Vive déception à Rivière-du-Loup concernant le déménagement de la traverse
Le citoyen de Rivière-du-Loup, Marc Morin, accompagné de gens d'affaires et de politiciens louperivois.
Le maire de la Ville de Rivière-du-Loup, Mario Bastille.
La présidente-directrice générale de la Chambre de commerce de la MRC de Rivière-du-Loup, Claudette Migneault.
Au centre, la mairesse de Cacouna, Suzanne Rhéaume.
Quelques minutes après l’annonce du déménagement de la traverse de Rivière-du-Loup vers Cacouna, les réactions ont fusé de toutes parts. De nombreux gens d’affaires et intervenants politiques ont fustigé la position gouvernementale qui a été défendue par la députée de Rivière-du-Loup Amélie Dionne et la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, le 19 décembre.
Du côté opposé de la salle, la mairesse de Cacouna, Suzanne Rhéaume, a accueilli la nouvelle du déménagement de la traverse vers sa municipalité avec sobriété. «Je suis vraiment contente qu’on ait eu cette annonce qu’on attendait depuis plus de trois ans. C’est une décision que j’accueille avec soulagement et humilité. Je pense que l’heure est maintenant à collaborer et à travailler ensemble pour le bien de toute la région.»
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Elle se dit satisfaite que la traverse demeure dans la MRC de Rivière-du-Loup. Mme Rhéaume espère que la prise de décision du gouvernement du Québec permettra d’atténuer les tensions entre Cacouna et Rivière-du-Loup. «Je pense qu’il y a des liens à rebâtir. C’est en s'asseyant ensemble et en ayant des échanges constructifs qu’on va arriver avec des beaux projets pour la région», a conclu Suzanne Rhéaume.
VIVE DÉCEPTION
La présidente-directrice générale de la Chambre de commerce de la MRC de Rivière-du-Loup, Claudette Migneault, n’a pas mâché ses mots. Elle estime qu’il est inconcevable que le gouvernement du Québec n’ait pas pris en compte l'opinion des acteurs socioéconomiques qui s’étaient tous positionnés en faveur du maintien de la traverse à Rivière-du-Loup.
«On nous a pris pour des valises. On nous a bien remplis d’informations, mais c’est surtout une triste journée dans l’économie de Rivière-du-Loup, une triste journée dans notre histoire», a-t-elle évoqué, dans un point de presse tenu par la Ville de Rivière-du-Loup quelques minutes après l’annonce officielle de Québec.
Elle déplore que le gouvernement ait tenté d’acheter du temps, et elle croit, à la lumière des informations qui lui ont été transmises, que la décision était déjà prise il y a cinq ans. Mme Migneault indique qu’elle demandera, de concert avec la Ville de Rivière-du-Loup, une rencontre avec le premier ministre François Legault. «Le gouvernement du Québec devra vivre avec les conséquences de ses choix», a-t-elle conclu.
Entouré de gens d’affaires et d’élus louperivois, le citoyen Marc Morin, à l’origine d’une pétition de 8 000 noms en faveur du maintien de la traverse à Rivière-du-Loup a partagé sa vive déception concernant l’issue du dossier.
«J’ai eu l’impression de me faire remplir [...] Il n’y avait même pas un cartable, pas une feuille sur la table, rien. On ne sait pas qui a fait les études, on ne sait pas d’où elles sortent, comment elles ont été faites, qui a payé pour ça ? On ne sait rien.» Cette façon de procéder est, selon lui, représentative de la «transparence de la Coalition avenir Québec».
«Je regrette, on a pris les citoyens de Rivière-du-Loup pour des imbéciles, je ne le prends pas», a-t-il lancé. Il compare le déménagement de la traverse à un «vol identitaire» pour les gens de Rivière-du-Loup, «comme si on déménageait la tour Eiffel de Paris.»
L’ex-mairesse de la Ville de Rivière-du-Loup, Sylvie Vignet, était en poste lorsque la possibilité du déménagement de la traverse vers Cacouna avait été évoquée par la Société des traversiers du Québec, en 2020. Elle était aussi présente lors de l’annonce du gouvernement, le 19 décembre. «C’est une nouvelle qui va venir briser toute l’harmonie touristique qu’on avait créée à Rivière-du-Loup avec les gens d’affaires, les restaurateurs, les hôteliers qui ont travaillé pour bâtir le tourisme», a-t-elle exprimé. Cette dernière dénonce le manque d’écoute du gouvernement envers la communauté d’affaires louperivoise.
«On ne laissera pas aller ça. Non! On va se défendre. On va essayer de faire renverser cette décision-là parce que ça n’a aucun sens pour Rivière-du-Loup [...] On se fait ‘’bullshitter’’, ça fait des mois!», a lancé Sylvie Vignet.
Appuyé par de nombreux gens d’affaires, le maire de la Ville de Rivière-du-Loup, Mario Bastille, a affirmé que la communauté ne s’était pas sentie écoutée par le gouvernement du Québec. «C’est une journée triste pour Rivière-du-Loup. C’est une journée qui passe à l'histoire, mais pas pour les bonnes raisons. Il y aura aussi des gens qui devront se regarder dans le miroir. Je pense à notre députée [Amélie Dionne] qui va aussi passer à l’histoire. Elle est au pouvoir. Le gouvernement au pouvoir présentement, moi je considère qu’ils nous font un coup de cochon.»
Mario Bastille a remis en doute les investissements planifiés pour la traverse qui sont évalués à 665 M$ pour Rivière-du-Loup et à 170 M$ pour Cacouna. Il demandera d’avoir accès aux études et aux analyses qui ont été menées par le gouvernement du Québec.
CE QU’ILS ONT DIT …
Le préfet de la MRC de Rivière-du-Loup, Michel Lagacé :
«On va attendre la suite pour ce qui est de l’analyse environnementale [...] Je suis vraiment surpris parce qu’on s’est fait dire à partir de 2014 par les fonctionnaires qu’un bateau de plus à Cacouna, c’est un bateau de trop.»
Le grand chef de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk, Jacques Tremblay :
«Ça ne change pas nos plans, on était préparé aux deux options dès 2020 [...] Pour nous, toute la question des bélugas est excessivement importante. À partir du moment où les scientifiques sont correct avec ça, on est correct aussi [...] Avec un service 12 mois [par année], c’est tout l’Est du Québec qui gagne. Il n’y a pas de gagnant, pas de perdant ici à Rivière-du-Loup ou Cacouna, c’est l’Est du Québec qu’il faut voir.»
Gilles Lortie, propriétaire de l’Hôtel Universel à Rivière-du-Loup :
«On n’est pas des naïfs. Ils nous prennent pour des naïfs, c’est incroyable. On va-tu gober ça, nous autres ? C’est complètement ridicule [...] On retarde le processus. Peut-être que dans un an et demi, deux ans, on les congédiera. Là par exemple, c’est nous autres qui décidons.»
Charles Pomerleau, propriétaire du restaurant St-Hubert de Rivière-du-Loup et co-président de Tourisme Rivière-du-Loup :
«Notre vision de la région, c’est de vendre le fleuve. On n’a plus d’accès avec la traverse si ça arrive [...] On n’aura plus de marina parce qu’on n’aura pas de dragage. À part mettre un point de vue pour que les gens regardent, ce n’est pas en mettant des kayaks de mer en location qu’on aura un super projet. Il n’y en a pas, de projet miracle. Ce qui fonctionne pour nous est déjà là.»
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