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Saint-Paul-de-la-Croix : une conseillère municipale dénonce des «irrégularités»

durée 29 janvier 2025 | 06h54
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    La Municipalité de Saint-Paul-de-la-Croix est de nouveau écorchée par une controverse. Moins d’un an après les démissions en bloc du maire et de plusieurs conseillers, voilà qu’une autre élue d’expérience quitte le navire. Johanne Charron a récemment remis sa démission, dénonçant du même coup un «climat toxique» et des «irrégularités et vices de procédure» observés depuis la plus récente élection partielle. 

    Impliquée dans le milieu municipal de Saint-Paul-de-la-Croix depuis plusieurs années, Mme Charron a ainsi décidé de tourner la page sur ce pan de sa vie, «fatiguée». Elle soutient que le climat de travail au sein de la Municipalité a été très difficile ces derniers mois, voire «pire» que celui qui a été dénoncé avant que la Commission municipale du Québec (CMQ) soit contrainte de s’impliquer en avril dernier

    Dans une lettre adressée aux autres élus de Saint-Paul-de-la-Croix, dont le nouveau maire Daniel Vocelle, Johanne Charron rappelle que «chaque membre [du conseil municipal] possède un rôle précis à jouer et à respecter et des responsabilités à assumer». Or, «les rôles n’ont pas été respectés et les contrats ont été brisés», juge-t-elle, évoquant notamment «un manque de communication, de transparence et de consultation entre les élues». 

    Mme Charron soutient d’ailleurs avoir constaté des «irrégularités et des vices de procédure» à plusieurs niveaux, ces derniers mois. «Une pression excessive et intimidation dans le climat de travail au garage municipal», des «dépenses encourues approuvées en catimini ou tout simplement non approuvées», «des conflits d’intérêts», «des décisions douteuses» et «des mises à pied non conformes» feraient aussi partie d’un portrait sombre qui la pousse aujourd’hui à quitter le conseil municipal. 

    «Je ne peux pas continuer mon rôle d’élue avec toutes ces irrégularités», résume-t-elle dans sa lettre, précisant tout de même avoir été «fière de contribuer au rayonnement et à l’attractivité de [sa] municipalité».

    Johanne Charron, qui a été mairesse suppléante pendant la récente administration provisoire de la Commission municipale du Québec (CMQ), entre avril et aout 2024, ne cache pas avoir fait des divulgations à la CMQ à propos de ce qu’elle a observé depuis le mois de septembre. Elle a aussi consulté le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, a-t-elle dit.  

    La conseillère de longue date a fait le choix de ne pas nommer de noms publiquement, mais plutôt de laisser les instances gouvernementales faire leur travail pour la suite des choses. 

    LE MAIRE SURPRIS

    Appelé à commenter, le maire Daniel Vocelle a indiqué avoir accueilli la démission et les allégations faites par Mme Charron comme un «coup de pelle» au visage. Il considère que les commentaires de l’ex-conseillère municipale sont «exagérés».  

    «Je trouve qu’elle y va fort», a-t-il d’abord déclaré. «Il y a des choses qui l’agacent, il y a du mécontentement, mais ça demeure sa perception. Je crois qu’elle a mis ça pas mal gros. Un moment donné, il faut dire les vraies choses», a-t-il ajouté. 

    Élu par acclamation à la mi-aout, M. Vocelle est en poste depuis cinq mois. S’il a balayé du revers de la main les accusations d’intimidation et de climat toxique, il a tout de même reconnu un «manque d’encadrement» et a convenu que «des conseillers ne connaissaient pas bien leurs rôles et leurs responsabilités», tel qu’évoqué par Mme Charron. 

    C’est d’ailleurs pourquoi, a-t-il précisé, que le MAMH est venu à la rencontre des élus en septembre afin de leur offrir de la formation.

    «Il y a une personne, un conseiller, qui n’avait pas bien compris son rôle […] Tu n’as pas le droit d’aller parler aux employés municipaux et de leur dire quoi faire. C’est la directrice générale qui donne les commandes», a-t-il indiqué, sans nommer l’homme en question. «Il a changé sa façon de travailler, il a compris», a-t-il juré par la suite. 

    M. Vocelle, qui n’est pas inquiet d’une nouvelle intervention de la CMQ, a mentionné qu’il travaillait actuellement à remettre de l’ordre dans la maison avec l’aide d’une nouvelle directrice générale «experte dans le redressement de municipalités en difficulté». Un nouveau directeur des travaux publics s’est aussi joint à l’équipe, a-t-il annoncé.  

    «J’ai pris quelque chose qui était magané. Plusieurs nouveaux élus sont entrés en poste et il est arrivé beaucoup de choses [dans le passé]», a-t-il dit. «Je veux que ça aille bien. J’ai des projets. Il faut seulement se laisser du temps.»

    ADMINISTRATION PROVISOIRE 

    Le 19 avril dernier, le maire précédent, Jérôme Dancause, avait quitté ses fonctions en raison du comportement d'un conseiller municipal qui semait, selon lui, un «climat de doute» entre les employés, la population et le conseil municipal. Dans les jours suivants, plusieurs de ses collègues élus l’avaient imité.

    Le conseiller municipal visé, Jean-Yves Castonguay, seul élu de l’ancien conseil municipal à être toujours en poste aujourd’hui, s’était défendu, dans une entrevue avec Info Dimanche, de n’avoir «rien fait de mal», même si on lui reprochait d’être allé à maintes reprises au garage municipal et d’avoir négocié des ententes de travail.

    La Commission municipale du Québec (CMQ) avait ensuite été contrainte de prendre le relais et d’administrer provisoirement la Municipalité, puisque le quorum de quatre élus, exigé par le Code municipal du Québec, n’était plus respecté. Cette situation a perduré jusqu’à l’élection partielle du mois d’aout. 

    Rappelons que la Municipalité de Saint-Paul-de-la-Croix avait déjà été administrée provisoirement par la CMQ entre juillet 2019 et mars 2020. 

     

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