Plaidoyer pour des médecins plus attentifs aux milieux ruraux
Sans médecin depuis quatre ans, la Coop de solidarité Santé Saint-Hubert voit d’un bon œil la volonté du gouvernement Legault de restreindre la pratique de la médecine privée pour les médecins nouvellement diplômés. Elle estime même qu’un éventuel projet de loi devrait aller plus loin en assurant une répartition «plus uniforme» des médecins sur tout le territoire québécois, y compris dans les régions.
Josée Ouellet, directrice générale de la Coop, juge que la récente prise de position du ministre de la Santé, Christian Dubé, pourrait avoir un impact positif sur la capacité de l’organisme à but non lucratif à trouver du personnel spécialisé. Elle croit qu’il est temps de favoriser de meilleures pratiques dans le domaine de la santé et que la porte est maintenant ouverte pour une prise de parole.
«Il faut prendre position pour nos coopératives afin qu’elles soient entendues pour faire partie de la solution à une meilleure répartition des ressources médicales en milieu rural pour des soins de santé plus accessibles», a-t-elle indiqué lors d’un récent entretien.
La Coop de solidarité santé Saint-Hubert se colle ainsi à la position de la Fédération québécoise des coopératives de santé (FQCS) qui s’est déjà prononcée en faveur de l’instauration de mesures visant à freiner l’expansion du secteur privé en médecine. Il s’agit, estime la FQCS, d’une «position majeure» sur la scène publique.
«Au cours des dernières années, la fuite des médecins du régime public vers la pratique privée est une tendance qui s’est accentuée. Ce phénomène problématique compromet le droit et l’accès à la santé pour toutes et tous au Québec, en raison de la monétisation des services et actes de soins qui engendre de fortes disparités entre les individus», a déclaré la Fédération dans un communiqué de presse.
Une opinion partagée par Josée Ouellet. «La santé est actuellement plus accessible pour les plus riches, alors ce sont les gens de la classe moyenne et les personnes plus vulnérables qui écopent. Dans un système public, on ne devrait pas voir ça», a-t-elle soutenu.
Elle estime que le projet de loi est une première étape intéressante, mais qu’il doit aller plus loin. «Les médecins devraient devoir faire des heures de travail dans les milieux ruraux, donner du temps», a-t-elle indiqué, regrettant que des bris de services soient observés dans les petites communautés rurales, faute de leur capacité à être attractives aux yeux des professionnels.
«Les citoyens des milieux ruraux paient leur juste part, mais ils n’ont pas autant d’accessibilité», a-t-elle déploré. «Il faut amener les médecins à prendre conscience que ce n’est pas toujours aux patients d’aller vers eux, mais qu’ils ont aussi une responsabilité d’aller vers les patients.»
LA COOP COMME UNE SOLUTION
Josée Ouellet est catégorique : les coopératives de santé sont des joueuses essentielles du système de soins et de santé au Québec, permettant d’apporter des réponses à des besoins «non satisfaits» par le réseau public ou par les cliniques privées.
Les coops sont aussi administrées par des citoyens, a-t-elle rappelé. «Ce sont des citoyens qui, sur une base volontaire, vont adhérer à titre de membre pour maintenant les services de proximité en place […] Ça donne un accès qui est gratuit à un médecin de famille dans un environnement financé par les membres de façon volontaire.»
La Coop de solidarité santé compte actuellement 112 membres actifs, contrairement à 1250 membres en 2018, avant le départ du premier médecin.
Josée Ouellet est convaincue que les membres seront présents de retour au rendez-vous lorsque la Coop aura trouvé une ressource médicale pour l’avenir, les citoyens étant toujours prêts à soutenir l’initiative lorsqu’elle est à son plein potentiel.
Elle est aussi certaine que le modèle coopératif en santé est «une alternative efficace, pérenne et juste», et qu’il faut tout mettre en place pour le faire fleurir.
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