Résultats d'une recherche sur le racisme dans la région de Rivière-du-Loup
Le 21 mars a eu lieu la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. En tant qu’étudiants en 3e année du baccalauréat en Développement social et analyse des problèmes sociaux de l’UQAR, Marie-Ève Bergeron et Léon-Pierre Dufour ont divulgué les résultats d'une recherche menée l'été dernier dans la région de Rivière-du-Loup.
Ils se sont consacrés à cette recherche à la demande du Centre local de développement (CLD) de Rivière-du-Loup, qui a constaté que des immigrants en sol louperivois quittaient rapidement la région.
Devant la pénurie de main-d’œuvre qualifiée qui affecte la région, et ce, même en cette période d’incertitude économique, le CLD se questionnait sur les raisons qui motivaient le départ hâtif de ces nouveaux immigrants.
Voici les résultats de la recherche :
Une recherche exploratoire
Pour ce faire, huit personnes immigrantes et huit personnes dites québécoises ont été rencontrées pour une entrevue. Par contre, il ne faut pas s’y méprendre : puisqu’il s’agit d’une recherche exploratoire, les résultats exposés dans cet article ne peuvent être généralisés à toute la population de la MRC de Rivière-du-Loup, mais ils peuvent néanmoins faire ressortir de grandes tendances.
Le racisme : un enjeu complexe
L’analyse des entrevues a donné lieu à des résultats intéressants. D’abord, soulignons que le racisme peut se présenter un peu partout, peu importe le rapport de personnes dites québécoises face aux personnes immigrantes sur un territoire donné. Le racisme constitue un problème complexe à résoudre parce que les gens ont presque tous des visions différentes du racisme et de ses formes connexes : xénophobie, discrimination, néo-racisme, etc. De plus, le racisme est multifactoriel et les situations de racisme varient selon nos perceptions. L’image même que le mot dégage peut être largement différente d’une personne à l’autre.
Au total, peu de personnes immigrantes ont affirmé avoir vécu du racisme ou être affectées par cela. Certaines considéraient avoir vécu des formes connexes au racisme, sans que cela ne les marque fortement. Les quelques manifestations de racisme se sont déroulées dans des lieux de loisirs (bars, restaurants, etc.).
Les deux étudiants ont remarqué l’importance accordée au « localisme » dans la MRC de Rivière-du-Loup. Il semble que certains Louperivois considèrent toute personne qui n’est pas née à Rivière-du-Loup comme étant étrangère, qu’elle soit immigrante ou non. Même si aucune question n’a été posée sur le localisme, cet élément est venu directement des répondants.
Par ailleurs, il a été constaté lors des interviews que, plus une personne immigrante s’implique socialement, plus ses opportunités d’être appréciée par les personnes québécoises sont élevées. Par contre, lorsqu’une personne immigrante arrive au Québec, elle pense d’abord à se trouver un emploi et un logement et non pas à s’impliquer.
Vers une responsabilisation du citoyen
Au-delà du racisme, il y a la responsabilisation du citoyen qui entre en jeu. Par exemple, les personnes immigrantes rencontrées aimeraient que les Québécois et Québécoises soient plus accueillants, tandis que quelques personnes québécoises considèrent que ce n’est pas leur responsabilité de les aider à s’intégrer. Pourtant, cette responsabilité doit non seulement être présente lors de l’accueil des nouveaux arrivants, mais également se prolonger bien au-delà. Du même coup, les personnes immigrantes ont leur part de responsabilités : c’est donnant-donnant, il faut s’aider mutuellement.
L’emploi en région
Les personnes immigrantes qui s’installent au Bas-Saint-Laurent ont en moyenne 17 années de scolarité, mais leur diplôme n’est pas toujours reconnu au Québec. C’est un paradoxe puisqu’en régions, il y a un besoin de hauts diplômés que le Bas-Saint-Laurent ne peut fournir à lui seul. Par le fait même, un des principaux facteurs favorisant la rétention des personnes immigrantes est l’acquisition d’un emploi à la hauteur de leurs compétences. Ceci démontre l’importance d’accroître la sensibilisation auprès des employeurs et des ordres professionnels.
Conclusion
« Les résultats de la recherche ont été présentés au CLD de la MRC de Rivière-du-Loup en février. Il reste encore beaucoup de travail à accomplir pour améliorer l’intégration des personnes immigrantes. Au final, la relation dominant-minoritaire existera malheureusement toujours, c’est pourquoi le plus grand pouvoir que nous avons est de travailler positivement cette relation », ont conclu les deux étudiants-chercheurs de l'UQAR
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