L’Énigme du BigBoss
Julie, une secrétaire aussi jolie que compétente, arrive au bureau ce lundi matin de décembre et voit avec surprise qu’il y a de la lumière dans le bureau de son patron, monsieur BigBoss. D’habitude celui-ci n’arrive jamais au bureau avant 10 ou 11 heures, le lundi !
Julie accroche son manteau à la patère, dépose son sac à main près du clavier de son ordinateur et s’avance vers la porte ouverte du bureau de monsieur Bigboss. Mais aussitôt elle se fige, étouffe un hurlement puis court téléphoner à la police. Elle vient d’apercevoir son patron gisant dans une mare de sang ! Dans sa main droite, il tient encore un revolver de fort calibre.
Les policiers arrivent vite : un sergent-détective à l’haleine chargée et un jeune agent en tenue. Ils inspectent la pièce tout en interrogeant négligemment Julie. Soudain, l’agent remarque un magnétophone sur une petite table, près du mort. Il appuie sur PLAY et on entend alors une voix d’outre-tombe, celle de monsieur BigBoss, qui déclare : « Je ne veux plus continuer de vivre. Mon existence n’a plus de sens. » Puis deux secondes de silence, puis BANG ! le bruit assourdissant d’un coup de feu.
—Bon, je crois qu’on peut classer l’affaire , déclare le sergent-détective. Suicide caractérisé, avec dernier message et tout.
—Jamais ! s’exclame alors Julie. Mon patron ne s’est pas suicidé, il a été assassiné !
—Je comprends votre chagrin, ma petite dame, répond le sergent avec un sourire ambigu. Votre patron était peut-être un peu plus qu’un employeur ?
—Je ne vous permets pas !… commence Julie, les joues en feu.
—Je n’ai pas besoin de permission, rétorque le sergent. Nous avons là un suicide, c’est tout. Tout le prouve, et j’ai plus confiance aux preuves tangibles qu’aux intuitions féminines.
—Je m’excuse, sergent, intervient alors le jeune agent en uniforme, mais je pense bien que la petite dame a raison. Et je peux le prouver de façon tangible.
Qui a raison? Pourquoi? Quelle est donc la preuve dont parle le jeune agent en uniforme?
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Deuxième hypothèse : la jeune et jolie secrétaire, tannée des avances incessantes et lubriques de M. Bigboss, l'aura fait assassiner.
J'ai juste ? Non ?
Julie : Il n’y a pas que ce magnétophone dont la bande a été remise au début. Fortunat… Je veux dire… M. BigBoss était gaucher, donc il ne peut pas avoir mis fin à ses jours de cette façon, c’est impossible!
Sergent : Ma petite dame, vous savez, on est lundi matin, les Fêtes approchent, et un meurtre à ce temps-ci de l’année ça fait beaucoup beaucoup de travail et surtout bien de la paperasse à remplir…
Julie : Mais quel genre de policier êtes-vous donc? Vous devez trouver le coupable.
Le jeune agent : Je vais porter l’arme au laboratoire. Peut-être y trouverons-nous des empreintes ou quelques indices. Et je vais aller interroger les voisins. Peut-être quelqu’un a remarqué quelque chose d’inhabituel. Et vous, mademoiselle, vous n’avez rien remarqué lorsque vous êtes entrée?
Julie : J’étais sous le choc, mais j’ai quand même remarqué que la porte du bar était ouverte et j’ai senti une forte odeur de cognac, mais mon patron ne boit… ne buvait... que du gros gin. Rien d'autre.
Jeune agent : Vous lui connaissiez des ennemis?
Julie :
Quelqu’un veut s’amuser à en écrire un autre petit bout? Ça risque d'être pas mal amusant.
Julie: Je ne lui connaissais comme ennemis que les propriétaires du bar voisin de nos bureaux. Ils voulaient agrandir et lui ont récemment demandé de leur vendre mais il ne voulait pas. Ils ont insisté et sont même allés jusqu'à le menacer la semaine dernière.
Puis, elle ajouta: Et de plus, je sais que sa femme avait une aventure...
Sergent-détective: Bon d'accord, on va jeter un coup d'oeil rapide de ce côté mais je crois toujours à la thèse du suicide, vous savez! Je n'ai pas l'intention de passer plus de temps qu'il n'en faut sur ce dossier. J'en ai des centaines qui attendent sur le coin de mon bureau et dont l'issue est beaucoup moins évidente que celle-ci.
