Pour Noël, des livres en cadeaux
Donner un livre en cadeau de Noël c’est offrir de la culture, de la richesse, mais c’est aussi donner un peu de soi-même. C’est un geste presque intime qui en dit autant sur soi que sur la personne à qui on l’offre. Il faut oser, mais il faut aussi connaitre un minimum l’autre.
Je vous présente ici quelques coups de cœur de mes lectures des derniers mois qui se veulent plus passe-partout et qui sont peut-être plus susceptibles de rejoindre parents et amis, et suffisamment récents pour ne pas avoir déjà été achetés par la personne visée.
Mon frère
Daniel Pennac nous livre ici un très, très beau livre. Mon frère, tout en émotion retenue, c’est Bernard, l’ainé de Daniel, mort en 2007. «Onze années de chambre commune mon frère et moi, davantage peut-être de conversations téléphoniques, le tour de la terre à promener nos chiens ensemble, des parties d’échecs qui frisaient l’éternité et je pourrais compter sur les doigts d’une seule main les secrets que nous avons échangés !». C’est cette phrase qui m’a interpellé et fait acheter le livre. Pennac alterne entre Bernard et le personnage d’une histoire d’Herman Melville, Bartleby le scribe, qu’il a montée et jouée au théâtre. Cette adaptation de Bartleby et les souvenirs du disparu s’entremêlent. Daniel Pennac laisse beaucoup de place à la beauté des mots, comme un murmure porté par la brise, car si son frère lui manque, il ne sait pas qui il a perdu. Le meilleur de Pennac depuis 10 ans.
Guide mauvais père vol. 4
Mini album graphique ou BD, c’est selon, et à petit prix, Guy Delisle possède un sens aigu de l’observation, qu’il combine dans ses Guide du mauvais père à une bonne dose d’autodérision... pour notre plus grand bonheur. Le mauvais père, c’est lui, c’est moi, c’est nous. C’est le papa qui insiste pour jouer au nouveau jeu vidéo quand son fils a encore des devoirs, c’est celui qui se propose de vérifier le placard voir si un méchant ne s’y cache pas alors que fiston n’avait jamais réfléchi à cette éventualité. Ce petit brulot est hilarant et comme toujours avec Delisle, il sait nous toucher. Le ton et le style sobre du trait de crayon servent bien son humour. Et si on ne le trouve pas en librairie, on se rabat joyeusement sur l’un des trois précédents Guide ou encore sur ses fameuses «Chroniques». À consommer sans modération.
* Pour un roman graphique qui donnerait dans le lourd et la substance, je vous recommande fortement «Moi, ce que j’aime, c’est les monstres» d’Emil Ferris. Mais attention, c’est dense !
I’m your man - Leonard Cohen
Si vous avez une biographie à lire cette année, c’est celle-là : I’m your man, la vie de Leonard Cohen par Sylvie Simmons. On y découvre les nombreuses facettes de la vie de cet incontournable de la scène musicale, cet immense poète qu’a été et demeurera Leonard Cohen. D’emblée, je l'avoue, Cohen est l’un de mes héros, un artiste important, majeur dont l’œuvre m’a profondément marqué. J’ai donc entamé la lecture du livre avec de nombreuses appréhensions... qui se sont rapidement envolées. J’ai tout de suite été conquis. Le récit, d’une grande fluidité, débute dans un Montréal d’avant-guerre, une ville repliée sur elle-même et suivra les pas de ce jeune homme frêle, qui malgré les doutes et les angoisses, deviendra un géant. Contrairement à Jobs, la biographie de Walter Isaacson sur Steve Jobs, la traduction est impeccable. À lire, absolument.
Et puis, aussi, pourquoi ne pas se replonger dans l’œuvre colossale de Cohen. The reason I write/is to make something/as beautiful as you are/When I’m with you/I want to be the kind of hero/I wanted to be/when I was seven years old/a perfect man/who kills.
Rêves de trappeur
Roman, biographie, un peu les deux je dirais. Ce livre, écrit à quatre mains, raconte le quotidien de Kathryn et du québécois Roch Boivin depuis 1978. Rêve de trappeur se dévore au fil des anecdotes et se lit d’une traite. Le couple y raconte sa rencontre, ses débuts amoureux et surtout sa vie dans le Grand Nord canadien (sa vie dans «bush») comme une ode aux grands espaces, à ce territoire qu’ils aiment tant. Ils y décrivent leurs expéditions à travers le Yukon, leur quotidien dans une nature sauvage dans laquelle ils essaient de survivre avec leurs chiens, puis leurs deux enfants. L’écriture, qui alterne entre Kathryn et Roch, est fluide et contribue à rendre la lecture dynamique même si le livre (qui a été traduit de l’anglais) présente quelques expressions franchouillardes. Un excellent choix pour tout amoureux de la nature et des grands espaces. Dawson City, me voici !
