Projet Madawaska : de nombreuses questions sur les effets cumulatifs des parcs éoliens
La première partie de l’audience publique du BAPE concernant le projet éolien de la Madawaska à Dégelis et à Saint-Jean-de-la-Lande, qui se déroulait le 25 février, a permis à quelques acteurs du milieu environnemental de questionner le promoteur, EDF Renouvelables, sur ses mesures environnementales d’atténuation et sur les effets cumulatifs de l’aménagement de projets éoliens dans la région.
Ces audiences se poursuivent le 26 février en après-midi et en soirée. Selon l’un des intervenants, Patrick Morin du Conseil régional de l’environnement du Bas-Saint-Laurent (CREBSL), il est nécessaire de fournir plus d’information sur l’évaluation des effets cumulatifs de ce parc éolien supplémentaire sur le territoire.
Plusieurs autres projets éoliens ont été aménagés ou le seront prochainement au Témiscouata dont les parcs éoliens Pohénégamook-Picard-Saint-Antonin I (56 éoliennes) et II (47 éoliennes) et Témiscouata I et II (33 éoliennes) à Saint-Honoré et Saint-Elzéar-de-Témiscouata. De plus, Hydro-Québec et l’Alliance de l’énergie de l’Est se sont entendus en octobre 2024 pour développer une puissance éolienne de 1 000 MW supplémentaires dans les MRC de Kamouraska et de Témiscouata, qui comprend le TNO de Picard et Saint-Athanase, près de Pohénégamook.
PROJET MADAWASKA
Le projet Madawaska, présentement soumis au processus du BAPE, ajoutera 45 éoliennes dans le paysage de Dégelis et Saint-Jean-de-la-Lande, pour une capacité maximale de production d’électricité de 270 MW. La mise en service de ce parc éolien est prévue pour décembre 2026. Il nécessitera un investissement total d’environ 800 M$.
Patrick Morin du CREBSL veut savoir si les mesures mises en place permettent d’éviter la destruction de milieux humides, plutôt que de recourir systématiquement à la compensation financière. Il a aussi demandé quelles actions ont été entreprises pour prévenir le déboisement et la fragmentation des milieux naturels.
De son côté, la présidente de l’organisme Vents d’élus, Rachel Fahlman, a déploré le manque de vision d’ensemble dans le déploiement de la filière éolienne au Québec. Ce regroupement compte une quarantaine d’élus de 16 MRC au Québec. Ils se demandent pourquoi les citoyens et les élus doivent répéter des demandes d’audiences spécifiques du BAPE à chacun des projets développés dans la province.
MESURES D’ATTÉNUATION
Depuis l’étude d’impact qui a été déposée au ministère de l’Environnement, les promoteurs EDF Renouvelables ont optimisé les chemins et les aires de construction afin de minimiser les effets du déboisement sur l’environnement. Environ 0,3 hectare (ha) du projet sera situé en milieux humides, comparativement à 6,6 ha avant cet exercice, et 1,5 ha se trouvera en milieux hydriques, soit la moitié moins que lors du dépôt de l’étude d’impact. Environ 2 % de la zone d’étude sera déboisée ou modifiée.
Nathalie Leblanc, directrice Environnement et société chez PESCA Environnement, souligne que plusieurs mesures d’atténuation ont été entreprises, dont la réduction des superficies déboisées, le retrait de certains tronçons de chemins, et la documentation des sites d’intérêt pour la biodiversité. «Plus on met des mesures d’atténuation qui réduisent les impacts du projet lui-même, moins le projet contribue aux impacts cumulatifs à l’échelle locale ou régionale», précise Mme Leblanc. Les responsables du projet Madawaska n’ont pas évalué ses impacts cumulatifs de leur initiative en lien avec les parcs éoliens déjà construits ou à construire dans la région.
Questionné par le commissaire Antoine Morissette et le président du BAPE Jacques Bénard, le porte-parole d’EDF Renouvelables, Casey Kennedy, a expliqué que si un autre projet éolien s’installait dans le même secteur au cours des 30 années d’exploitation du parc éolien Madawaska, les impacts cumulatifs devraient être évalués par les responsables ce projet éventuel, et non par les responsables de celui qui est déjà en place.
Les érablières en exploitation ont été évitées et l’accès au site sera maintenu pour les usagers et les résidents. Casey Kennedy ajoute que la majorité des travaux de construction seront suspendus pendant la période de la chasse à la carabine.
RETOMBÉES ÉCONOMIQUES
Le promoteur EDF Renouvelables anticipe avoir tous les permis et les autorisations en main vers la fin 2025. L’exploitation du parc éolien de la Madawaska est prévue pour une durée de 30 ans, de 2026 à 2057. Il s’agit d’un partenariat égalitaire (33,3 %) entre EDF Renouvelables Canada, la Société de gestion éolienne de la Madawaska (filiale d’Hydro-Québec) et l’Alliance de l’énergie de l’Est.
Environ 300 emplois seront créés lors de la construction, et jusqu’à 10 emplois permanents seront conservés pour la phase d’exploitation. Les retombées directes sont évaluées à 230,5 M$ pendant 30 ans. L’Alliance de l’énergie de l’Est versera 180 M$ sur 30 ans à ses membres. De plus, des paiements fermes de 45 M$ seront versés aux communautés d’accueil pendant 30 ans, soit 22,5 M$ à Dégelis et 2,8 M$ à Saint-Jean-de-la-Lande. Un montant de 4,5 M$ sur 30 ans sera accordé aux propriétaires privés comptant des éoliennes sur leurs terres.
Rappelons que les cibles du gouvernement du Québec prévoient une diminution de 37,5 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 1990 d’ici 2030. Le projet Madawaska a été retenu dans le cadre d’un appel d’offres d’Hydro-Québec lancé en 2021 pour l’acquisition de 480 MW d’énergie renouvelable.
Les personnes intéressées à jusqu’au 11 mars à 12 h pour présenter un mémoire ou poser des questions au BAPE. Celles désirant transmettre un mémoire, un commentaire ou une image commentée doivent le faire au plus tard le 20 mars à 12 h.
Il est possible d’en savoir plus en consultant ce lien : https://www.bape.gouv.qc.ca/fr/dossiers/eole_madawaska/
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