de l'Union des producteurs agricoles (UPA) étaient réunis à Saint-Modeste afin de dénoncer fermement le traitement réservé aux producteurs forestiers du Québec et du Bas-Saint-Laurent, le jeudi 7 novembre. Ils estiment que ces derniers sont victimes d’un «double préjudice» mettant à mal leur rentabilité et leur compétitivité.
D’une part, les producteurs forestiers déplorent que Québec s’évertue, «depuis des mois», à «vendre à rabais» le bois rond de la forêt publique aux scieurs, «sans considérer les impacts sur les producteurs privés».
«Le gouvernement québécois continue d’attribuer des volumes importants en forêt publique, d’exiger des redevances beaucoup trop basses et d’appuyer financièrement la récolte de ce bois. En conséquence, le marché est saturé, les prix s’effondrent, les usines encore en activité privilégient le bois public (à moindre coût) et nos producteurs perdent des livraisons et des revenus importants», a déclaré le président de la FPFQ, Gaétan Boudreault.
La problématique n’est pas jeune, a-t-il rappelé, mais elle a été exacerbée dans les dernières années. En 2022, les grands vents qui se sont abattus ont fait tomber un volume important d’arbres – du bois de chablis – en forêt publique. Les producteurs forestiers dénoncent d’ailleurs aussi les aides versées aux industriels scieurs pour récolter ce bois (et celui de la tordeuse d’épinette), alors qu’ils n’ont reçu aucune aide.
Selon eux, le gouvernement ne respecte pas le principe de résidualité qui, selon la Loi sur l’aménagement du territoire, confère un caractère résiduel au bois de la forêt publique par rapport aux autres sources d'approvisionnement.
«Avant d’obtenir des volumes de bois en forêt publique, les industriels doivent d'abord s'approvisionner en forêt privée», croient les intervenants.
BOIS D’ŒUVRE
Autre irritant : la surtaxe sur le bois d’œuvre. En aout, les États-Unis ont augmenté les droits de douane sur le bois d'œuvre résineux en provenance du Canada, qui est passé de 8,05 % à 14,54 %. Ceux-ci pourraient même monter à 30 % en 2025, craignent les intervenants.
Les producteurs forestiers regrettent que les gouvernements québécois et canadiens n’aient rien fait pour empêcher cette augmentation qui résulte en partie, croient-ils, de la gestion des forêts publiques canadiennes.
C’est aussi sans parler de la récente élection du président Donald Trump à la tête de l’administration américaine. Une nouvelle qui est source d’inconnus et d’imprévisibilité pour la FPFQ.
«Le bois d’œuvre produit avec leur bois rond devrait être exempté des taxes et tarifs lorsqu’il est expédié aux États-Unis, car ces frais nuisent injustement à leur rentabilité ainsi qu’à leur compétitivité», a soutenu le président général de l’UPA, Martin Caron.
COMPENSATIONS DEMANDÉES
Selon la FPFQ, le ministère doit prendre des actions immédiates et offrir des compensations à la hauteur des pertes encourues ces dernières années par les producteurs, notamment en lien avec la concurrence de la forêt publique. Ce serait la moindre des choses, croient-ils, «en raison de l’apport exceptionnel des producteurs forestiers à la vitalité de nos villages et de nos collectivités».
Ils demandent également à la ministre responsable du Bas-Saint-Laurent et ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette-Vézina, de se doter d’outils pour ajuster de façon plus dynamique les volumes récoltés en forêt publique.
Il est impératif, croit Gatéan Boudreault, de mieux protéger les marchés des producteurs forestiers et de favoriser la mobilisation à long terme de leur bois.
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