La rébellion de Muscade
Par Johannie Dufour et Sarah Beauregard
C’est l’heure du conte à la garderie animalière du pôle Nord. Rudolpha, le renne éducatrice, s’installe avec un livre joliment illustré dont le titre est : « La rébellion de Muscade ».
— Qui parmi vous aime les friandises?, demande-t-elle aux amis en guise d’introduction.
— Moi!!!, répondent en chœur Mistral le pingouin, Blanche la lapine, Flocon l’ours polaire, Tempête la renarde et Frimas le harfang des neiges.
— Dans ce cas, l’histoire que je vais vous raconter devrait vous plaire, affirme-t-elle en commençant sa lecture.
« Il était une fois le village des Sucreries, un endroit merveilleux où les maisons étaient en chocolat et les rues, en nougat. Là-bas, chaque type de friandises jouait un rôle précis, par exemple :
• Longues et minces, les Réglisses montaient la garde contre les Dents Sucrées;
• La tête penchée vers le sol, les Cannes en bonbon surveillaient les enfants;
• Collants à souhait, les Caramels dépoussiéraient les routes et les planchers;
• Habiles, les Bonshommes en pain d’épices assuraient l’entretien général.
Malgré la crainte de voir surgir les Dents Sucrées, tous semblaient parfaitement heureux. Or, une Bonne femme en pain d’épices du nom de Muscade était insatisfaite de son sort. Du matin au soir, elle devait réparer des toits, huiler des machines et ramoner des cheminées. Très souvent, elle jetait des regards envieux aux Réglisses, vaillantes sentinelles du village.
Un jour, Muscade en eut assez d’être confinée à sa fonction. Hardiment, elle se rendit à l’assemblée du conseil municipal où siégeaient le maire Ours-en-gelée et ses conseillers. À la période de questions, elle se lança :
— Monsieur le Maire, cela fait des centaines d’années que les Bonshommes en pain d’épices s’occupent de l’entretien du village des Sucreries. C’est injuste. J’exige de changer de métier; je veux monter la garde, comme les Réglisses!
Des exclamations étonnées accueillirent son discours. Le maire Ours-en-gelée proposa alors un tour de table afin d’obtenir l’avis de ses conseillers. À la grande surprise de Muscade, la plupart avouèrent qu’eux aussi aimeraient avoir la possibilité de changer de profession!
C’est ainsi qu’après avoir consulté l’ensemble des citoyens, le maire adopta un amendement aux règlements municipaux. Grâce à une Bonne femme en pain d’épices un brin rebelle, chacun pourrait désormais effectuer les tâches de son choix! FIN »
— J’étais sûr que les rebelles, c’étaient les méchants!, s’étonne Flocon l’ours polaire.
— Ça dépend, nuance Rudolpha, les rébellions pacifiques comme celle de Muscade peuvent être très bénéfiques. Mais maintenant, c’est l’heure de la collation. Qui veut un bonhomme en pain d’épices?
— Moi!!!, s’exclament les enfants, l’eau à la bouche.
« Merci pour l’inspiration, Muscade! », songe l’éducatrice tandis que ses protégés se ruent sur les délicieux biscuits de Noël.
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