Frayeurs dans la forêt
Par Sarah Beauregard et Johannie Dufour
Il était une fois une famille en quête du plus beau sapin qui soit pour décorer sa maison située dans le village de Mont-Noël. Le chien Grelot sur les talons, Anita guidait sa petite troupe entre les conifères enneigés en transportant un traîneau vide, tandis que Catherine fermait la marche, une scie à la main. Entre elles, leurs jumeaux de 6 ans, Mathieu et Nathan, gambadaient joyeusement.
Arrivés dans la zone réservée à l’autocueillette, ils observèrent plusieurs arbres et les exclurent rapidement : tantôt trop courts, tantôt trop hauts, certains étaient trop chétifs, d’autres trop larges… Puis, Nathan, qui s’était légèrement éloigné tout en restant visible de ses parents, s’écria :
— Venez voir : celui-là est PARFAIT!
Le rejoignant, tous s’extasièrent devant le fier sapin vert. Comme Catherine s’apprêtait à le couper, Mathieu remarqua d’étranges empreintes dans la neige et tira sur le manteau d’Anita. « Ça alors, on dirait des traces de, de… de yéti! », songea celle-ci en gardant son calme pour ne pas affoler les enfants. En vain : au même moment, un loup hurla au loin, et Mathieu lui fit écho en s’agrippant à la jambe de sa mère. « Que se passe-t-il donc? Cette forêt n’abrite que des animaux inoffensifs, comme des lapins enjoués, des écureuils espiègles, des chevreuils craintifs… » Certaine qu’il y avait une explication logique à tout ça, elle dit :
— Les enfants, restez avec Maman Catherine; je vais aller voir ce que c’est.
— Fais attention!, s’écrièrent-ils en se serrant l’un contre l’autre.
Accompagnée de Grelot, Anita entreprit de suivre les traces avec vigilance. Au son des hurlements de loup, qui se multipliaient en formant une mélodie inusitée, s’ajouta soudain une odeur de fumée. « De plus en plus bizarre », pensa-t-elle… Quelle ne fut pas sa surprise lorsque, débouchant dans une clairière, elle trouva Julien, l’inventeur du village. Chaussé de curieuses raquettes, celui-ci jouait d’un drôle d’instrument près d’un feu de camp!
— Julien!, s’exclama-t-elle. Tu nous as fait une peur bleue : un instant, j’ai cru qu’un yéti et une meute de loups faisaient la fête dans les bois!
— Ha, ha, s’esclaffa-t-il en grattant Grelot derrière les oreilles, désolé pour cette frayeur! Je testais mes dernières inventions : des raquettes ultralégères inspirées de l’abominable homme des neiges et un harmonica imitant divers canidés.
— C’est à s’y méprendre, en effet! Bon, je ferais mieux d’aller rassurer tout le monde. À bientôt!
Faisant demi-tour, elle retourna vers les siens et leur raconta sa découverte, ce qui les fit rire de bon cœur. Comme Catherine s’attelait finalement à scier l’arbre, il se mit à neiger à gros flocons, si bien que quand le sapin fut installé dans le traîneau, on ne discernait plus les sentiers. Se consultant du regard, les deux femmes constatèrent qu’elles n’étaient pas certaines du chemin à suivre…
Alors qu’elles cherchaient comment présenter la situation aux enfants sans déclencher une nouvelle frousse, Octave, le cardinal magique de Mont-Noël, apparut. Avec un air coquin, il sautilla frénétiquement dans la neige. S’approchant, Catherine vit qu’il avait tracé une flèche.
— Allez, rentrez chez vous, dit l’oiseau en lui faisant un clin d’œil.
— Merci, Octave!, répondit-elle avec soulagement.
Empruntant la direction indiquée par la flèche, la petite famille regagna sa maison sans encombre. Assurément, décorer le sapin de Noël leur ferait à tous le plus grand bien après cette journée riche en émotions!
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