Un filet pour les proches aidants: Nadine accueille sa mère
Rivière-du-Loup – En avril dernier, Nadine Pelland et sa famille accueillaient sa mère, Thérèse Mainville, dans son domicile de Rivière-du-Loup, pour l'accompagner dans son cheminement de fin de vie. Le 11 juillet dernier, c'est avec générosité que les deux femmes témoignaient en toute simplicité de leur expérience très particulière, avec le souhait sincère de pouvoir aider d'autres personnes dans des situations similaires.
Thérèse Mainville est décédée le 26 juillet, à la Maison Desjardins, entourée de sa famille. Les propos de l’entrevue sont racontés dans ce dossier spécial touchant et rempli d’émotions.
Thérèse, qui habitait alors à Laval, venait d'apprendre que son cancer du poumon, devenu généralisé, ne pouvait pas se guérir. Elle confie alors à sa fille qu'elle ne souhaite pas mourir en ville, entourée de bruit et de béton, mais plutôt près de la nature. Spontanément, Nadine souhaite que sa mère vienne vivre avec elle, sa fille et son conjoint, dans leur maison à proximité du fleuve, des arbres et des chants d'oiseaux. Elle en parle également à son fils, qui étudie à l’extérieur, ainsi qu'à sa sœur qui a de jeunes enfants. Obtenant l'appui de tous, Nadine annonce la nouvelle à sa maman lors d'une visite pour Pâques et ramène Thérèse avec elle à Rivière-du-Loup.
PAS TOUT PRÉVU
Bien que Nadine et sa famille aient pensé à beaucoup de détails, comme l'aménagement de la maison et des précautions de sécurité, ils n'avaient certes pas tout prévu. « Nous n'avions pas réfléchi à toutes les conséquences et les implications de ce geste dans notre quotidien, aux complications par rapport à nos horaires de travail, aux déplacements fréquents et à l'explosion des émotions des membres de la famille entourant cette situation », exprime Nadine, qui est directrice générale du Centre d'Entraide l'Horizon.
Thérèse a passé deux séjours à la Maison Desjardins des soins palliatifs pour des ajustements de médication et un séjour à l'hôpital puisqu'elle a malheureusement contracté une infection des voies respiratoires. « Ces épisodes ont été très difficiles à vivre. En plus du stress émotif que ça nous causait, nos horaires devenaient impossibles à gérer avec ses déplacements supplémentaires, indique-t-elle. Je ne voyais plus mon conjoint et je m'absentais de mon travail. Tout aurait pu exploser! »
5 CONDITIONS POUR LA RÉUSSITE
Nadine prend alors conscience qu'elle aura besoin d'aide pour y parvenir et elle contact Sylvie Chevalier au Comité d'accompagnement La Source. En plus d'offrir le soutien de trois bénévoles de La Source, celle-ci la dirige également vers l'équipe de soins à domicile et des soins palliatifs du CLSC ainsi qu'au Centre d'action bénévole des Seigneuries, entourant Nadine de toute l'aide disponible.
« J'ai découvert un réseau de services professionnels ultra efficaces, comme un grand filet de sécurité, que je ne connaissais pas du tout, même si je travaille dans le milieu communautaire, précise Nadine. La communication entre tous ces intervenants, incluant le CSSS et même les pharmaciens, est incroyable. Sans toutes ces personnes dévouées qui gravitent autour de ma mère et moi, je n'y arriverais tout simplement pas. »
À présent, Nadine constate que cinq conditions sont nécessaires, pour elle, pour la réussite de cette expérience. « Selon moi, nous devons accepter de vivre toutes sortes d’émotions. L’ouverture d’esprit, la volonté et l’acceptation de toutes les personnes vivant sous le même toit est indispensable. Le lieu physique doit être adaptable et sécuritaire. Par exemple, la maison de ma sœur ne permettait pas l’accueil de ma mère et de son fauteuil roulant. Il faut pouvoir négocier et aménager son horaire de travail différemment. Pour finir, il faut mettre en place tous les services offerts le plus rapidement possible. Les gens qui attendent trop longtemps se privent d’un accompagnement confidentiel professionnel qui facilite le cheminement de fin de vie pour la personne malade et pour l’entourage également. Moi, je leur conseille de ne pas hésiter, de ne pas attendre et de leur faire confiance. »
« On apprend l'enchainement à mesure mais ça vaut la peine, juste pour les moments qu'on partage au quotidien, c'est le plus précieux, témoigne-t-elle. Pour moi, c'est tout à fait naturel de prendre soin de ma mère et de lui offrir le soutien qu'elle a besoin. Ça fait partie de l'amour! »
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Ça permet de connaître nos priorités et d'y réfléchir concrètement.