Julie est ensuite allée parler à l'agent en uniforme car elle trouvait vraiment que le sergent-détective voulait boucler cette affaire trop vite. Elle avait un doute sur son honnêteté (pour moi, une haleine chargée, ça voudrait dire qu'il sent l'alcool. Est-ce que je me trompe?). Elle lui a demandé s'il pouvait faire quelque chose mais il n'est pas l'officier responsable du dossier et ne peut donc que parler au responsable du poste où il est affecté afin de savoir si le sergent-détective avait des intérêts dans le bar en question...
Cependant, bien qu'elle ne lui eu "pas permis" cette réflexion, la secrétaire avait en quelque sorte menti au policier. Elle avait bien eu une liaison avec son patron, qu'elle avait dévoilée à sa femme vu qu'il voulait tout arrêter.
L’enquête n’était qu’au début. Mais une petite chose turlupinait le jeune agent. Une chose qu’il parvenait difficilement à s’expliquer. Il en fit aussitôt part au sergent pour voir s’il pouvait y trouver une explication logique.
Jeune agent : Sergent, il y a un truc qui cloche dans toute cette histoire. M. BigBoss semblait attendre son assassin, car nous avons su qu’il n’arrivait jamais si tôt un lundi matin et la lumière encore allumée à notre arrivée prouve qu’il est arrivé tard hier soir ou même cette nuit. Mais le patron était certainement un homme très intelligent. Pourquoi aurait-il accepté d’enregistrer ce faux message de suicide sur le magnétophone puisqu'il savait que son visiteur était là dans l’unique intention de le tuer et qu’il s’en servirait pour maquiller son propre crime? Il aurait pu tenter de se défendre, mais il n’y a aucune trace de lutte. Il semble avoir baissé les bras, pourquoi?
Quelqu’un a sûrement une explication logique.;o) J'attends de voir....
Le coffre-fort était-il ouvert, y avait-il des papiers d'assurance ou son testament sur son bureau?
Jeune agent : Je n’en reviens pas. Vous êtes bien comme votre grand-père qui en charge de l’enquête à l’époque n’est jamais parvenu à élucider l’affaire de la chambre close du 1313. C’est vous qui me l’avez raconté… Vous avez de qui tenir, mais moi, je vous promets que je trouverai l’assassin.
Nous avons déjà plusieurs éléments d’enquête.
M. BigBoss devait connaître l’individu en question, il semblait l’attendre. Sans doute lui avait-il donné rendez-vous à son bureau, car il ne venait jamais à cette heure.
D’après sa secrétaire… quel est votre nom, mademoiselle?
Julie : Julie D’Amours..
Il enchaîna.
D’après mademoiselle Julie, le bar était ouvert et il y avait une forte odeur de cognac dans la pièce et son patron n’en buvait jamais. Faudrait faire relever les empreintes sur la bouteille : on a peut-être affaire à quelqu’un qui est fiché dans nos dossiers.
Des suspects, on en a déjà quelques-uns. Les propriétaires du bar d’à côté qui selon mademoiselle, lui ont récemment fait des menaces, car il ne voulait pas leur vendre. Sa femme, elle, avait une aventure, peut-être les deux tourtereaux ont monté un plan pour se débarrasser du mari gênant. Peut-être avait-il appris leur liaison.
À cet instant, une femme affolée entre dans le bureau.
-Fortunat, Fortunat, chéri… mais qu’est-il donc arrivé? Des policiers en uniforme ont bouclé le périmètre. Il n’était venu que pour chercher un dossier important.
Julie : C’est terrible madame ce qui arrive. Mon patron… votre mari…
La femme lui jette un regard froid : Toi, la ferme! Petite garce !
Sergent : Votre mari s’est suicidé, madame. Il a encore l’arme dans la main et a laissé une lettre d’adieu. On va faire emporter le corps, vous verrez aux funérailles. Ah, j’oubliais, je suis désolé pour vous, vous êtes pas mal jeune pour faire une veuve...
Jeune agent : Madame, j’aurais quelques petites questions. Qui héritera de la fortune de M. Fortunat et de ses biens? … de la bâtisse ici?
-Moi, bien sûr pour la moitié s’il n’a pas changé son testament. L’autre moitié devrait aller en parts égales à nos 2 fils : Pit et Ti-Bert. Si vous voulez interroger Ti-Bert, il travaille comme barman au bar d’à côté, c’est à 2 pas d’ici. Mais, vous, sergent, je vous y ai croisé souvent, vous êtes un habitué de ce bar. Mon fils m’a souvent parlé de vous et je dois dire que ce n’est pas tout à votre honneur…
Quelqu’un continue?
