Salon de jeux à Rimouski : la santé publique du Bas-Saint-Laurent partage ses inquiétudes
Loto-Québec a dévoilé, le 20 novembre, son projet de salon de jeux de hasard et d'argent à Rimouski qui sera aménagé au centre de congrès de l’Hôtel Rimouski, propriété du Groupe Blouin. La Direction de la santé publique du Bas-Saint-Laurent n’a pas tardé à émettre des réserves, puisque cette nouvelle infrastructure se trouvera dans un secteur défavorisé.
L’ouverture du salon de jeux est prévue d’ici 18 mois. Loto-Québec anticipe de nombreuses retombées en raison des emplois qui seront créés, des dépenses touristiques qui seront engendrées et des partenariats d’affaires qui seront mis en place. Le salon de jeu s’adressera non seulement à la population du Bas-Saint-Laurent, mais aussi aux touristes et congressistes de passage.
Toutefois, le directeur de la santé publique du Bas-Saint-Laurent, Dr Sylvain Leduc, se dit préoccupé par le nombre d’appareils de jeu qui se trouveront dans une zone où l’on retrouve plusieurs facteurs de défavorisation associés avec la précarité. L’Institut national de la santé publique du Québec en cible six en lien avec le jeu : le revenu du ménage, le pourcentage de gens qui sont au chômage, le pourcentage de personnes vivant seules, les détenteurs d’un diplôme d’études secondaires ou moins, les gens qui ont entre 20 et 44 ans et les hommes plus que les femmes.
FACTEURS DE RISQUE
Selon la Direction de la santé publique du Bas-Saint-Laurent, «plus de deux ménages sur trois (69 %) disposent d’un revenu brut inférieur à 60 000 $ et le taux de chômage est estimé à 15 %, ce qui est largement supérieur à celui observé dans le reste de la ville (8 %)». Les personnes seules représentent plus de la moitié de la population, et la tranche des 20 à 44 ans est représentée à 33 %.
Dr Sylvain Leduc estime que l’arrivée d’un salon de jeux à Rimouski pourrait sans doute favoriser le développement de problèmes de dépendance. «C’est pour ça qu’on émet des préoccupations. Les problèmes de dépendance existent. Ça ne touche pas tout le monde […] Plus on expose de gens en grand nombre, plus on peut en principe avoir aussi un grand pourcentage de gens dépendants», précise Dr Leduc.
Le nouvel établissement sera situé tout près d’un projet de construction d’un complexe 500 logements abordables de la Société Angus. La première phase de la construction est prévue sur un terrain à l’intersection de la rue Saint-Germain et du boulevard René-Lepage. La proximité physique de Moisson Rimouski-Neigette et Accueil et Intégration Bas-Saint-Laurent, risque d’augmenter l’affluence de personnes vulnérables près du salon de jeux.
«Ça pourrait apporter à proximité de l’endroit des clientèles qui présentent des facteurs de risque de défavorisation. S’ils étaient dépendants au jeu, ça pourrait avoir des impacts dévastateurs», ajoute Dr Sylvain Leduc. Dans le secteur où serait implanté le salon de jeux, les appareils de loterie vidéo représentent un ratio de 11,9 appareils par 1000 habitants. À titre comparatif, la moyenne québécoise est de 1,2 appareil de loterie vidéo par 1000 habitants.
La Direction de la santé publique du Bas-Saint-Laurent souhaite amener Loto-Québec à analyser ses heures d’ouverture et à réduire l’offre de jeux dans Rimouski. Elle s’engage également à suivre les effets sur les demandes de services en matière de dépendance dans la région.
Le rapport déposé par la santé publique vise à rappeler que le futur salon de jeux à Rimouski ne s’adressera pas seulement à la clientèle touristique, mais aussi à la population locale. La pratique de jeux de hasard et d’argent est un facteur de risque à la santé des populations qui est indiqué dans le programme national de santé publique du Québec.
De son côté, Loto-Québec estime que le salon de jeux contribuera à dynamiser la région et à accroître son pouvoir d'attraction. «Les retombées seront nombreuses, que ce soit par l'intermédiaire des emplois qui seront créés, des dépenses touristiques qui seront engendrées ou des partenariats d'affaires qui seront développés», a indiqué le président et chef de la direction de Loto-Québec, Jean-François Bergeron, par l’intermédiaire d’un communiqué de presse.
La société d’État Loto-Québec affirme qu’elle continuera de collaborer avec la santé publique. Elle compte mettre en place des mesures et des indicateurs de suivi pour évaluer les effets de l'implantation du salon sur la population.
En juillet dernier, la Ville de Rimouski a officiellement autorisé l’usage complémentaire de «salon de jeux» dans la zone concernée par le projet. Deux salons de jeux de Loto-Québec sont déjà implantés à Québec et à Trois-Rivières.
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