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La pierre, une source d’inspiration ancestrale pour Gilles Lepage

durée 26 août 2019 | 06h59
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Dans son garage de toile qui lui sert d’atelier même en hiver, le sculpteur autodidacte Gilles Lepage de Rivière-du-Loup accumule les roches de diverses origines, la matière brute de ses œuvres. Déposés sur une imposante table à structure de fer, des bustes autochtones et des mammifères marins attendent patiemment de trouver leur nouveau logis.

    La sculpture monumentale qui se dresse tout au bout de la pointe des Wolastoqiyik Wahsipekuk (Malécites du fleuve Saint-Laurent) est l’œuvre de ce même artiste louperivois qui façonne la pierre depuis 2013. Gilles Lepage a créé sa toute première sculpture il y a six ans, un elfe dans un granite rose. «J’utilise des éléments qui sont déjà dans la pierre pour créer. Par exemple, une ligne de quartz devient le bandeau de personnages autochtones. Je me sers de pierres que j’ai amassées en voyage, je ne les cherche pas vraiment (…) Pour sculpter sur une pierre, il faut que tu voies dans ta tête ce que tu veux créer avant de le faire. Lorsque je fais des coupes, la roche devient plus grise ou plus blanche, et elle est plus foncée lorsque je la polis, c’est de cette manière que j’ajoute des couleurs», explique l’artiste âgé de 61 ans.

    Au fil de ses voyages et de ses expériences, Gilles Lepage a été exposé à de multiples reprises aux métiers créatifs ainsi qu’à la sculpture. Touche à tout, il a travaillé notamment comme soudeur-monteur, en rénovation et en aménagement paysager.

    L’année 2004, lors de laquelle il a vécu des moments plus difficiles, a marqué un point tournant dans sa vie. Il a réalisé un rêve d’enfant, soit de traverser le Canada d’est en ouest à vélo en solitaire, de Mont-St-Hilaire à Vancouver. «Le voyage m’a permis de m’ouvrir sur le monde et de m’ouvrir à moi-même. Être seul, ça développe aussi la confiance en soi, il faut apprendre à se débrouiller», raconte-t-il. En 2011, sa traversée des Maritimes en vélo, à partir de la Côte-Nord l’a particulièrement poussé à se tourner vers la sculpture.

    Par l’intermédiaire des pierres et de leurs motifs, des éléments naturels qui datent de plusieurs millions d’années, il dévoile sa vision créative à l’aide de meules et de divers outils au diamant. Toutefois, ce médium implique une lourde logistique de transport pour se rendre aux expositions artistiques en raison du poids de ses œuvres. L’une de ses sculptures, «L’Envolée», qui représente une femme autochtone accompagnée d’un aigle, pèse plus de 400 livres. Grâce à ses connaissances et à sa formation en soudure, il peut construire lui-même des présentoirs solides qui résistent au poids de ses œuvres.

    CACOUNA

    Sa toute nouvelle création «Contre vents et marées», qui surplombe le fleuve Saint-Laurent à Cacouna depuis le 6 juin a fait beaucoup de bruit, notamment lors de l’évènement Deux nations, une fête, qui s’est tenu les 10 et 11 aout. On peut y observer des aigles, un orignal, un chevreuil, un loup, un hérisson, un castor, un ours, des poissons et des empreintes d’animaux, tous sculptés à même un ancien rouleau de presse à papier en granite de plus de 13 tonnes en provenance de l’usine F.F. Soucy de Rivière-du-Loup.

    «Pour moi, c’est une porte qui s’ouvre, et maintenant, la balle est dans mon camp. J’ai tout fait de A à Z, l’assemblage aussi de la sculpture, il y a seulement la base de ciment que je n’ai pas faite, mais mon design est dessus également», souligne le sculpteur Gilles Lepage. Ce dernier ajoute qu’il souhaite se tourner vers la création de sculptures de grand format, à l’image de celle à Cacouna, qui permettent un public plus large de voir son travail et d’avoir accès à l’art. Il est également à l’origine de la création d’un lièvre qu’il a sculpté en 2017 dans une pierre de granite transportée par les glaces sur l’ile aux Lièvres et il a aussi réalisé une rose des vents située près du parc de la Fontaine-Claire à Cacouna.

    M. Lepage prépare d’ailleurs sa prochaine exposition à Saint-Hyacinthe en octobre prochain. Il est possible d’en apprendre plus sur cet artiste en visitant son site web au artgilroc.weebly.com et on peut le contacter par courriel à l’adresse [email protected].

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