Je l'aimais, moi, et jamais je n'aurais voulu qu'il ait de la peine, contrairement à vous, mais j'avoue que je vous ai raconté notre histoire dans le but qu'il vous quitte pour vivre avec moi. Et là, il est mort... Ni vous ni moi ne pourrons plus jamais profiter de sa présence!
Policier: Pardon????! Mais vous avez laissé sous-entendre au sergent que vous n'aviez pas d'aventure. Cela fait de vous une suspecte, mademoiselle.
Ah, si seulement c'était moi qui avait les barrettes sur les épaules... j'aurais dû aller à l'Université!
Pourquoi ne pas continuer encore pendant une semaine? J'apporte ma pierre à l'édifice:
"Dans la pièce surchauffée, Julie la secrétaire (trop?) fidèle, l'épouse (infidèle?), le sergent-détective (trop expéditif) et le jeune et brillant agent en uniforme semblent avoir oublié le personnage principal, soit le pauvre Fortunat BigBoss (le seul qui continue à refroidir...). jusqu'à ce que soudain, du magnétophone toujours en marche, (ben oui, personne n'a pensé à peser sur STOP...) une voix étrange s'élève. Voix d'homme? Voix de femme? Difficile à dire. Et cette voix ne prononce qu'une phrase:
—C'est vrai que ton existence n'a plus de sens. Inutile que tu continues de vivre. Puis BANG! encore un coup de feu..."
À vous la suite, brillants lecteurs (et écrivains!)
La femme de Fortuna avait reconnu la voix de l'homme sur le magnétophone, peut-être était-elle la seule? Enfin, elle l'espérait et elle se tût... Mais non, Julie avait également reconnu la voix mais elle se tût également, pensant qu'elle pourrait peut-être le faire chanter... maintenant qu'elle avait perdu son emploi!!!
Jeune policier (donnons lui un nom: Frédéric): Vous voyez sergent, je vous l'avais bien dit, que ce n'était pas un suicide, vous avez encore une fois conclu trop vite. Les évidences sont parfois trompeuses, c'est l'une des premières choses qu'on nous apprend à Nicolet, vous devriez vous en rappeler... Vous devriez lâcher la bouteille et vous consacrer à l'étude des preuves dans vos dossiers, cela vous enlèverait ce poids sur le dos, que votre famille traîne de père en fils depuis trop longtemps!
Sergent (il doit s'appeler Marcel, celui-là!): Oh, toi, arrête de me faire la morale, tu as à peine le nombril sec! Mettons-nous au travail à la place de perdre notre temps comme ça...
Frédéric: Ah, enfin, des paroles sensées, les premières que j'ai entendues de votre bouche depuis un bon bout de temps et il pensa qu'il n'aurait peut-être pas à parler à son lieutenant du comportement de Marcel, finalement...
Et la vraie enquête peut enfin débuter afin de trouver à qui appartient cette voix!
Frédéric, as-tu pu appeler les spécialistes en scène de crime, pour que les ambulanciers puissent venir récupérer le corps? Une fois ceci fait, nous pourrons nous rendre au poste pour prendre les dépositions et interroger ces dames...
Frédéric: Je le fais à l'instant, sergent. Voulez-vous également que je contacte les fils du défunt, à moins que Mme Bigboss préfère le faire elle-même?
Mme Bigboss: Je m'en occuperai. Pit n'était pas dans sa chambre lorsque j'ai quitté la maison pour venir ici et Ti-Bert vit au-dessus du bar d'à-côté.
Frédéric: Dans ce cas, je trouve assez curieux qu'il ne se soit pas encore présenté ici, vu le nombre de policiers qui sont dehors à établir le périmètre pour sécuriser la scène de crime...
Marcel: Mme Bigboss, j'ai besoin de certains renseignements pour faire les recherches nécessaires à la Chambre des notaires et au Barreau du Québec pour m'assurer qu'il n'a pas changé son testament dernièrement, comme vous le pensez, j'ai aussi besoin du dernier testament signé, à votre connaissance, et il vous faudra enfin me remettre ses assurances-vie, pour en connaître les bénéficiaires.
***
Sergent Marcel: C’est certain que si on trouvait à qui appartient cette voix, l’enquête ne serait pas longue à boucler. Ce serait parfait pour moi. Je commence à avoir le gorgoton un peu sec.
Mesdames, enchaîna-t-il, en jetant un regard dans leur direction, l’une de vous sait à qui cette voix appartient?
Julie : Difficile à dire, la bande est usée, le son est sourd et de mauvaise qualité… dit-elle en baissant les yeux.
--Et vous ma petite veuve? Ça ne vous dit rien?
