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Incursion au cœur du chantier du pont Rouge à Saint-Clément

durée 24 janvier 2025 | 14h42
  • Lydia Barnabé-Roy
    Par Lydia Barnabé-Roy

    Journaliste de l'Initiative de journalisme local

    Un chantier bien particulier retient l’attention des passants sur la rue du Pont depuis quelques mois à Saint-Clément. Le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) a débuté les travaux du nouveau pont Rouge au-dessus de la rivière Sénescoupé. Il remplacera l’ancienne infrastructure, toujours ouverte à la circulation, construite en 1939.

    C’est un projet majeur pour la petite communauté des Basques. Le site, dont la topographie est exceptionnelle, accueille un chantier évalué à 24,4 millions de dollars. «La particularité de ce chantier-là c’est que les activités se font du haut de la montagne, de chaque côté de la rivière, donc il n’y a pas d’intervention au niveau du cours d’eau pour cette phase», explique Jean-Philippe Langlais, porte-parole au MTMD. Des travaux effectués à partir de flancs de falaise, puisqu’aucun point d’accès n’est atteignable par le bas, sont rares et singuliers, souligne-t-il.

    Les 23 et 24 janvier, les demi-arches composant les assises du pont ont été descendues. Les deux structures seront ensuite fixées ensemble le 25 janvier. Les travaux se poursuivront jusqu’à la mi-février avec la mise en place de montants et l’assemblage du tablier d’acier.

    Un procédé unique de descente avec des câbles et des vérins hydrauliques, équipement transporté par bateaux dans les derniers mois, a été utilisé pour faire passer les arches à l’horizontale, une première au Canada. Une firme suisse a été engagée afin de réaliser l’opération. «C’est un concept qu’on a vu sur un pont d’Espagne, et on l’a reproduit ici au Québec à plus petite échelle et selon nos conditions climatiques», confie l’ingénieur chargé du projet au MTMD, Maxim Rousseau.

    Lorsque le système est activé, la structure descend de 8 à 10 mètres à l’heure. Ainsi, chaque vérin fait une course de 600 millimètres par heure, selon M. Rousseau. «C’est un processus assez long», avoue-t-il. Sous chacune des arches, des cibles ont été installées pour effectuer des points d’arrêts. À mesure de la descente, les arpenteurs vérifient l’alignement et ajustent la course au besoin.

    «Ça nécessite une précision chirurgicale pour s’assurer que les aménagements de chaque côté de la rivière puissent se joindre au bon endroit», ajoute M. Langlais. Certaines manœuvres, dont celle effectuée cette semaine, doivent être réalisées lorsque les vents sont inexistants, ou presque. 

    Une fenêtre de trois jours de conditions météorologiques favorables était nécessaire pour cette opération. Les experts doivent aussi tenir compte de la température lors des travaux, puisque le froid comprime les structures.

    Mentionnons que des grues de 770 et 250 tonnes ont été mobilisées dans les dernières semaines afin de manipuler les demi-arches.

    «C’est un projet somme toute unique sur lequel le ministère travaille actuellement à Saint-Clément», soutient Jean-Philippe Langlais. La dernière construction d’un pont en arc à tablier supérieur au Québec est celui d’Arvida au Saguenay et remonte à 1950, fait remarquer Maxim Rousseau. «Le site se prêtait bien à une arche, car ça prend des parois rocheuses. Toutes les charges de la structure vont dans le roc. C’était le concept idéal pour le site», assure l’ingénieur.

    UN PONT COLORÉ

    Le ministère a souhaité faire un clin d’œil au patrimoine local en peignant les arches du pont d’un rouge vif. À l’époque, en 1904, un pont en bois peint en rouge permettait de traverser la rivière Sénescoupé. Il a été démoli en 1939 pour laisser place au pont actuel. «L’appellation pont Rouge est restée pendant tout ce temps-là dans le [langage populaire] du secteur», soutient le porte-parole du MTMD. Avec un belvédère aménagé tout près (qui sera relocalisé) et sentier pédestre qui passe tout près du pont pour longer la rivière, ce dernier pourra être un attrait pour la région, croit-il. 

    L’infrastructure est importante pour la petite localité, puisqu’elle permet de la raccorder aux autres municipalités. Sans le pont, un détour de 36 kilomètres doit être effectué par les automobilistes. Actuellement, les camionneurs doivent emprunter ce chemin, car le vieux pont Rouge fait l’objet d’une limitation de poids.

    Le nouveau pont, qui surplombe un ravin d’une trentaine de mètres, a été élargi afin de répondre aux nouvelles normes et pour permettre le passage de VTT sur les côtés. Cette modification créait un problème de sécurité routière, explique Maxim Rousseau. Un nouveau tracé de 1,2 kilomètre a donc été pensé pour cette portion de la rue du Pont.

    Les travaux ont commencé en avril 2024 et devraient se conclure dans les prochains mois pour une mise en service du pont à la fin 2025. Le vieux pont Rouge sera démantelé en juillet 2026, après avoir construit un accès sur le long et en bas de la rivière. Les travaux dureront environ six semaines.

    «L’ancienne route, celle qui est présentement en service, va être naturalisée par la suite et le terrain va être cédé à la Municipalité», rajoute M. Langlais.

    Le chantier du pont Rouge sera en veilleuse pendant les mois de mars et avril, et reprendra au dégel du printemps. À ce moment, le MTMD coulera la dalle de béton, effectuera le pavage de la route et du pont, puis finalisera le reste des aménagements.

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