Attitude

Retour à l’atelier où je fléchis et réfléchis la matière animée par quelques idées en jachère, des trucs qui hantent mes jours et mes gestes depuis trop longtemps. Des heures de réflexions se sont déposées sur le papier sous forme de mots, de lignes, formant parfois des textes, des poèmes, des croquis et des dessins, un curieux chantier de sculptures, peintures et installations en devenir. Voilà essentiellement le processus créatif qui m’habite, ce devoir de création qui permet la libre expression de ce qui m’anime au-delà des gestes et des mots. Pour moi ce n’est pas une lubie, c’est un appel profond, un besoin.

Chacun de nous est animé, à différents degrés, par ce besoin définitif de modeler par la création les sentiments, les idées et les opinions qui se logent, grandissent et s’incarnent en nous. L’actualisation formelle de tout cela dépend plus largement de la confiance que l’on développe non seulement en nos moyens, mais également dans la charge de travail invisible et soutenu que cela exige. Engendrer de la matière dite culturelle n’est pas un art tant qu’une somme importante de travail, de maitrise et de réflexion.

Assumer

Assumer son propre potentiel créatif est un cheminement en soit, une responsabilité et un devoir de cohérence ne serait ce que pour mesurer l’impact de notre production auprès des personnes qui le reçoivent. Disons simplement qu’il est plus confortable et moins hasardeux de  se camper dans un rôle socialement plus conventionnel. Se définir par un groupe social, un métier, une nationalité tient du référentiel culturel, de l’évidence et parfois même de l’exclusivité. En terme clair j’appartiens à un ensemble homogène qui prend sens pour la majorité des gens. Se définir de façon plus singulière pour ses idées, ses opinions et son potentiel créatif est plus délicat. Inévitablement, cette posture qui ne demande qu’à être pleinement assumée expose nos vulnérabilités et nos doutes également.

Culture

La véritable identité d’un peuple se forge par la vivacité et la force de sa culture toutes disciplines confondues. La pensée créative engendre les rêves et donne naissance aux désirs les plus nobles, elle invente à mesure l’imaginaire collectif déterminant par le fait même l’histoire et la mémoire émotive d’une nation. Maurice Richard ne serait pas Maurice Richard sans les mots, les images, les photos, les poèmes, les peintures et les films qui ont contribué à le rendre immortel dans notre imaginaire collectif. Se nourrir de la culture c’est en apprendre sur soi, mais aussi sur le monde dans lequel on navigue, à vent fort et vagues vigoureuses.

Menace

L’actuel effondrement des paradigmes sur lesquels reposent nos sociétés s’est accentué à une vitesse folle ébranlant nos convictions, mais pire, la réalité elle-même. L’humanité sombre actuellement dans l’abysse de la non-vérité et du factice, une réalité déformée par les médias sociaux, l’intelligence artificielle et la monté sans complexe des technos fascistes qui, tels des terroristes, on prit le contrôle des grandes démocraties mondiales pour les détourner à leurs propres fins. À ce moment précis de l’histoire, ce processus de déshumanisation attaque sur tous les fronts l’humanité dans ses droits, ses rêves et surtout dans sa capacité à réfléchir de façon libre et autonome. Alors, prenez grand soin des rêveurs, des créateurs et des artistes, ils seront tellement précieux pour la suite. Parce qu’à l’évidence, les politiciens, les grands financiers et les ultras riches ont lâchement échoué. Pire, ils sont devenus l’ennemi…

«Si ce n’est pour la culture, alors pourquoi nous battons nous ?»
Winston Churchill «L’art sauvera le monde»
Fiodor Dostoievski «L’art c’est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art»
Robert Filliou