Des nouvelles du front
SAINT-DENIS — « Ah! C’est mon soldat qui m’écrit », s’exclame, Mme Thérèse Garon en retrouvant parmi son courrier une lettre d’Alexandre, un jeune militaire en poste en Afghanistan. Depuis décembre, la dame de 84 ans est sa marraine de guerre.
Résidante de Saint-Denis, Thérèse Garon fait partie d’un groupe de 43 marraines recrutées par un officier retraité du Royal 22e régiment et vétéran de la guerre en Corée, M. André Therrien (MC.CSTJ.CD). Son objectif est d’en réunir cinquante (À lire: Des marraines de guerre dans la région).
À l’heure du courriel et de Facebook, ces femmes, du Kamouraska, mais aussi d’autres régions, ont repris la plume et le papier pour écrire à des soldats en Afghanistan. À leurs lettres, s’ajoute parfois un petit colis contenant des objets utiles, des journaux et quelques gâteries.
Un frère et un fils
Mme Garon raconte qu’elle avait un frère dans l’aviation. L’un de ses fils a aussi été dans l’armée. « Cela m’a donné le goût d’accepter d’être marraine », dit-elle. Elle a demandé de pouvoir correspondre avec deux soldats. L’un s’appelle Alexandre. L’autre, Jean-François.
En décembre, Thérèse Garon leur a écrit et envoyé à chacun un colis contenant, entre autres, un agenda, des enveloppes, des cartes à jouer et des journaux. À ce jour, seul Alexandre a répondu. À la suite de sa lettre, elle lui a envoyé un foulard qu’elle a tissé et quelques gâteries.
Francine Raymond a elle aussi eu le goût de s’inscrire comme marraine de guerre. Son correspondant s’appelle Kevin. Il a 20 ans et vient de Trois-Rivières. « Je me demandais ce qui pouvait motiver un jeune à entrer dans l’armée », dit-elle.
Mme Raymond a elle aussi accompagné sa lettre d’un colis. Kevin lui a répondu. Elle lui a envoyé une autre lettre depuis. « Quand on reçoit une lettre, on est vraiment contente », dit-elle.
Humaniser la guerre
Pour ces deux marraines, le fait d’écrire à des soldats leur a permis d’humaniser la guerre, de la percevoir autrement que par le truchement des informations télévisées. « Ça nous rapproche du front », ajoute Francine Raymond. Kevin lui a d’ailleurs envoyé une photo de lui et sa copine.
Enseignantes à l’école primaire de Saint-Denis, Hélène Bérubé et Sylvie Picard ont choisi d’impliquer les élèves dans cette aventure. Ainsi, les deux militaires à qui ils écrivent reçoivent des cartes et des mots d’encouragement des élèves de la 1re jusqu’à la 6e année. Deux envois ont été faits à ce jour.
Les commentaires des enfants sont éloquents. « Ce soldat est devenu une personne spéciale pour nous. » « Il est rassurant pour lui de savoir qu’il y a d’autres personnes, que celles de sa famille, qui pensent à lui. » « Quand on reçoit des nouvelles de par chez nous, ça nous donne des forces pour continuer. »
Quelques élèves de l’école de Saint-Denis, en compagnie de l’enseignante Hélène Bérubé
Photo: Maurice Gagnon
Chaleur humaine
M. Therrien est celui qui a initié le projet. Il est très heureux des succès obtenus auprès du public. Lui-même a connu la guerre et sait l’importance pour les soldats de recevoir des nouvelles de leur pays.
Les militaires ne savent pas qu’ils vont recevoir une lettre d’une marraine de guerre. Ils font partie du contingent de 1 900 soldats de Valcartier, partis en novembre dernier pour l’Afghanistan.
D’après le Petit Larousse, une marraine de guerre est une « dame servant de correspondante à un soldat pendant la guerre. » Leur action remonterait à la Première Guerre mondiale en 1914-1918, selon M. Terrien.
Pour les personnes tentées de devenir marraines de guerre, mais qui hésitent, M. Therrien souligne que chacune reçoit un texte explicatif, des suggestions de correspondance et des exemples de questions qu’elle peut utiliser. Il n’y a aucun frais de poste pour les lettres et colis destinés aux soldats.
On peut joindre M. André Therrien par courriel à l’adresse :
[email protected].
Collaboration : Maurice Gagnon, leplacoteux.com
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