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Procès d’Harold LeBel : Catherine Fournier révèle son identité

durée 18 avril 2023 | 17h03
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    La plaignante dans le dossier d’agression sexuelle perpétrée par l’ex-député de Rimouski, Harold Lebel, a fait lever l’ordonnance de non-publication qui protégeait son identité, le 18 avril. Il s’agit de la mairesse de Longueuil et ancienne députée de la circonscription de Marie-Victorin, Catherine Fournier.

    À de nombreuses reprises pendant le procès qui s’est déroulé en novembre 2022, Catherine Fournier a affirmé qu’elle voyait Harold LeBel comme un mentor. L’agression s’est déroulée à Rimouski en octobre 2017, alors que la victime était hébergée chez l’accusé. Ils participaient tous les deux à une tournée régionale «Solidarité en action» pour «prendre le pouls du terrain». À ce moment, Jean-François Lisée était le chef du Parti québécois.

    L’ex-députée du Parti québécois connaissait Harold LeBel puisqu’elle avait agi comme militante au sein de la formation politique pendant plusieurs années. Elle avait été élue députée de Marie-Victorin lors d’une élection partielle en 2016. Catherine Fournier est la plus jeune femme à avoir été élue à l’Assemblée nationale, à l’âge de 24 ans.

    Elle a hésité à dénoncer son agresseur puisqu’elle ne voulait pas faire de vagues, ni se priver de faire ses preuves après du PQ. «[Je voulais] faire comme si ce n’était pas arrivé et mettre ça dans une petite case dans mon cerveau. Être dans le déni de ce qui s’était passé, c’est mon système de défense. J’ai choisi de faire comme si de rien n’était.»

    Toutefois, lors de l’élection québécoise de 2018, le nombre de députés du PQ est passé de 30 à une dizaine. Elle était donc appelée à travailler plus souvent avec Harold LeBel. «De plus en plus j’avais un malaise, les évènements me revenaient en tête», a rapporté Catherine Fournier, lors du procès.

    Elle se sentait mal d’inciter les gens à dénoncer les violences sexuelles, alors qu’elle ne faisait pas de même. «Je ne veux pas avoir ça sur la conscience, je ne sais pas si ces gestes-là vont se répéter. Je ne veux pas que ça arrive. Je ne me sentais vraiment pas bien de ne rien faire. Ça venait beaucoup hanter mon esprit.»

    La plaignante voulait éviter de vivre une tempête médiatique. Rassurée par l’ordonnance de non-publication qui allait protéger son identité, elle a décidé de porter plainte à la Sûreté du Québec en juillet 2020. Harold LeBel a été arrêté quelques mois plus tard, le 15 décembre 2020.

    «Ça a pris 62 minutes avant qu’un tweet d’une journaliste en ligne dise que l’agression avait eu lieu telle date et que la victime était une députée de l’Assemblée nationale. On savait exactement que c’était moi […] J’étais complètement en miettes.» Elle a décrit ce moment comme la «pire journée de sa vie».

    DOCUMENTAIRE

    Catherine Fournier a remercié tous les intervenants de la Sûreté du Québec, du Directeur des poursuites criminelles et pénales et du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels du Bas-Saint-Laurent qui l’ont accompagnée lors du processus judiciaire. 

    Approchée par le journaliste du Bureau d’enquête de Québecor, Mathieu Carbasse, elle a accepté de participer à un documentaire pour démystifier les différentes étapes du processus judiciaire afin de «faire œuvre utile et d’apporter sa contribution.» Elle veut qu’il y ait moins d’inconnu lorsqu’une victime décide de dénoncer et de témoigner.

    Un documentaire intitulé «Témoin C.F.» sur son parcours à travers le système judiciaire sera diffusé sur les ondes de TVA Vrai le mercredi 19 avril.

    RÉACTIONS POLITIQUES

    Les réactions politiques ont déferlé à la suite de la levée de l'ordonnance de non-publication, dans la matinée du 18 avril, à la demande de Catherine Fournier.

    Le premier ministre du Québec, François Legault, a salué le courage de Catherine Fournier. «Un bel exemple de détermination. Tu peux être fière. C’est important que les victimes sachent qu’elles peuvent dénoncer», a-t-il réagi sur la plateforme Twitter.

    Le chef actuel du Parti Québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a lui aussi salué son courage d’avoir dénoncé formellement devant les tribunaux.

    «Au terme de cette démarche, justice a été rendue. J’espère qu’au terme de cette épreuve, elle saura trouver la paix vis-à-vis ces événements. Je souhaite également que les victimes qui hésitent à porter plainte constatent que notre système de justice, bien qu’imparfait, a fait son travail et qu’elles prendront également la décision de porter plainte», a-t-il exprimé sur les réseaux sociaux. 

    RAPPEL DES FAITS

    Catherine Fournier a quitté le Parti québécois en 2019 afin de siéger comme députée indépendante pour des raisons politiques. Elle a été élue mairesse de Longueuil en 2021.

    En mars 2023, l’ex-député de Rimouski Harold LeBel, condamné en janvier 2023 à une peine de huit mois d’emprisonnement pour une agression sexuelle, a obtenu une sortie préparatoire à sa libération conditionnelle.

    Il a été déclaré coupable d’agression sexuelle par un jury en lien avec des gestes qu’il a posés en octobre 2017 à son condo de Rimouski, alors qu'il était député du Parti québécois. L’accusé s’était défendu en disant qu'il n'en avait aucun souvenir.

    La plaignante avait relaté que l’accusé l’avait embrassée, avait dégrafé son soutien-gorge et lui avait touché les fesses et l’anus «pendant toute la nuit.» Il dit maintenant croire «totalement la version de la victime et [il] veut comprendre comment il en est venu à poser ces gestes.» Harold LeBel a exprimé des remords envers la victime et a admis avoir été trop insistant.

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