Madame BigBoss : Dans l’état dans lequel je me trouve, à quelques pas de mon époux adoré gisant dans une mare de sang, les morceaux de cerveau éclatés sur son bureau, je ne reconnaîtrais pas la voix de mon propre père!
--Bon, bon, ne vous énervez pas ma petite dame, je ne fais que mon boulot.
Jeune agent Frédéric : J’ai du mal à m’imaginer la scène du meurtre. L’assassin et sa victime enregistrent une bande dans laquelle M. BigBoss déclare vouloir mettre fin à ses jours. L’assassin est déjà sur les lieux du crime, car on n’entend absolument aucun son sur la bande entre la déclaration de la victime, le coup de feu et la deuxième voix. Le meurtrier sait que sa voix sera aussi sur l’enregistrement quand il remet la bande au début. Pourquoi ne l’a-t-il pas effacé? Pourquoi prendre un tel risque? C’est une signature.
En plus, ça fait un bon bout de temps qu’on est ici, qu’on discute pendant que l’enregistrement se déroulait, pourquoi un tel délai entre les deux messages? C’est interminable. Que s’est-il donc passé durant ce long intervalle? C’est le silence total, pas le moindre bruit. Rien. Ce n’est pas normal… La victime est peut-être tombée dans un piège. Mais lequel? Il y a encore plein de questions qui me viennent en tête et qui ne trouvent pas encore de réponses. Sans compter le mobile.
Non, je vous le dis, mon flair me dit qu’on va piétiner longtemps sur cette affaire!
Maintenant, jetons un regard sur le corps. Un cadavre ça parle toujours…. (C’est vrai on a même pas encore regardé le corps!)
C'est un des problèmes qu'on parlait avec les changements du blogue.
Continuez, c'est intéressant :)
Je garde seulement les réflexions de Frédéric, ça me va.
Marcel: Déjà qu'il faisait chaud tout à l'heure, là on va cuire comme des poulets!!!! Il faudrait faire vite les gars, notre cadavre va commencer à être moins manipulable si ça continue.
Allez Frédéric, fais sortir les femmes, on les emmène au poste.
Premier enquêteur: Dites, sergent, il faut tout de même qu'on prenne le temps de bien faire les choses. On a plein d'empreintes à prendre, de photos, il faudra le temps qu'il faudra mais dès que vous pourrez bouger M. Bigboss, nous ferons signe au légiste. Allez donc faire un tour dehors, ça va vous refroidir les idées et laissez nous faire notre boulot tranquille!
Frédéric: Dites sergents, pouvez-vous écouter l'enregistrement laissé par la victime? Nous ne sommes pas en mesure de savoir si la voix sur l'enregistrement est celle d'un homme ou d'une femme à la voix grave...
Deuxième enquêteur: On peut bien l'écouter, mais tu comprendras bien que ça ne fait pas partie de notre travail mais bon, on verra bien si on peut vous aider, sinon on apportera tout ça avec nous à Rimouski, pour que nos spécialistes essaient d'y "voir" plus clair.
...
...
Mais c'est l'évidence, agent ... euh... Pelletier?
Frédéric: Oui, Frédéric Pelletier.
Deuxième enquêteur: Il s'agit bel et bien d'un homme Frédéric, mais il semble bien être en état d'ébriété avancé, écoute-le bien, il mâche ses mots, il semble avoir une patate dans la bouche et avoir la bouche toute pâteuse, porte attention...
...
Frédéric: Mais c'est vrai, bon sang, je n'avais pas vu ça de cette façon. En état d'ébriété. Wow! Vous êtes vraiment fort!
Et l'heure du décès?
Premier enquêteur: Ça, c'est le légiste qui vous le dira, nous on est ici pour faire notre travail, pas le sien.
Marcel: Bon. On devra donc chercher quelqu'un qui était en état d'ébriété, on ne sait trop à quelle heure, à côté d'un bar! Eh bien dis donc!!! Le travail va être colossal!
Frédéric se demande si Marcel est toujours chialeux comme ça ou c'est simplement parce qu'il a fait la fête hier. Peut-être a-t-il mal aux cheveux mais sa semaine "de garde" commençait aujourd'hui, il aurait dû être consciencieux hier et n'avait se tenir à carreaux!
Frédéric: Bon si vous n'avez plus besoin de moi, j'accompagne ces dames au poste. A plus tard, sergent!
Marcel: Oui, oui, c'est ça p'tit génie! Je te rejoins dès qu'on pourra libérer notre cadavre.
