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Aller à la rencontre de l’autre en empruntant un livre vivant

durée 18 février 2024 | 06h57
  • Lydia Barnabé-Roy
    Par Lydia Barnabé-Roy

    Journaliste de l'Initiative de journalisme local

    Avez-vous déjà souhaité vous entretenir avec un étranger et lui poser des questions sur sa vie, son histoire? C’est chose possible grâce à l’activité Bibliothèque vivante où les citoyens intéressés auront l’opportunité d’«emprunter» un livre vivant le 2 mars à la bibliothèque Françoise-Bédard de Rivière-du-Loup.

    Ce concept né au Danemark en 2000 lors du festival de rock Roskilde permet à deux personnes qui ne seraient pas allées l’une vers l’autre normalement, de se rencontrer et d’échanger. Se déroulant un peu à la manière d’une entrevue ou d’une conversation, «l’emprunteur va poser des questions au livre vivant pour connaitre son histoire et apprendre à le connaitre», souligne Nadia Côté, coordonnatrice à l’animation à la bibliothèque Françoise-Bédard.

    Aussi connu sous les termes anglophones «Living Library», l’évènement a été réalisé par plus de 600 organisations à travers le monde, dont plusieurs au Québec, selon la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). Celui qui aura lieu à Rivière-du-Loup est présenté en collaboration avec Heritage Bas-Saint-Laurent, sous le thème de l’intégration.

    «Selon nos statistiques il y a quand même une bonne petite pochette anglophone dans le coin de Rivière-du-Loup, ou de personnes d’expression anglaise», rapporte la directrice générale de l’organisme, Susan Woodfine. Selon le recensement 2021 de Statistique Canada, 0,7 % de population du Bas-Saint-Laurent est anglophone, soit près de 1 500 personnes. De ce nombre, 230 habitants proviennent de la MRC de Rivière-du-Loup.

    UNE ACTIVITÉ QUI RAPPROCHE

    La Bibliothèque vivante permet de briser l’isolement des nouveaux arrivants, d’accroitre leur sentiment d’appartenance et de créer des ponts avec la communauté, soutient Mme Woodfine. Heritage Bas-Saint-Laurent a d’ailleurs déjà tenu une telle activité à Rimouski l’an dernier. L’évènement avait connu un beau succès.

    «Je pense que [l’activité] peut aider, parce que la connaissance de l’autre va toujours baisser les préjugés et parfois même les enlever complètement», pense Sylvie Michaud bibliothécaire responsable de la bibliothèque Françoise-Bédard. D’après Nadia Côté, de nombreuses personnes n’ont jamais eu à vivre une intégration dans un nouveau milieu, une tout autre culture et une langue étrangère. Une telle rencontre aide donc à comprendre les obstacles rencontrés par les nouveaux arrivants.

    Nathalià Byrro Gauthier*, originaire du Brésil et maintenant citoyenne de Rimouski depuis près de trois ans, a participé à la Bibliothèque vivante dans sa ville organisée par Heritage Bas-Saint-Laurent l’an dernier. Elle a adoré son expérience. Autant elle a pu parler de son parcours, des raisons de son déménagement, qu’elle a pu se rapprocher de sa communauté.

    «Je sens que je suis plus connectée aux gens […] Ça m’a aussi donné une autre perspective», partage l’étudiante au doctorat en océanographie de l’Université du Québec à Rimouski. «Je crois que ça peut être une formidable expérience des deux côtés», confie-t-elle.

    Tommy Pelletier de Saint-Épiphane fera partie des livres vivants à emprunter lors de l’évènement du 2 mars prévu à 13 h 30, remis au lendemain en cas de tempête. Intervenant de profession, il est aujourd’hui enseignant à l’école des Vieux-Moulins à Saint-Hubert-de-Rivière-du-Loup et artiste. Il a passé sept ans à l’étranger. Il a notamment voyagé au Yukon, en Colombie-Britannique, au Mexique, aux États-Unis, en Australie, au Nicaragua, au Honduras, au Salvador et au Costa Rica.

    «Le message que je vais mettre de l’avant c’est de faire ce qui te tente, la peur de l’échec, de mettre de côté nos attentes et développer l’intérêt de faire des choix et des choses pour [apprendre] et non pour la reconnaissance», soutient-il.

    Si l’activité est une réussite, l’équipe de la bibliothèque François-Bédard compte réitérer l’expérience à chaque programmation, soit deux fois par an.

    *Les propos de Nathalià Byrro Gauthier ont été traduits de l’anglais au français.
     

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