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Théâtre du Bic

Le feu sacré de la scène, d’Eudore Belzile à Marie-Hélène Gendreau

durée 31 octobre 2022 | 06h54
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Sous le bruit des perceuses et des coups de marteau devant un Théâtre du Bic déshabillé et en chantier, la comédienne et directrice artistique Marie-Hélène Gendreau ne cache pas son enthousiasme. Le 31 octobre, le jour même de l’anniversaire du fondateur du Théâtre des gens d’en bas, Eudore Belzile, elle prendra officiellement sa relève.

    La native de Trois-Pistoles héritera d’un tout nouveau théâtre (le seul permanent à l’est de Québec) après des travaux majeurs estimés à 8 M$. Une nouvelle salle de répétition et un studio de création seront ajoutés à son terrain de jeu, ce qui lui permettra de développer des résidences d’artistes.

    «Je reconnais et je saisis cette chance d’embrasser la modernité de ce lieu. Je veux répondre aux attentes envers un espace culturel de cette envergure au sein de toute une région […] Je souhaite vraiment créer des ponts avec les organismes culturels au Bas-Saint-Laurent», exprime Marie-Hélène Gendreau, assise à une table de pique-nique, face au chantier du Théâtre du Bic. Son plan est de continuer à faire de ce lieu un pôle important pour la dramaturgie québécoise hors des grands centres, avec sa propre couleur, ancré dans la réalité bas-laurentienne.

    PREMIÈRE RENCONTRE

    Lors de sa première rencontre avec Eudore Belzile alors qu’elle était adolescente, sur le quai de Trois-Pistoles, Marie-Hélène Gendreau ressentait déjà cet appel intérieur du théâtre. «Je distribuais des programmes du spectacle de la pièce d’été et je savais très bien qui il était», se remémore-t-elle. Elle garde un souvenir vif de son premier contact avec la scène professionnelle, au Caveau-théâtre de Trois-Pistoles lors de la pièce la «Guerre des clochers» de Victor-Lévy Beaulieu.

    «J’ai eu un déclic quand j’ai vu Sylvie Drapeau se préparer à entrer sur scène et travailler son plexus et son diaphragme. Je me suis dit que je voulais vivre cette intensité-là. C’est venu remplir une soif d’être une artiste, une bête de scène», raconte Marie-Hélène Gendreau. Quelques années plus tard, elle a été engagée pour une lecture au Théâtre du Bic en tant que comédienne professionnelle. En 2018, elle a joué dans la pièce «Le baptême de la petite», sous la direction d’Eudore Belzile.

    «Je n’ai jamais vraiment réfléchi à prendre la relève du Théâtre des gens d’en bas, mais je l’ai toujours porté en moi», explique Marie-Hélène Gendreau. Au cours des dernières années, elle a été sollicitée par quelques théâtres de Montréal afin de prendre leur direction artistique. À mi-chemin entre la jeunesse et la sagesse, comme le chantent les sœurs McGarrigle, la directrice artistique et comédienne de 41 ans a décidé d’écouter l’appel du fleuve et des grands espaces.

    «Il n’y a rien qui me prenait de l’intérieur de la même façon que de revenir dans ma région natale pour partager mon expérience et mon expertise […] Au printemps 2020, quand la route était fermée pour retourner dans mon Bas-du-Fleuve natal, ç’a été l’affaire la plus anxiogène pour moi, de penser ne plus y avoir accès. Une fois installée dans ma région, je me suis sentie légitime de dire à Eudore que ce serait un honneur pour moi d’être sa suite.»

    UN BEAU CADEAU

    Nommé Compagnon par l’Ordre des arts et des lettres du Québec le 13 octobre dernier, Eudore Belzile quitte le Théâtre du Bic avec sérénité, puisque l’avenir est assuré. «Au cours des deux dernières années, j’ai reçu beaucoup de cadeaux. Il y a des gens qui sont venus me proposer des spectacles. Marie-Hélène Gendreau m’a proposé ses services et j’en suis tellement content. Je n’aurais pas osé lui demander parce qu’elle avait une carrière très active à Montréal et à Québec. Je ne pensais pas que prendre la direction artistique du Théâtre du Bic était dans ses ambitions professionnelles et humaines pour les prochaines années», relate M. Belzile.

    Ce dernier a cofondé le Théâtre des gens d’en bas il y a cinquante ans, une troupe de tournée qui l’a mené dans les salles paroissiales d’un peu partout au Québec. En 1983, la compagnie de théâtre s’est installée au deuxième étage de la grange qui servait de pavillon d’accueil au parc du Bic. Le bâtiment a été déménagé à l’entrée du village et rénové pour créer le Théâtre du Bic.

    Ce qui a accroché Marie-Hélène Gendreau à cette institution, c’est sa notoriété, sa rigueur artistique, et sa soif de découvertes, forgées au fil des années par ses fondateurs. «Il est très convoité par le milieu professionnel du Québec. Je me sens libre de circuler et de convier des équipes de travail. Je dois connaître davantage les artistes qui ont choisi d’œuvrer en région et rencontrer leur démarche. C’est la partie qui me stimule vraiment beaucoup.» La passation entre Eudore Belzile et Marie-Hélène Gendreau s’est déroulée graduellement, pendant une année complète.

    Elle exprime d’ailleurs son envie de porter une attention particulière aux plumes de la région, tout en continuant les démarches de démocratisation du théâtre. «Quand la culture est forte partout, on donne le ton à ce que les gens reconnaissent qu’ils ont besoin de l’art dans leur vie. Ils ont envie de faire partie de la fête et de se rendre dans un rassemblement humain.»

    Afin de se garder active dans le milieu du théâtre, Marie-Hélène Gendreau fait partie de la distribution de la pièce «Grosse-Île, 1847», présentée au Théâtre La Bordée de Québec du 25 octobre au 19 novembre. La Pistoloise était à la tête du Périscope de Québec depuis 2016, avant de quitter pour prendre la relève du Théâtre des gens d’en bas cinq ans plus tard.

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