Mme Bigboss: Je suis inquiète, je n'ai toujours pas réussi à rejoindre mes fils, ni l'un ni l'autre ne répondent au téléphone mais il faut bien que je leur apprenne ce qui est arrivé à leur père! Pourvu qu'il ne leur soit rien arrivé...
Julie: Moi je ne m'inquièterais pas, probablement que Ti-Bert gît quelque part au fond du bar, à cuver sa bière, c'est son genre...
C'est dommage, mais je n'ai pas d'inspiration cette fois pour vous aider à poursuivre cette histoire.
--L’assassin devait connaître la victime, mais ce ne peut être un de ses proches. En aucun cas, il ne peut s’agir de ce Ti-Bert, même s’il semble un héritier potentiel et qu’il soit enclin à lever du coude. Ni sa femme. Ni sa maîtresse. Il ne faut pas oublier que l’assassin a tout fait pour maquiller son meurtre en suicide. Vu que l’arme a été retrouvée dans la main droite de la victime alors que mademoiselle Julie affirme que son patron était gaucher, son fils n’aurait pas pu commettre une telle erreur, les autres non plus d’ailleurs. Cette erreur à mes yeux discrédite une bonne partie de nos suspects actuels. Nous devons chercher quelqu’un qui connaissait peut-être sa victime, mais pas assez pour connaître ce détail…
Durant ce temps, le premier enquêteur sur place fouille les poches de la victime.
--Tiens, tiens, sergent. J’ai une piste intéressante pour vous, très très intéressante… Regardez ce relevé, ce monsieur a fermé son compte de banque vendredi après-midi, vous étiez au courant? C’est une grosse somme, plus de 300,000$ en liquide. Pourquoi avait-il besoin de tant d’argent? Un maître-chanteur croyez-vous ou alors s’apprêtait-il à quitter la ville? C’est une sacrée somme.
Frédéric: Depuis combien de temps travailliez-vous avez M. BigBoss?
Julie: Ça faisait 5 ans et dire qu'il faudra que je me trouve un autre emploi, à quelques temps de Noël. On peut dire que le temps n'est pas bien choisi... Au moins, j'aurai mon 4% mais je ne fonde pas trop l'espoir de recevoir un bonus cette année, si vous voyez ce que je veux dire...
Frédéric: Vous étiez sa maîtresse depuis longtemps?
Julie: J'aimais Fortunat, monsieur l'agent. Je n'ai jamais aimé un homme à ce point mais lorsqu'il m'a dit qu'on devait cesser de coucher ensemble et se contenter de travailler ensemble, si j'en étais capable, j'ai vu rouge et je suis allée tout raconter à sa femme. J'espérais qu'elle le mettrait dehors, je l'aurais récupéré, moi, et avec un immense plaisir. Je ne demandais que ça... Lorsque je suis revenue au bureau, elle était là et ils se disputaient. Je n'ai pas tout entendu mais il lui a crié que je n'étais pas la première avec qui il avait une liaison, qu'il avait eu des maîtresses depuis la naissance de leur plus vieux, car il ne comptait plus pour elle depuis ce jour, elle n'en avait que pour les garçons, alors il trouvait ce dont il avait besoin ailleurs! J'ai été sidérée d'entendre ça, je dois dire. Moi qui avait cru qu'il m'aimait autant que moi, je l'aimais! J'ai attrapé mon air je peux vous l'assurer. ... Quelle déception... Dans le fond, je n'étais qu'un pion dans l'échiquier de sa libido!!!
Vous voyez, ils étaient malheureux ensemble mais ils se contentaient de la situation puisqu'elle profitait de son statut, elle paraissait bien alors il la paradait dans toutes les soirées mondaines auxquelles ils assistaient, il y avait probablement l'habitude aussi, les enfants, tout les retenait ensemble mais je suis certaine qu'ils ne s'aimaient plus... comme je suis certaine qu'elle a joué à comédie tout à l'heure: Oh, mon Fortunat d'amour... ... ... nah, nah, nah... Bien sûr!
C'est là qu'elle lui a dit qu'elle aussi, elle allait voir ailleurs, comme il ne portait pas attention à elle... Et elle ose me traiter de garce! Pfffff!!!
...
Oh! mon Dieu!!! (snif, snif...) Je ne le reverrai plus jamais me sourire, il ne me prendra plus jamais dans ses bras, comment vais-je faire !!!!!
Frédéric pensa qu'elle semblait avoir tendance à ne penser qu'à elle, à ce qui lui arrivait, qu'elle n'avait pas répondu à sa question et ne lui avait pas dit depuis combien de temps cela durait mais comme ce n'était pas un interrogatoire en règle, il laissa dormir la chose. Peut-être dans le fond était-ce sans importance, il verrait bien plus tard en lisant le rapport de Marcel...
