Marie-Pier Boureau-Gagnon, meilleure que jamais
Montréal – Marie-Pier Boudreau-Gagnon a survolé la compétition à Open de Chine de nage synchronisée disputé la fin de semaine dernière, à Zhangjiagang. Première au solo libre et au solo technique, la nageuse qui est membre de l’équipe nationale depuis 1998 a poursuivi sa lancée amorcée une dizaine de jours plus tôt au Japon.
En effet, l’athlète originaire de Rivière-du-Loup était montée trois fois sur le podium à l’Open du Japon, enlevant l’or en solo et combo, ainsi que l’argent en duo en compagnie de Chloé Isaac.
L’équipe de Sportcom a donc arrêté son choix sur elle à titre de l’Athlète de la semaine du 17 mai.
Un nouveau souffle sur l’équipe nationale
Boudreau-Gagnon pratique la nage synchronisée depuis plus de 20 ans et dès le début, elle a avait déjà un modèle à suivre.
« Dans notre famille, nous étions obligés de pratiquer un sport et je ne cacherai pas que j’excellais dans peu de sports. Finalement, ma mère m’a suggéré la nage synchronisée et j’ai vraiment aimé ça dès la première année. »
Quelques semaines plus tard, la fillette voyait Sylvie Fréchette nager aux Jeux olympiques de Barcelone et remporter une médaille d’argent, médaille qui allait ensuite se transformer en une d’or.
Dominante des années 1980 jusqu’au milieu des années 1990, l’équipe canadienne de nage synchronisée a fait la pluie et le beau temps sur la scène internationale, notamment grâce à Fréchette, Carolyn Waldo et aux sœurs Vicky et Penny Vilagos. Après le creux de vague survenu à la suite des Jeux olympiques de Sydney (2000), l’équipe canadienne semble maintenant avoir renoué avec son glorieux passé depuis les deux dernières années, notamment grâce à une quatrième place à la compétition par équipe obtenue aux Jeux olympiques de Pékin.
« Ce classement a vraiment été un tremplin », croit celle qui est la vétéran de l’équipe. « J’étais aussi dans l’équipe lorsque ça allait un peu plus mal et il y a aussi eu une grosse restructuration chez Synchro Canada. L’arrivée des sœurs Julie et Denise Sauvé au Centre national a fait en sorte que le climat avec les entraîneures s’est beaucoup amélioré. Ajoutez à cela le nouveau Centre des sports aquatiques au Stade olympique, tout était dans la balance pour que je continue à nager. »
Un an plus tard, aux Mondiaux aquatiques FINA disputés à Rome, Boudreau-Gagnon et ses coéquipières confirmaient le retour du Canada sur l’échiquier mondial en méritant deux médailles, dont une de bronze à l’épreuve en solo. Il s’agissait d’une première individuelle canadienne après une disette de 15 ans.
« Cette médaille individuelle a pesé lourd dans ma décision de poursuivre jusqu’à Londres, en 2012 », reconnaît-elle.
On lui pose la question : l’époque glorieuse de l’équipe canadienne serait-elle sur le point de renaître?
« Oui, vraiment, et on le sent lorsque nous sommes en compétitions », lance Boudreau-Gagnon sur un ton affirmatif. « Maintenant, tout le monde se déplace pour venir nous voir nager à l’entraînement. Je pense que nous avons vraiment semé le doute chez d’autres équipes nationales et elles savent que le Canada a des possibilités de médailles aux Jeux de Londres. »
Sachant qu’elles peuvent maintenant rivaliser avec les meilleures au monde, les nageuses gagnent évidemment en confiance. Toutefois, cette situation n’allège en rien l’ambiance qui règne pendant les entraînements selon Marie-Pier Boudreau-Gagnon.
« Au contraire, les entraîneures ont maintenant des exigences plus grandes et les filles se fixent des objectifs qui sont de plus en plus élevés, car nous voyons que notre potentiel augmente à chaque compétition. Nous sommes plus battantes que nous l’étions auparavant. »
Quand l’excellence passe par Metallica
Contrairement à d’autres sports jugés comme le plongeon, par exemple, les résultats visés peuvent se faire attendre en nage synchronisée, car les juges préfèrent voir les routines plusieurs fois avant de donner un maximum de points. Cette façon de faire a changé la façon dont la nageuse de 27 ans voit son sport.
« Celles qui s’attardent trop aux résultats se limitent. Je pense que tu as plus de chances de t’améliorer si tu y vas pour une performance. Moi, mon objectif premier, c’est toujours de m’améliorer, plutôt que d’obtenir un résultat. »
D’ailleurs, l’étudiante en administration à l’Université du Québec à Montréal appose la phrase suivante au bas de sa signature dans ses courriels : le pire ennemi de l’excellence, c’est le confort. Et c’est ce qu’elle met en pratique à tous les jours, tant dans la piscine que sur les bancs d’école.
« Ce n’est pas simple pour personne de sortir de sa zone de confort, mais à long terme, on y prend goût. C’est déstabilisant au premier moment, mais c’est en voyant le résultat final que l’on se rend compte que tes limites sont beaucoup plus hautes que ce que tu pensais au départ. »
Boudreau-Gagnon et Isaac sont donc passées de la parole aux actes en préparant une routine sur une musique de… Metallica. Cela n’est toutefois pas sans risque, car on se rappellera que la patineuse artistique Joanie Rochette avait patiné sur les airs de Little Wing de Jimi Hendrix, il y a quelques années, ce qui n’avait pas automatiquement emballé les juges.
« Nous avons voulu jouer d’audace et nous voulons prouver que nous pouvons modifier nos styles Je pense que les juges dans notre sport sont de plus en plus ouverts à l’innovation. Notre routine a été très bien reçue jusqu’à maintenant. Quand c’est bien fait, c’est dur de ne pas trouver ça beau. »
Collaboration: Mathieu Laberge, Sportcom
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