Performance inspirante pour Line Pelletier à la Diagonale des Fous
Il y avait d’abord ces 165 kilomètres dans les montagnes de l’île de la Réunion, puis plus de 10 200 mètres de dénivelé positif et enfin un mauvais virus qui ne semblait pas vouloir déguerpir. Mais malgré les épreuves et les imprévus qui se sont présentés, Line Pelletier a terminé avec succès la Diagonale des Fous, l’une des courses d’ultra-trail les plus exigeantes au monde.
L’athlète de Rivière-du-Loup a franchi la distance de plus de «100 miles» en 56 heures, 31 minutes et 29 secondes, soit près de 10 heures plus tôt que la limite fixée de 66 heures. Elle est partie dans la soirée de jeudi pour finalement traverser la ligne d’arrivée peu avant 6 h, dimanche matin. Une performance inspirante à plusieurs niveaux.
«Mon objectif était de réussir l’épreuve en 50 heures, mais considérant que j’ai été malade avec une gastroentérite dans les jours précédents le départ, et que je n’étais pas à 100 % pendant la course, je suis contente d’avoir terminé dans les temps. C’est déjà un bel exploit», a partagé humblement la coureuse, rejointe sur l’île de l’océan Indien, en début de semaine.
Depuis 30 ans, la Diagonale des Fous est la course en sentier la plus importante organisée sur l’île de la Réunion et elle fait partie des rêves de nombreux coureurs à travers le monde. Les concurrents commencent l’épreuve par une ascension du massif du Piton de La Fournaise, un volcan actif. Ils poursuivent ensuite leurs efforts dans les cirques, pitons et remparts classés au patrimoine mondial de l’UNESCO en empruntant aussi le territoire du Parc National de La Réunion.
Il s’agit d’un terrain ardu, escarpé et fourni de roches, de racines et de boue. Un parcours de contrastes entre les descentes vertigineuses et les abrupts interminables, entre milieu aride et forêt humide, entre les journées chaudes et nuits fraiches.
«La course ne porte pas son nom par hasard, a souligné la coureuse louperivoise qui a pris la 1 507e place sur les 1 887 personnes qui ont franchi la ligne d'arrivée. C’est un parcours très technique. On n’en finit jamais avec les dénivelés. On dort aussi difficilement et le mental est mis à l’épreuve.»
Après une première nuit difficile, Line Pelletier ne savait d’ailleurs pas trop si elle allait réussir à terminer la distance sur ses pieds, mais elle y est parvenue. Non loin du 50e kilomètre, elle a aussi été rattrapée par un ami. Le duo s’est encouragé jusqu’à la fin, s’assurant d’être présent l’un pour l’autre quand le moral n’y était plus.
«Une course comme celle-là, c’est environ 80 % mental, 20 % physique. Tu as beau être très bien préparée, si tu n’as pas le vouloir ou la persévérance, ça ne fonctionnera pas […] Mais il faut continuer et lutter, puisque les mauvais moments finissent par passer», a partagé l’athlète.
Line Pelletier ne s’en cache pas, l’expérience a été très formatrice. Même si elle s’était entrainée pour cette épreuve au cours des derniers mois et qu’elle avait l’expérience de l’île de la Réunion pour avoir participé l’an dernier à La Mascareignes, la course de 70 kilomètres, difficile de réellement se préparer à une expérience aussi unique.
«Ça ne fait pas non plus très longtemps que je fais de longues distances, surtout avec des nuits en sentier, alors j’ai encore beaucoup à apprendre pour la gestion de l’alimentation et du sommeil, a-t-elle confié. Aussitôt qu’on dépasse la distance de 50-60 km, il y a beaucoup de gestion qui entre en ligne de compte. C’est complètement différent et il faut avoir des stratégies, travailler certaines choses.»
«Pendant la course, j’ai par exemple réalisé que prendre de petits repos et bien manger, ça peut complètement changer la donne et faire une grande différence. Il faut parfois prendre le temps d’arrêter un petit moment pour pouvoir mieux continuer…comme dans la vie finalement.»
À l’automne 2020, Line Pelletier avait complété 204 montées de la côte Saint-Pierre lors du Macadam Ultra du Défi Everest de Rivière-du-Loup, devenant du même coup la première femme dans l’histoire [du défi] à franchir le cap des 200 montrées. Un réussite qui a cimenté sa volonté de courir de longues distances en sentier.
L’athlète est revenue au Québec le 26 octobre. Si elle ne sait pas ce qui l’attend au cours des prochains mois, elle est déjà ouverte à repartir. Parce qu’un défi n’attend pas l’autre.
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