Frédéric: Ça va aller mademoiselle, vous êtes encore jeune, vous passerez au travers, vous verrez...
Est-ce que vous savez quelle relation il entretenait avec ses enfants?
Julie: Avec Pit ça allait mais avec Ti-Bert, ça n'allait pas du tout. Il boit beaucoup et ça inquiétait Fortunat et quand il a décidé de s'installer dans l'appartement au-dessus du bar, ça a été la goutte qui a fait déborder le vase et Fortunat faisait en sorte de ne pas trop le rencontrer, ça le dérangeait de le voir gâcher sa vie alors qu'il aurait pu travailler avec lui. "Pit n'était pas encore mûr", qu'il me disait, fondait beaucoup d'espoirs en lui.
Au fait, savez-vous si "la veuve" a réussi à leur parler? Pit aurait dû se manifester, il était très près de ses parents.
Frédéric: Je vais aller la voir tout à l'heure et lui demander. Si vous voulez bien m'excuser, je dois maintenant aller rédiger mon rapport et l'heure passe. Le sergent devrait arriver sous peu, j'imagine.
Et sur la scène de crime, les trois policiers étaient concentrés à faire leur travail, chacun de leur côté.
Le reçu de l'institution financière devait être analysé pour voir s'il y avait des empreintes qui n'appartenaient pas à la victime dessus.
Dans son agenda, Marcel découvrit que M. BigBoss avait noté un rendez-vous avec son notaire en novembre. Peut-être était-ce pour changer son testament? Il devait vraiment faire le point sur cet aspect des choses... Ça lui trottait dans la tête. La veuve n'avait pas l'air au courant d'un changement de testament mais s'il l'avait fait, qu'avait-il donc à cacher? Il aurait vraiment dû ne pas sortir hier et rester bien tranquille à la maison. D'habitude, il ne se passe que des petites choses les semaines où il est l'enquêteur de garde, il y a bien longtemps qu'il n'avait pas dû enquêter sur un meurtre. Au moins, les effets de l'alcool ingurgité avec Ti-Bert hier soir commençaient à s'estomper et il recommençait a avoir vraiment les idées claires.
Avant que les enquêteurs prennent la bande du magnétophone et la conserve comme pièce à conviction, le sergent Marcel et les deux enquêteurs ont (eux! enfin!) réécouté la fameuse bande et l’ont arrêté à la fin du deuxième coup de feu. Et l’ont mise à STOP. C’est réglé ;o)
En voyant l’agent Pelletier s’éloigner, Julie poussa un soupir de soulagement. Certes, les dernières heures avaient été éprouvantes, mais le supplice qui lui avait été imposé par l’agent Frédéric était enfin terminé.
Elle se sentait un peu mal à l’aise : elle ne lui avait pas tout dit de ses nombreuses préoccupations. Dire qu’elle avait menti, non, mais par omission, oui. Lorsqu’il lui avait demandé depuis combien de temps ils étaient amants, elle avait adroitement évité la question, mais elle avait caché un élément important qui aurait pu être digne d’intérêt pour le policier. En fait, la perte de son emploi était beaucoup plus préoccupante pour la jeune femme qu’elle ne l’avait laissé paraître. En réalité, en plus du prix de son luxueux loyer qu’elle devrait maintenant acquitter seule (son patron qui s’était toujours montré généreux à son endroit depuis leur liaison avait toujours consenti à le payer!), elle devait assumer des frais de garderie, car Julie ne vivait pas seule. Non. En fait, son patron avait brutalement décidé de rompre à la fin octobre, lorsque Julie, qui n’arrivait toujours pas à joindre les deux bouts avec ses dépenses extravagantes, lui avait demandé quelques sous de plus pour acheter un costume d’Halloween à son jeune fils. Ne comprenant pas le pourquoi d’une telle attitude, elle lui avait alors avoué dans un élan de colère qu’il était le père de cet enfant. C’est à ce moment-là qu’elle avait senti comme une répulsion à son endroit, que leur relation s’était détériorée et qu’il avait décidé de rompre définitivement avec elle. Elle avait beau tenter chaque jour de le reconquérir. Mais ce fut un échec.
