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Du canard à son juste prix

durée 24 mars 2024 | 16h55
Pierre Jobin
duréeTemps de lecture 3 minutes
Par
Pierre Jobin

Pour les fêtes, je me suis payé un petit luxe : deux beaux gros canards élevés par un producteur local Apprêtés professionnellement par mes deux fils qui travaillent en restauration, ils ont été les vedettes d’un de nos repas du temps des fêtes. Il faut dire que chaque canard valait son pesant d’or. Mais comme je l’ai appris, chaque caneton avait couté au producteur la somme de dix dollars et le simple fait de les faire abattre très loin de sa ferme lui en coutaient vingt par canard. Avant même de pouvoir amortir le coût de la nourriture, des installations, du transport entre la ferme et l’abattoir, chaque canard lui avait déjà couté la somme de trente dollars. Ceci dit, je suis prêt à récidiver lorsque l’occasion se présentera.

Le producteur de poulets chez qui je m’approvisionne affronte un problème similaire. Le coût d’abatage d’un poulet est fixe, que la bête en question pèse deux ou quatre kilos : l’abattoir va lui charger le même prix par tête de pipe. Par choix, il produit un poulet d’environ deux kilos. En partant, c’est un poulet plus cher à produire. Personnellement, c’est un choix qui me convient tant du point de vue de la qualité que celui de la quantité. Mais cela impose une contrainte supplémentaire aux petits producteurs locaux sachant qu’ils doivent parcourir des centaines de kilomètres pour faire abattre leur production.

Toutes nos infrastructures agro-alimentaires ont été conçues pour répondre prioritairement aux besoins du modèle industriel avec les conséquences économiques et environnementales qui en découlent et dont nous sommes témoins. L’aide gouvernementale est souvent également orientée vers les plus grosses entreprises.

En quelques décennies, le nombre de fermes au Québec a fondu comme neige au soleil. Par exemple, « entre 1976 et 2002, le nombre de fermes est passé de 51 600 à 32 139 sur le territoire québécois, une baisse de 37,7 % » (1) Le nombre de fermes n’est pas simplement une question environnementale et économique. Cela concerne notre capacité à occuper le territoire et en même temps cela interroge notre volonté de protéger nos terres agricoles.

L’occupation du territoire n’est pas seulement une vue théorique. Un territoire agricole et rural qui se désertifie, ce sont des écoles qui ferment et des services de proximité qui disparaissent enclenchant ainsi un cercle vicieux. La disparition des commerces, des épiceries locales ainsi que des services publics, additionnée à la fermeture des bureaux de poste et des caisses populaires finissent par miner les capacités de développement et d’attractions des petites municipalités.

Au niveau mondial, il est généralement reconnu que ce sont les petits paysans et agriculteurs locaux qui produisent la majorité de la nourriture à travers le monde et non l’agriculture industrielle. C’est une raison pour laquelle un organisme comme Développement et Paix, dans sa campagne du Carême, nous invite à être solidaire de ces derniers qui nourrissent la planète tout en la protégeant. (2)

Le soutien aux petits producteurs locaux est aussi une condition essentielle si on tient réellement à assurer et à maintenir une autonomie alimentaire régionale et nationale. Produire des aliments à des centaines, sinon des milliers de kilomètres de leur lieu de consommation nous fragilise en plus de nécessité une trop grande dépense en énergie fossile. Dans un monde où le transport est en grande partie responsable de la production des gaz à effet de serre, ceci ne peut pas nous laisser indifférent.

Les marchés de Noël – entre Saint-Pascal et Québec

Originaire de la ville de Québec, je n’avais jamais fréquenté le célèbre marché de Noël allemand. Je me suis enfin décidé à le faire cette année en compagnie de nos petits-enfants. Je vous avoue avoir été un peu déçu, notamment après avoir visité celui qui s’est tenu au marché de Saint-Pascal. J’avoue être tombé sous le charme de ce dernier comparativement à celui de Québec qui avait toutes les allures d’un immense attrape-touristes. Grâce à l’apport de nombreux producteurs, productrices, artisanes et artisans locaux, le marché de Saint-Pascal nous offrait une profusion d’articles et de produits qui rivalisaient aisément avec les petites bouteilles décoratives de sirop d’érable du marché de Québec. Bref, encore une fois, mon choix se porte vers la production locale et les services de proximité.

 

  1. Le Devoir, Au Québec, une ferme sur trois a disparu en 25 ans, 7 janvier 2003 https://www.ledevoir.com/societe/17700/au-quebec-une-ferme-sur-trois-a-disparu-en-25-ans
  2. Développement et Paix, Cultivons nos droits, https://devp.org/wp-content/uploads/2023/12/FR_2024_minimag.pdf

Crédit photo : Ferme La Borderie, Saint-Joseph de Kamouraska

 

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