«Quand on est malade, on n’entre pas au travail» -Dr Sylvain Leduc
Lors d'un point de presse réclamé par la mairesse de Rivière-du-Loup Sylvie Vignet, le directeur de la santé publique du Bas-Saint-Laurent, le Dr Sylvain Leduc, a dressé un tableau plutôt sombre de l'état épidémiologique au Bas-Saint-Laurent, qui selon lui, s'étend au-delà de l'usine de Viandes duBreton de Rivière-du-Loup.
La situation est préoccupante, a-t-il asséné d'entrée de jeu. «Dans le palmarès des régions du Québec, le Bas-Saint-Laurent est ex aequo en tête pour le nombre de cas par habitant avec la région de Chaudière-Appalaches. C'est un palmarès qu'on aimerait pouvoir changer», a souligné le Dr Leduc.
Il a précisé que les cas sont nombreux et se trouvent sur l'ensemble du territoire, bien que la région du KRTB soit la plus touchée. Il a rappelé que jeudi des cas étaient rapportés dans sept MRC du Bas-Saint-Laurent.
DUBRETON
S'il a reconnu que l'éclosion de l'usine louperivoise de Viandes duBreton était importante, il s'est défendu à plusieurs reprises d'avoir tardé à fermer l'usine. «On a eu de très nombreuses rencontres avec l’entreprise et les travailleurs, cette semaine avec la CNESST et ça inclut une visite de l’usine par la CNESST. Toutes ces interventions nous ont menés à la conclusion qu’une fermeture était nécessaire à cette étape-ci.»
Le directeur de la santé publique a soutenu que les actions posées n’étaient pas publiques, mais néanmoins concrètes et prises de concert avec l’entreprise. Il a confirmé que le taux de transmission entre les travailleurs était «très élevé».
Il a reconnu que les derniers jours ont été marqués par une accélération du nombre de cas. «Nous avons retiré un nombre très élevé de travailleurs et depuis le début de la semaine, l’usine fonctionnait au quart de ses capacités.»
Le Dr Leduc s’est aussi défendu d’avoir eu des pressions de l’entreprise et qu’il disposait des outils pour fermer l’usine dans l’éventualité où elle n’aurait pas offert sa pleine collaboration. «La Loi sur la santé publique nous donne le moyen de le faire et c'est ce que nous aurions fait si nous n’avions pas eu sa collaboration.»
Le directeur de la Santé publique a rappelé que pour la reprise des activités à l’usine, il devrait y avoir un plan de dépistage mis en place et toutes les mesures requises pour cesser la transmission du virus. La Santé publique est à concevoir un «plan» qui sera ensuite transmis à l’entreprise. Il encadrera les procédures menant à la reprise de l’usine.
Rappelons qu’au moment d’écrire ces lignes, il y a 104 travailleurs infectés à la COVID-19 alors que l’éclosion a été révélée le 4 mai. Le Dr Leduc a reconnu que ces travailleurs étaient la source de plusieurs cas secondaires, notamment auprès de leur propre famille.
COMMUNAUTÉ
Si la transmission est importante au sein des travailleurs de l’usine duBreton, la Santé publique assure qu’elle l’est aussi dans la communauté et dans la MRC de Rivière-du-Loup. Il n'a pas caché être préoccupé par la situation où un manque de respect des mesures, notamment sur le plan des rassemblements, est rapporté.
«Le virus en ce moment, il est partout. Il est très présent dans le KRTB en particulier et à plusieurs endroits dans les derniers jours, malgré que nous sommes sous les mesures d’urgence, plusieurs signalements ont été portés à notre attention à la Direction de la santé publique pour nous dire que les mesures ne sont pas très bien respectées dans plusieurs milieux», a souligné le directeur de la santé publique.
Ce dernier a rappelé qu’il avait la collaboration de la Sûreté du Québec et qu’il solliciterait une plus grande présence des policiers. Selon ses dires, la population doit s’attendre à une hausse de leurs interventions si nécessaire.
ALIMENTS ASTA
Quant à l’éclosion à l’usine de Saint-Alexandre d’Aliments Asta qui remonte au début du mois d’avril, elle est à toute fin considérée comme terminée, aucun nouveau cas n’ayant été rapporté dans les derniers jours. Il y a eu au total un peu plus de 80 travailleurs infectés pendant l’éclosion.
«La différence notoire c’est qu’elle s’est étalée dans le temps et le taux de transmission est moins élevé. Ç’a permis, par des nombreuses mesures et du travail avec l’entreprise, de reprendre le contrôle. Depuis plusieurs jours nous avons une absence de cas», a commenté le Dr Leduc.
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