Elle avait la tête pleine, prête à exploser! Elle avait tant de choses à voir pour les prochaines semaines, les prochains jours. Elle se demanda si le corps de son mari avait été envoyé à la morgue, et regretta de ne pas lui avoir demandé plus d’informations sur ses affaires. En effet, en-dehors de savoir qu’il avait fait son testament à la naissance de Pit afin de léguer une partie de ses avoirs à ses enfants, elle ne savait rien de ses affaires, de ses avoirs, de ses dettes. Avait-il une assurance? Elle devrait chercher dans son bureau pour trouver les papiers, en espérant qu’ils s’y trouvent tous. Peut-être la petite garce était-elle au courant?
La tête entre les mains, elle laissa de nouveau aller son chagrin et ses souvenirs remontèrent à la surface.
Lorsqu’elle s’est réveillée ce matin et que Fortunat ne se trouvait pas à côté d’elle, elle aurait dû se douter que la journée se passerait mal. Depuis plusieurs années, les lundis, il partait tard pour le bureau. Elle se réveillait donc toujours avant lui ces matins-là et comme il travaillait beaucoup, elle le laissait dormir. Malgré leurs années difficiles, ils faisaient toujours chambre commune et y partageaient leurs quelques trop rares moments intimes.
Ce matin, il n’était pas là et outre lors de ses voyages d’affaires à l’extérieur, il n’avait jamais découché depuis les 26 ans qu’ils étaient mariés – et ce, malgré les nombreuses maîtresses qu’il avait eues au cours des ans et dont elle ignorait l’existence jusqu’à tout récemment. Qu’elle avait été naïve!!! Certes, elle savait que l’amour n’était plus au rendez-vous et elle en était probablement un peu responsable. La naissance de Ti-Bert avait été tellement difficile (elle avait même failli y laisser la vie) et comme à son habitude à cette époque, son cher mari n’était pas en ville lorsque c’est arrivé. Elle lui en a beaucoup voulu et s’est éloigné de lui peu à peu. Puis, un jour, alors que Robert était venu pour parler à Fortunat, ils profitèrent de son absence…
Robert… le meilleur ami de Fortunat, son témoin à leur mariage, son associé dans la salle de quilles… et le père biologique de Pit! Mais ça, aucun des deux hommes n’était au courant.
Lorsqu’elle avait reconnu sa voix sur l’enregistrement, elle n’en a pas cru ses oreilles. Ça n’a aucun sens, d’autant plus que la voix semblait surréaliste et on aurait dit qu’il parlait avec la bouche toute molle. Mais Robert ne boit pas et ne se drogue pas. Il ne fume même pas la cigarette. C’est un grand sportif, qui participe à de nombreux marathons alors que pouvait-il bien faire sur les lieux du meurtre de son mari? Devait-elle dire à la police qu’elle avait reconnu sa voix, sans lui avoir préalablement parlé? Certes il était peut-être le meurtrier de son mari mais il était aussi le père de son deuxième enfant et son ancien amant!!!!
« Non, non, non, ça ne se peut pas, c’est impossible! Ça ne peut pas être lui! » dit-elle à voix haute, la tête toujours entre ses mains… et ignorant que la caméra de surveillance de la salle d’interrogatoire la filmait.
Si seulement cette journée était un mauvais cauchemar, elle aurait bien aimé se réveiller et que sa vie soit comme avant!
Puis, se reprenant, replaçant sa coiffure, essuyant ses yeux, elle se leva, replaça sa robe, sortit de la salle d’interrogatoire et demanda à parler au jeune agent de police qui l’avait accompagnée jusqu’ici.
Frédéric : Vous avez demandé à me voir?
Frida : Oui, j’en ai assez d’attendre, je suis vannée et j’ai un million de choses à voir, les obsèques, récupérer le corps de mon mari. Suis-je en état d’arrestation?
Frédéric : Non, le sergent voulait simplement prendre votre déposition.
Frida : Dans ce cas, je m’en vais chez moi et lorsqu’il voudra me parler, il n’aura qu’à venir à la maison ou, au pire, m’appeler et je reviendrai mais là, j’ai vraiment mon voyage pour aujourd’hui.
Frédéric : Je comprends…
Ah, au fait, avez-vous eu des nouvelles de vos fils?
Frida : Non, pas encore. Je leur demande de vous faire signe dès que je leur parle?
Frédéric : Ce n’est pas nécessaire, le sergent fera le suivi.
Dans ma tête, il est normal que Ti-Bert soit le fils de la victime puisqu'ils boivent tous les deux. Pit et Robert ne boivent pas. De plus, Ti-Bert et Fortunat ne s'entendaient pas, comme un père et son fils, alors que Pit s'entendait bien avec son "père"... C'est là que j'en étais...
Et pour Pit et Ti-Bert, je ne comprends toujours pas.
