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Des logements plus rares et plus chers à Rivière-du-Loup

durée 11 janvier 2025 | 06h54
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    La pénurie de logements ne semble pas vouloir s’essouffler dans le secteur de Rivière-du-Loup. Au contraire, les logements disponibles ont été encore moins nombreux en 2024 que durant l’année précédente, selon le plus récent Rapport sur le marché locatif automne 2024 de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

    Les locataires pour qui la chasse au loyer n’a pas été de tout repos au cours des derniers mois n’avaient pas tort : la situation est toujours très difficile sur le territoire louperivois avec un taux de logements inoccupés de seulement 0,2 % en octobre 2024. Une statistique qui place la ville dans le bas du peloton au Québec, bien en deçà du taux d’équilibre entre l’offre et la demande, évalué à environ 3 %. Sous ce seuil, on considère généralement qu’il y a pénurie de logements. 

    «Sur le terrain, ça fait 5-6 ans que nous sommes en mode crise et ça n’arrête pas. La crise s’est installée pour perdurer», a imagé Thomas Savy, intervenant au Comité logement Bas-Saint-Laurent. 

    «C’est très difficile, a-t-il plus tard ajouté. C’est un marché qui n’est absolument pas en santé, qui ne fonctionne pas, qui ne répond pas aux besoins des locataires…»

    Au Québec, ce n’est toutefois pas en sol louperivois où la situation est la plus critique. À titre comparatif, le taux d’inoccupation est de 0,0 % à Mont-Tremblant, Pont-Rouge et Saint-Raymond, par exemple, en plus d’être de 0,1 % à Saint-Georges et Montmagny. 

    Reste que la tendance n’est pas positive à Rivière-du-Loup. Après un taux d’inoccupation de 0,5 % en 2022, celui-ci était remonté à 0,7 % en octobre 2023 pour finalement redescendre l’année suivante. Il s’agit même, selon la SCHL, d’une baisse «significative» sur le plan statistique. 

    Les logements les plus rares en 2023 étaient ceux comprenant plus de trois chambres (0,0%), suivi de ceux de deux chambres (0,3 %). Les loyers d’une seule chambre, qui ne répondent pas aux besoins des familles, étaient les plus disponibles (2,6 %). Notons que les données précises pour 2024 n’ont pas été fournies. 

    «La disponibilité de studios ou de logements avec une seule chambre donnent l’impression générale qu’il reste certains logements disponibles sur le marché, mais ce n’est pas louable pour les familles et d’autres clientèles dans le besoin», a souligné Thomas Savy. 

    «Quand on regarde aussi le taux d’inoccupation pour les logements à moins de 1000 $, par exemple, c’est encore plus difficile. Pour les personnes à faible revenus, [la crise] s’intensifie.»

    DES LOGEMENTS PLUS COUTEUX 

    Sans surprise, les taux d’inoccupation très bas ont un impact sur le prix des loyers. Le cout moyen des appartements d’initiative privée a d’ailleurs crû beaucoup plus rapidement que l’inflation dans la région louperivoise, atteignant 832 $ en 2024. Il s’agit d’un bond de 12,7 % comparativement à 2023 (737 $). 

    La plus grosse différence a été observée auprès des appartements de trois chambres et plus. Le cout moyen de ces logements est passé de 843 $ à 1 126 $ en un an. Des augmentations sont aussi remarquées auprès des appartements d’une seule chambres (578 $ à 648 $ en moyenne) et ceux de deux chambres (763 $ à 820 $ en moyenne). 

    À Rimouski et Matane, on observe des prix moyens de 750 $ et 655 $, en hausse de 4,8 % et 9,2 % par rapport à l’année précédente, respectivement. 

    Les données de la SCHL révèlent que le loyer moyen aurait augmenté de 9,4 % au Québec au cours de la dernière année. Une réalité inquiétante pour le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) qui se dit particulièrement préoccupée par «la diminution croissante du parc de logements à plus bas loyer».

    L’organisme, dont fait partie le Comité logement Bas-Saint-Laurent, réclame que le gouvernement Legault prenne note de cette «situation alarmante» et agisse rapidement en conséquence, en se dotant d’objectifs de développement de logements sociaux échappant à la logique du marché privé de l’habitation.

    Selon le FRAPRU, le loyer moyen au Québec est passé de 760 $ par mois au moment de l’arrivée au pouvoir de la Coalition Avenir Québec en octobre 2018 à 1 119 $, six ans plus tard.  

    «Pendant ce temps, le gouvernement caquiste a refusé obstinément de contrôler plus efficacement les loyers et a aboli AccèsLogis, le seul programme québécois spécifiquement consacré au logement social», s’est insurgé Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU.

    L’organisme demande au gouvernement de modifier le tir «en finançant adéquatement un véritable programme destiné à la réalisation de logements sociaux accessibles aux ménages à faible et modeste revenus» et il réclame plus «le financement annuel d’au moins 10 000 logements sociaux». 

    En s’adressant aux élus fédéraux, il exige la mise en place immédiate d’un registre public et universel des loyers et un contrôle obligatoire des loyers.
     

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