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«J’aime Hydro», une remise en question nécessaire

durée 23 septembre 2019 | 06h59
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Lorsque la comédienne Christine Beaulieu a été approchée par Annabel Soutar de la compagnie théâtrale Porte parole pour créer à partir de zéro une pièce de théâtre documentaire à propos d’Hydro-Québec, elle était loin de se douter de l’ampleur de la tâche qui l’attendait. Pendant deux ans, elle a planché sur l’écriture, a assisté à des audiences publiques, visité des barrages et a réalisé des entrevues avec des dirigeants et des groupes de citoyens, afin de mieux cerner le lien qui unit la société d’État détenant le monopole de l’électricité au Québec et la population québécoise.

    La somme de ces efforts, la pièce de théâtre documentaire «J’aime Hydro», sera présentée le samedi 28 septembre au Centre culturel Berger de Rivière-du-Loup, dès 19h. Depuis le début de la présentation de la pièce en 2015, les critiques ne sont que positives. Christine Beaulieu incarne donc son propre rôle dans cette oeuvre qui comporte plusieurs points communs avec une enquête journalistique. On l’accompagne dans sa quête de réponses à partir du tout début. «Je ne pouvais pas savoir où ça me mènerait, je ne connaissais absolument rien, donc on part à zéro au début du spectacle, et on apprend des choses ensemble. C’est très drôle et touchant à la fois (…) Dans ma vie, c’est un projet vraiment particulier, et partout où je joue, c’est toujours plein», explique la comédienne.

    La pièce de théâtre compte désormais cinq volets, au fur et à mesure que l’actualité se développe autour d’Hydro-Québec. «Tous les personnages qui font partie de la pièce, autre que moi, existent pour vrai et sont interprétés par Mathieu Gosselin. Il en joue 28 différents. Tous les points de vue passent par la même personne, ça ajoute un certain équilibre. (…) Le premier ministre François Legault fait maintenant partie du spectacle, et je le termine souvent avec des papiers dans les mains, si jamais une nouvelle sort sur Hydro-Québec pendant la journée, je fais une finale très actuelle», précise Christine Beaulieu.

    Avec «J’aime Hydro», l’auteure a voulu rejoindre tous les groupes d’âge à la fois, dans une démarche accessible de synthèse de l’information. «La génération des personnes de plus de 70 ans est touchée personnellement par le propos de la pièce parce qu’elle a vu la naissance de la société d’État lors de la Révolution tranquille et a été témoin du message émotif  ‘’maitres chez nous’’ lancé par René Lévesque. C’était une symbolique très forte pour le Québec à cette époque et pour son développement», ajoute Christine Beaulieu. Selon elle, les jeunes sont également intéressés par le propos de cette œuvre théâtrale de longue haleine parce qu’ils sont sensibles et conscientisés aux enjeux environnementaux. Ils sont également ouverts à en apprendre plus sur Hydro-Québec, dans le cadre plus ludique d’une pièce de théâtre.

    «La démarche que j’ai faite, tout le monde aurait pu la faire, je n’ai pas de recherchiste. Si on s’y met, on a accès à beaucoup d’informations avec Internet et en assistant aux rencontres. Les audiences publiques, ça le dit, c’est fait pour qu’on y aille».

    Le chantier actuel de la Romaine, l’un des plus controversés des dernières années, est aussi abordé dans la pièce de théâtre documentaire. La mise en service de la quatrième centrale hydroélectrique de ce projet global de 6,5 milliards de dollars, situé sur la rivière Romaine, au nord de Havre-Saint-Pierre, est prévue en 2021. Selon la comédienne, il a soulevé plusieurs questionnements : est-ce qu’on l’a fait pour les bonnes raisons? Est-ce que c’est l’œuvre d’une autre époque? « L’énergie hydroélectrique est plus propre qu’une autre, mais elle n’est pas parfaite, elle a des impacts sur l’environnement. Depuis les années 1940, nous avons développé une expertise au Québec, et tout le monde est bien content. Il faut faire face à la réalité et aux changements de notre époque. On est en train de protéger notre expertise à tout prix. Il faut se regarder dans le miroir, et c’est ce que ‘’J’aime Hydro’’ nous permet de faire», conclut Mme Beaulieu. Selon elle, en construisant de grands ouvrages durables pour les 100 prochaines années, on ne prend pas en compte les réalités technologiques qui évoluent de plus en plus rapidement. La tendance technologique se dirige plutôt vers une miniaturisation. Elle met en garde la population : il faut se remettre en question avant de foncer droit dans le mur. Les billets pour «J’aime Hydro» sont disponibles au www.rdlenspectacles.com.

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