Flocon et la traversée du fleuve du Marsouin blanc
Par Johannie Dufour et Sarah Beauregard
Chaque année au pôle Nord, le dernier samedi avant Noël, les ours polaires organisent une grande compétition : la traversée du fleuve du Marsouin blanc, qui fait près de 100 km de largeur. Les oursons peuvent aussi participer en franchissant sa partie étroite, un respectable parcours de 25 km.
Sur la ligne de départ, où prennent place 57 nageurs, Flocon est à la fois nerveux et excité de concourir pour la première fois. Du coin de l’œil, il repère ses parents, sa mamie ainsi que ses amis de la garderie animalière et son éducatrice, le renne Rudolpha. Pour se calmer, il se répète les conseils que son papa, champion en titre, lui a prodigués lors de leurs entraînements dans la crique aux Banquises : « respire bien », « garde le rythme », « fixe devant toi »…
Quand le père Noël lance de sa grosse voix le « Ho! Ho! » du départ, Flocon se jette à l’eau avec détermination. Il commence en force et arrive à se maintenir parmi les premiers. Soudain, son copain Trépidant le dépasse à toute vitesse. Au bout d’un moment, il disparaît même à l’horizon! Se concentrant sur ses mouvements, Flocon redouble d’ardeur, si bien qu’il parvient à distancer les autres concurrents pour prendre seul la tête du peloton. Coups de pattes après coups de pattes, il se creuse une confortable avance.
Alors qu’il approche de la rive, il aperçoit Trépidant qui nage péniblement sur place. Flocon hésite un instant : voilà sa chance de gagner… mais s’il s’était trouvé à la place de son camarade, il aurait aimé qu’on lui porte secours. Mettant ses ambitions de côté, il s’arrête à la hauteur de son adversaire en mauvaise posture.
— Tu y es presque, dit-il, n’abandonne pas maintenant!
— Je n’ai pas la force de continuer, soupire l’ourson.
— Mais oui, viens!, l’exhorte Flocon.
Grâce à des encouragements et à quelques poussées, Flocon réussit à amener son compagnon jusqu’au fil d’arrivée.
— 7e position ex æquo, se désole Trépidant… Si tu ne m’avais pas aidé, tu serais champion.
— Peut-être, répond Flocon, mais mon papa dit que l’entraide est ce qu’il y a de plus important.
— Oui, mais gagner est ce qu’il y a de plus amusant!, réplique son ami. En tout cas, merci!
Quand les enfants rejoignent leurs supporteurs, tout le monde se précipite vers Flocon :
— Quel beau geste, mon grand, je suis fière de toi, s’émeut sa mère.
— C’est mon fils!, répète son père à qui veut l’entendre.
— Bravo, tu as été prodigieux!, le félicite Rudolpha. Au fait, qui a gagné?
Personne n’est en mesure de lui répondre. Grâce à son esprit sportif, Flocon a marqué la compétition aussi sûrement que s’il l’avait remportée!
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