Un pédophile du Témiscouata écope de deux ans moins un jour de prison
Un pédophile de 79 ans s’est convaincu que les enfants qui apparaissent dans les centaines de vidéos de pornographie juvénile qu’il visionnait sont «heureux parce qu’ils ont été choisis pour y participer». Mario Caron de Saint-Louis-du-Ha! Ha! a été condamné à purger une peine d’emprisonnement de deux ans moins un jour, le 5 septembre au palais de justice de Rivière-du-Loup.
Lors de l’imposition de la peine, la juge Luce Kennedy a souligné que l’accusé vit de nombreuses distorsions cognitives qui sont totalement déformées par rapport à la réalité. «Vous avez vraiment un problème, parce qu’on ne peut pas croire qu’un enfant de quatre ans a donné son consentement pour être filmé [en train de subir des actes sexuels] par un adulte. Juste le dire, ça donne des frissons.»
Elle a rappelé que ces vidéos, bien qu’elles soient présentées en preuve par la Couronne, sont rarement visionnées en salle de cour puisque ces images sont insoutenables pour le public. «À l’abri de tous, vous étiez en mesure de regarder ça pendant des heures. Ça n’a tout simplement pas de bon sens.»
La magistrate a fortement invité l’accusé à se remettre en question et à intégrer une thérapie en délinquance sexuelle qui est offerte à la prison provinciale de Percé. «Vous êtes qui vous, pour savoir que la personne qui est là [NDLR : dans une vidéo de pornographie juvénile] est heureuse d’avoir été choisie? Posez-vous cette question. Vous allez peut-être trouver la réponse pendant les deux ans moins un jour que vous allez avoir à purger», a-t-elle ajouté.
SUGGESTION COMMUNE
La Couronne et la défense ont soumis une suggestion commune de deux ans moins un jour de prison. L’accusé a été reconnu coupable d’avoir distribué et possédé de la pornographie juvénile et d’y avoir accédé entre le 23 novembre 2021 et le 13 septembre 2023. Plusieurs centaines de fichiers de pornographie juvénile ont été retrouvés dans le matériel informatique qui a été perquisitionné à sa résidence de Saint-Louis-du-Ha! Ha!. Ils illustraient surtout de jeunes garçons dont l’âge variait de 0 à 16 ans.
Mario Caron a aussi plaidé coupable à deux bris d’ordonnance. Il s’est rendu chez un membre de sa famille et a utilisé une tablette électronique pour naviguer sur Internet, alors que cela lui était interdit.
La peine d’emprisonnement qui lui est imposée se situe à la porte du pénitencier fédéral. L’intention de la procureure de la Couronne, Me Manon Gaudreault, était que l’accusé se soumette à une période de probation de trois ans qui s’appliquera dès sa sortie de prison, afin de protéger la société sur une plus longue période.
RISQUE DE RÉCIDIVE
Selon les rapports sexologique et présentenciel qui ont été déposés au Tribunal, le risque de récidive de Mario est considéré comme moyen, malgré ses 79 ans. L’accusé affirme lui-même qu’il doit éviter de côtoyer des mineurs afin de «se protéger». Il possède des antécédents judiciaires, dont un dossier d’agression sexuelle à l’endroit d’un enfant pour laquelle il a été condamné en 1993.
Pendant les trois ans de sa probation, il devra garder la paix et avoir une bonne conduite. Il lui sera interdit de se trouver dans un parc public ou une zone que des personnes de moins de 16 ans sont susceptibles de fréquenter. Mario Caron devra s’abstenir de chercher, d’accepter ou de garder un emploi ou un travail bénévole s’il se trouve en situation de confiance ou d’autorité sur une personne de moins de 16 ans. Il n’aura pas le droit de se trouver seul avec une personne de moins de 16 ans et il devra s’abstenir d’utiliser Internet, à moins de le faire en conformité avec des conditions qui sont imposées par le Tribunal. Ces ordonnances d’interdictions seront valides pour une période de 10 ans. Le nom de Mario Caron sera inscrit au Registre des délinquants sexuels pour une durée de 20 ans.
«C’est un monsieur qui a composé avec des sévices qu’il a vécus dès l’âge de 10 ans. Il a été forcé de quitter son domicile pour aller dans une institution avec des prêtres. C’est une autre illustration choquante de perpétuation des crimes contre la personne que l’on voit trop souvent», a soulevé l’avocat de la défense Me Félix Pouliot. Dans les dossiers en semblable matière, ce type d’historique personnel se trouve souvent en trame de fond chez les accusés, a-t-il rappelé. Me Pouliot a évoqué le fait que l’accusé n’a pas été accompagné ni outillé pour faire face à ses problèmes personnels.
«J’ai de l’empathie pour ce que vous avez vécu quand vous étiez jeune. Ça n’excuse pas les gestes que vous avez commis par la suite. Ce n’est pas parce qu’on a vécu ça dans le passé qu’il faut faire revivre les sévices à d’autres personnes […] Ce sont les enfants qui doivent être protégés, et non pas vous. Vous n’avez pas une bonne vision de la situation», a complété Luce Kennedy.
Le public est invité à signaler toute situation d’exploitation sexuelle des jeunes sur Internet à l’adresse suivante : www.cyberaide.ca
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