Mario Plourde raconte son histoire
Mario Plourde est de retour parmi les siens, chez lui à Saint-Hubert. Le camionneur de 45 ans qui a vécu 49 jours d’enfer dans une prison américaine de Frederick au Maryland a enfin regagné le domicile familial. « J'étais couché dans mon camion, dans la cour d'un restaurant, dans la nuit du 19 décembre, lorsqu'une dizaine de voitures de police sont arrivées ». Ainsi commençait le premier chapitre d’un périple digne d’un film.
Le camionneur rencontré à son domicile de Saint-Hubert est calme et posé. Pourtant, tout n’est pas fini. Si les barreaux de la prison semblent à des années-lumière de l’amour qui règne au domicile Dumont-Plourde, l’écho s’en fait encore ressentir. Aucune accusation n’a donc été portée contre lui par l’État du Maryland, mais l’enquête se poursuit et Mario Plourde devra à nouveau faire face aux tribunaux américains à la fin avril.
Voilà l’épée de Damoclès suspendue au dessus de sa tête. Il ne s’en cache pas, il ne fait aucun plan à long terme. « Je vis ma vie au jour le jour. C’est certain que mes priorités ont changé, je ne fais plus de projet à long terme. Je n’ai aucune idée de ce que je ferai dans un an », résume-t-il.
Les mains posées sur la table, les yeux brillants, il raconte sa mésaventure. « Ça réveille mal à 3 h 30 du matin. Ils m’ont embarqué sans poser de question, je ne pouvais rien faire. Depuis le 11 septembre, je sais que les mesures de sécurité sont importantes aux États-Unis, mais je me disais que là… Finalement, je me suis retrouvé dans une salle d’interrogatoire où j’ai finalement compris qu’il était question de drogue », raconte le camionneur de Saint-Hubert.
PRISON
Mario Plourde s’est donc retrouvé dans une cellule de la prison de Frederick au Maryland. C’est un nouveau choc pour le camionneur. « Je me suis retrouvé parmi une vingtaine de gars qui ne me voulaient pas nécessairement du bien. Tout ce qu’ils veulent c’est ambitionner sur toi. Il y en a quelques-uns qui m’ont « picossé », alors je les ai remis à leur place et ça s’est tassé », raconte-t-il.
Pour ses compagnons de cellule, se retrouver en prison semble être normal. Seulement, il n’en est rien pour Mario Plourde. « Je me demandais ce que je faisais là. Je n’avais aucune affinité avec ces gens-là qui se vantaient de vendre de la drogue. Alors, je me suis tenu à l’écart et j’ai lu des gros livres en anglais. Nous étions deux par cellule, je ne pouvais jamais être seul », ajoute-t-il.
Malgré tout, c’est en compagnie de ses compagnons de fortune, à des milliers de kilomètres des siens qu’il « célèbrera » Noël et le jour de l’An. « À Noël, les gardiens nous ont donné dans un sac : un crayon, un stylo et un petit calendrier. Au jour de l’An, il y a eu une panne d’électricité alors nous avons été conduits à nos cellules, les portes barrées nous n’avons même pas eu un lunch. Le contraste avec nos gros partys de famille était un véritable choc », raconte Mario Plourde.
VISITE
Le mardi 20 janvier, pour la première fois en 35 jours, Mario Plourde est autorisé à voir sa femme, ses deux enfants et son frère. Si la rencontre est porteuse d’espoir, c’est derrière une vitre et à l’aide d’un téléphone que le camionneur communiquera avec les siens. « Tout est enregistré et peut être utilisé contre toi, alors tu peux seulement dire que tu les aimes. Tu es content, mais en même temps, ça fait tellement mal. Puis de retour à la cellule, oh, j’étais démoli. Je pensais devenir fou », raconte le camionneur.
SITUATION
Lundi, Mario Plourde débutera un nouveau travail à titre de mécanicien pour une entreprise de la région. « Le propriétaire a dit à Maryse que dès mon retour, il aurait un poste pour moi. Il a tenu parole », souligne M. Plourde. Son poids lourd a été repris par un syndic de faillite. « De toute façon, c’était hors de question de reprendre le camionnage, surtout que Maryse refuse de me voir reprendre la route tout seul », lance-t-il en riant.
Concernant ses problèmes financiers, M. Dumont précise que le ralentissement observé dans l’industrie du camionnage à l’automne dernier est en partie responsable, mais ses deux mois d’inactivité forcés lui auront été fatals.
REMERCIEMENTS
Depuis son retour, si passer du temps avec sa femme et ses enfants est au centre de ses priorités, il se garde du temps pour remercier les gens qui l’ont appuyé, qui ont offert de l’argent en don et en prêt. « Amasser 340 000 $ en prêt, ce n’est pas rien. Et puis les milliers de dollars en dons, je n’en reviens toujours pas. Alors, c’est important pour moi de remercier les gens du soutien, du support et de la solidarité qu’ils ont manifestés à mon endroit. Jamais je n’aurais cru ça possible », souligne M. Plourde.
Les apparitions publiques, vivement déconseillées par son avocat, Me Craig M. Kadish, sont en quelque sorte l’engagement du camionneur pour ceux qui l’ont aidé. « Est-ce qu’il y a réellement un danger pour ma sécurité? Mon avocat me dit que oui. Mais je ne pouvais pas rester caché, je me devais de remercier les gens, leur dire merci. Je dois aussi travailler », explique Mario Plourde.
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