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Cyberharcèlement : le troll Peter Poncak écope de neuf mois de prison

durée 1 février 2024 | 16h38
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    «Peter Poncak a tué quelque chose à l’intérieur de moi qui ne pourra jamais revenir.» C’est avec cette phrase frappante que le musicien et documentariste Sébastien Rioux a commencé sa déclaration au palais de justice de Rivière-du-Loup. Il s’adressait ainsi à Peter Poncak, qui l’a harcelé en ligne pendant plus d’un an, entre le 1er mai 2020 et le 4 aout 2021.

    Le 1er février au palais de justice de Rivière-du-Loup, la juge Luce Kennedy a condamné l’accusé à purger une peine d’emprisonnement de neuf mois assortie d’une probation de trois ans qui s’appliquera à sa sortie de prison. Il devra respecter de nombreuses conditions, dont celle de ne pas entrer en communication de quelque façon que ce soit avec le plaignant et sa famille immédiate et de ne pas faire référence à eux sur les réseaux sociaux. Peter Poncak devra s’abstenir de posséder des armes pour une période de 10 ans.

    «Le tribunal considère qu’on doit donner la priorité à la dénonciation et à la dissuasion. [Le cyberharcèlement] c’est un fléau en émergence. On s’attaque à d’autres personnes alors qu’on est anonyme et c’est un phénomène sociétal très alarmant […] On peut dire que c’est un calvaire sans fin qui s’est vécu pendant 15 mois», a déclaré la juge Luce Kennedy lorsqu’elle a imposé la peine à l’accusé.

    L’avocat de la défense, Me Félix Pouliot, a plaidé pour une peine d’emprisonnement dans la collectivité de 9 à 12 mois. La procureure de la Couronne, Me Camille St-Pierre, demandait plutôt l’imposition d’une peine d’emprisonnement ferme du même ordre. La juge a donc penché en faveur du ministère public. Au Québec, peu de jurisprudence existe en matière de cyberharcèlement hors d'un contexte de violence conjugale, a souligné la juge Luce Kennedy. 

    RÉSUMÉ DES FAITS

    Pendant plusieurs mois, Sébastien Rioux de Trois-Pistoles été la cible de menaces, de fausses rumeurs concernant de la pédophilie, et d’insultes de tout acabit. Les propos tenus par l’accusé à son endroit étaient empreints de racisme, d’homophobie et de violence.

    Peter Poncak, un homme de 38 ans de la région de Gatineau, a reconnu avoir utilisé de multiples plateformes en ligne comme la messagerie instantanée, les textos et les commentaires sous des vidéos afin de s’acharner sur le plaignant. Il ne le connaissait ni d’Ève ni d’Adam.

    Le cyberharceleur sévissait sous 13 pseudonymes tels que Garinknapp, Nick Gurr, Volcelemperor, [email protected]. Ces faux comptes étaient tous liés à une seule adresse IP. Sébastien Rioux est particulièrement actif sur la plateforme X (auparavant Twitter), où il dénonce la misogynie, le racisme, la xénophobie, la violence et la désinformation, en plus de défendre ses convictions écologistes. L’accusé a même produit et transmis des images du plaignant avec un point rouge dans le front, comme s’il était la cible d’un tireur d’élite (sniper).

    Les agissements d’intimidation et d’harcèlement de Peter Poncak ont cessé dès son arrestation par les policiers à sa résidence de Gatineau en aout 2021. À ce moment, il était déjà sous suivi probatoire en lien avec des accusations antérieures de harcèlement. Il avait des antécédents criminels en cette matière. L’accusé a partagé des remords et des regrets d’avoir agi de la sorte et de s’être acharné sur la victime.

    «Je suis quelqu’un d’introverti. Je suis vraiment hors de ma zone de confort», a partagé Peter Poncak en s'adressant à la juge le 1er février. Il a admis que ses comportements étaient «bas de gamme». «Ce n’est pas quelque chose dont je suis fier.» Peter Poncak a avoué que le fait d’être un troll* lui évitait de penser à son propre malheur. Avec du recul, il y voit plutôt une immaturité profonde et il ne pensait pas aux répercussions de ses gestes sur Sébastien Rioux. À la suite de plusieurs échecs sur le plan personnel, Peter Poncak s’est isolé chez lui à partir de 2018 et il n’a pas occupé d’emploi pendant cinq ans. C’est lors de cette période plus difficile qu’il a commis les gestes de cyberharcèlement à l’endroit de Sébastien Rioux.

    *Les trolls sur le web ont pour objectif de provoquer des polémiques et d’enflammer les utilisateurs du web avec des propos offensants ou choquants pour susciter des interactions.

    CONSÉQUENCES

    Malgré ces 15 mois de calvaire, Sébastien Rioux ne souhaite aucun mal à son cyberharceleur. Lors d’une déclaration émotive d’une dizaine de minutes, il a déploré que la haine en ligne soit banalisée, voire acceptée par une partie de la population. Le Pistolois a craint que Peter Poncak ne mette ses menaces à exécution. Il ne se sentait plus en sécurité nulle part. Il croit qu’il faudrait interdire la possibilité d’être anonyme sur les réseaux sociaux afin que les autorités puissent retrouver plus facilement les auteurs de propos haineux, de menaces d’intimidation ou de harcèlement.

    «Un petit bout de moi est maintenant angoissé d’ouvrir ses courriels, de publier une opinion sur les réseaux sociaux ou simplement d’ouvrir son ordinateur. Mon interaction avec les réseaux sociaux a été à tout jamais chamboulée, je ne serai plus jamais le même», a partagé Sébastien Rioux, lorsqu’il s’est adressé au tribunal. «Nous devons saisir que les plateformes sur Internet ne sont pas différentes de la vie réelle, où la haine n’a pas sa place.»

    En avril 2023, le Pistolois avait été invité sur le plateau de Tout le monde en parle afin de partager son parcours en lien avec le harcèlement en ligne qu’il a subi. Sébastien Rioux peut maintenant tourner la page sur cette histoire juridique qui a duré pratiquement deux ans. Il espère que les internautes qui ont des comportements harcelants y réfléchiront à deux fois avant de «blesser des gens et de briser des vies».

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