À la soupe !
Le cinquième livre de Josée di Stasio est dédié aux soupes. Un incontournable en ce début hâtif de saison froide. Loin de la cuisine toujours impeccable, mais sans saveur de Ricardo, ce recueil de recettes saura titiller vos papilles gustatives et fait la part belle aux épices. Pas moins de 52 recettes de bouillons, de potages, de soupes-repas sont proposées. Avec parfois aussi peu que quatre ingrédients, elles sont à la portée de tous les chefs et même les plus fines bouches seront conquises. Nous avons essayé le Velouté de courge aux lentilles parfumées, la Caldo Verde aromatisée au chorizo d’inspiration portugaise et la Soupe chili végétarien, toutes trois ont remporté un vif succès à la maison. En plus des soupes, on retrouve pour notre plus grand bonheur 24 recettes de garnitures et 12 recettes d’accompagnements gourmands. Mention spéciale pour les superbes photographies de Dominique T Skoltz qui illustrent magnifiquement l’ouvrage.
CHEZ NOS LIBRAIRES
Librairie J.A. Boucher
Salut salut! Jean Lapierre, un homme du peuple
Le choix de Marcel Godbout, propriétaire de la Librairie J.A. Boucher se porte sur une autre biographie. «Qui n’a pas connu Jean Lapierre? Homme politique, chroniqueur politique et vedette avec un parcours hors du commun. Il était à mon sens un homme du peuple. Une personne accessible avec son franc-parler des Îles-de-la-Madeleine. Il est malheureusement disparu beaucoup trop tôt, le 29 mars 2016 dans un écrasement de l’avion qui le menait aux funérailles de son père aux « îles ». Salut salut! de la journaliste Marianne White, est un récit qui brosse le portrait d’un homme travaillant, rigoureux et fougueux, dont la force de caractère et l’humour l’ont aidé à surmonter de rudes épreuves. Voilà pourquoi j’ai choisi ce livre», souligne M. Godbout
Kadorama
Joe Beef, survivre à l’apocalypse
Le choix du propriétaire de chez Kadorama, Francisco Bélanger, grand amateur de plein air, de chasse et de pêche, s’est arrêté sur le livre « Joe Beef, survivre à l’apocalypse ». «Plus qu’un autre livre de recettes, celui-ci abonde en réflexions et en divagations sur différents sujets et propose des instructions pour faire son propre savon, des pastilles à l’épinette contre la toux et de précieux conseils pour remplir son cellier de préparations essentielles en temps d’apocalypse. Les auteurs Frédéric Morin, David McMillan et Meredith Erickson nous proposent une collection rafraichissante et sans prétention de 150 nouvelles recettes. Certaines figurent au menu des restaurants montréalais très réputés de Frédéric et David, d’autres sont inspirées des repas rassembleurs du dimanche soir à la maison ou des étés passés à la campagne autour d’un lac. Tout plein de noms de recettes à mettre l’eau à la bouche : Soupe au cresson avec quenelles de truite, Flanc de cerf à la bière, Croquettes de viande fumée, Pain des coureurs des bois, Épaule de porc marinée, pour n’en nommer que quelques-unes. Que vous vous terriez à cause d’une apocalypse zombie ou pour le simple plaisir de cuisiner à la maison, ce livre vous apprendra à faire les choses par vous-même et à vivre ou du moins à survivre avec classe.»
Librairie du Portage
Devenir de Michelle Obama
«Je crois d’ailleurs que c’est une des questions les plus bêtes qu’un adulte puisse poser à un enfant : Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grand? Comme si on cessait un jour de grandir. Comme si, à un moment donné, on devenait définitivement quelqu’un, et qu’alors tout devait s’arrêter. » Dès la première page, on peut lire cette citation. Cette dernière donne le ton à ce livre inspirant. Michelle Obama nous raconte sa vie humblement, avec audace et franchise. Ce livre nous fait, tour à tour, réfléchir à notre propre vie, au monde dans lequel nous vivons et à ce que nous désirons pour notre avenir ainsi que celle de nos enfants. En cette période où les femmes revendiquent haut et fort leur place, il est intéressant de lire l’histoire d’une d’entre elles qui a occupé une des fonctions les plus prestigieuses des États-Unis. De plus, elle a su rester fidèle à elle-même, à ses valeurs et à ses croyances. Une lecture parfaite pour terminer l’année et réfléchir à 2019 !
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