Anacha Rousseau et Rebecca Hamilton du Musée du Bas-Saint-Laurent.
«Sans titre (2 modules blancs» de Pierre Granche, 1970.
Le Musée en mode abstrait
Andréanne Lebel
Forces vives : Trajectoires de l’abstraction, ça vous dit quelque chose ? C’est le nom de la toute nouvelle exposition du Musée du Bas-Saint-Laurent, mise en place par son conservateur Rebecca Hamilton.
L’institution muséale sort ainsi des sentiers battus et défie les conventions en refusant d’exposer les tableaux et sculptures en un ordre chronologique. La mise en espace a plutôt été pensée en thèmes, couleurs et inspirations.
Dans un corpus s’étalant des années 1960 à 1990, la collection du Musée maintenant exposée contient certaines œuvres abstraites qui n’avaient encore jamais été vues par les visiteurs. On compte cinq grandes trajectoires qui ont permis de faire un classement parmi des styles plus géométriques vers des œuvres davantage gestuelles ou lyriques.
«Elles n’ont pas de signification fixe, c’est aussi aux visiteurs d’en faire leur propre interprétation», répète le conservateur, pendant la visite guidée à laquelle j’ai eu accès le 8 novembre. Il s’agissait d’une première mouture de ce que les curieux pourront vivre le 15 novembre lors de la visite guidée ouverte au public à 19 h.
Certaines s’inspirent de l’astrologie, la cosmologie, ou encore la mécanique quantique, tandis que d’autres, plus lyriques, évoquent plutôt des liens avec la musique. Un tableau monochrome bleu scintille au tout début de l’exposition, dès qu’on entre dans la salle, il saisit le regard. Cette œuvre, de l’artiste Claude Tousignant, a été réalisée en 1959. Le tableau devient lui-même un objet plutôt qu’une représentation d’autre chose. La démocratisation de la photographie, à l’époque, pousse les artistes à évacuer les références à la réalité et à se tourner vers l’abstraction. (Je reformule ici les propos de Rebecca Hamilton, vous saurez me dire si je les exprime bien).
Photo : Andréanne Lebel
On retrouve aussi un tableau de Jean-Paul Riopelle dans la collection du Musée, intitulé «Oies sauvages» #59. Il fait la liaison entre la portion «imaginaire» et l’autre section plus «géométrique» de cette exposition, à cheval entre ces deux définitions.
Photo : Andréanne Lebel
Je note aussi l’incorporation de l’œuvre «Jardin d’une nuit» de Michèle Bernatchez, qui sort la tapisserie de son carcan d’artisanat pour en faire un objet d’art abstrait. La juxtaposition des formes colorées rappelle énormément les autres œuvres de l’exposition, sur un médium totalement différent.
Photo : Andréanne Lebel
En fond de salle, on retrouve trois grandes forces vives de l’abstraction, soit Jacques Hurtubise, Jean McEwen et Robert Wolfe avec des pièces colorées et éclatées.
COUP DE CŒUR
J’ai été davantage touchée par une œuvre un peu plus mystérieuse et moins exubérante, tant par ses couleurs que par sa présentation. Elle avait à mon avis toutes les raisons d’être exposée au même titre que les autres. «Sans titre» de Lucie Laporte s’inspire de cultures traditionnelles pour suggérer une nouvelle forme d’écriture avec des signes qui renvoie à l’écriture hiéroglyphique ou encore la devanagari, utilisée en Inde. Elle traduit à mon avis simplement son bagage culturel intérieur.
Photo : Andréanne Lebel
Il m’est malheureusement impossible de passer en revue l’intégralité des pièces que j’ai pu observer et interpréter lors de ma visite. Je vous invite donc à découvrir cette toute nouvelle exposition itinérante qui saura certainement rejoindre chacun d’entre vous par sa diversité et l’unicité de chacune des œuvres présentées. Elle sera présentée jusqu’au 7 janvier 2018 au Musée du Bas-Saint-Laurent. La visite guidée permet de voir d’un tout autre angle la démarche qui se cache derrière toutes les pièces qui sont présentées dans la salle.
Ma note : Sur une échelle de 1 à Azimut, je l’évalue à pomme sur l’échelle de Richter (j’espère que c’était assez abstrait).
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.