Si Ti-Bert est vraiment le fils de Fortunat et que Pit, lui, est le fils de Robert, pourquoi les uns ne s’entendraient pas et les autres oui? Chacun a une relation père-fils.
Bon, je te laisse aller pour la suite des choses. Je ne trouve aucune explication pourquoi c’est son meilleur ami qui se trouve là. Il doit aussi savoir que Fortunat est gaucher… Et de plus, d’où provient cette odeur de cognac dans la pièce dont parlait Julie si Robert ne boit jamais?
Pour les enfants, dans les dossiers que j'ai eus avec les notaires avec qui j'ai travaillé, c'étaient vraiment des testaments faits lorsque la famille était finie, en mettant les legs que chacun d'eux, avec son nom, d'où la différence entre nos deux façons de voir. Faut croire que c'est un adon qui a bien mal adonné...
Prenez-vous la relève? Je ne sais pas trop où vous voulez aller avec le fils de Julie, là je vous ai perdue, alors j'aimerais mieux que vous ou M. Levesque continuiiez...
Je me rends bien compte qu’on ne peut pas explorer tous ces éléments d’enquête et en faire quelque chose qui a de l’allure avec si peu de participation; toi-même disais souhaiter du sang neuf, mais ça ne s’est malheureusement jamais produit. Je t’avoue que je suis pas mal déçue. Je tire la plogue.
Si tu veux poursuivre, je vais bien sûr continuer de te lire.
Les spécialistes de Rimouski refermèrent leurs valises pour s’en aller, avec :
- Le pistolet
- Une balle qu’ils ont trouvée dans le mur juste à côté de la victime (la deuxième balle qu’on entend tirer sur l’enregistrement)
- Le relevé de l’institution financière
Les gens de la morgue ont enfin pu rapatrier le corps et la scène de crime est bouclée.
Marcel, quant à lui, a apporté l’agenda de Fortunat, afin de le vérifier en long et en large et se demande vraiment où sont allés les 300 000 $. Il cherche également des dossiers dans le classeur de la victime mais n’y trouve que des dossiers relatifs à son travail. Curieux, il nota également ce fait dans son calepin. Une autre chose qu’il devra élucider…
Le lendemain, Marcel se met à la lecture de l’agenda et y constate qu’au mois d’octobre, la victime a noté un rendez-vous à une compagnie spécialisée dans les vérifications d’ADN. Il y a noté deux numéros de dossiers et un autre rendez-vous est noté au mois de novembre, juste avant celui fixé chez son notaire.
Il décide d’interroger les deux femmes dans la vie de Fortunat à ce sujet, et suite à leurs révélations, demande un mandat à la Cour afin d’obtenir les dossiers auprès de cette compagnie. Pour une fois, le mandat a été donné « dans la minute » et la perquisition a pu avoir lieu le même jour!
Ce qu’il voit aux dossiers le consterne. La victime serait le père du jeune fils de la secrétaire et ne serait pas celui de son plus jeune fils. Une lecture de l’ADN d’un autre donneur confirme sa paternité mais aucun nom n’est indiqué sur le relevé.
Il fait donc revenir Julie au poste afin de continuer à l’interroger. Peut-être est-elle au courant pour le père de Pit (je sais, mais je dois faire avec et, by the way, vous aussi, désolée !).
Julie lui révèle qu’au cours d’une dispute au mois d’octobre, elle avait mentionné à Fortunat que son enfant était de lui et suite à cette annonce, il avait voulu en avoir le cœur net et avait demandé une confirmation ADN.
Elle lui mentionne également qu’elle a entendu Richard Drouin, l’associé de Fortunat, discuter haut et fort avec ce dernier. Il avait besoin de plus d’argent car le salon de quilles ne fonctionnait pas très bien, semble-t-il, mais ce n’est pas ce qu’annonçaient les états financiers, selon les dires de Fortunat. Elle ne se souvenait plus de quand datait cette rencontre mais c’était pendant l’automne.
…
Pendant ce temps, au bureau, Frida fouillait dans les dossiers de Fortunat afin de savoir s’il avait refait ou non un nouveau testament. Elle ne trouva aucun dossier personnel et cela était vraiment bizarre car Fortunat était quelqu’un de très ordonné.
Elle retourna à la maison et, cherchant dans le garde-robe personnel de son époux, trouva une boîte, dans laquelle des dossiers se trouvaient.
Elle y trouva tout ce dont elle avait besoin, à savoir ses assurances, son testament datant de la naissance de Pit (je sais…), ses états bancaires, enfin toutes ces choses qu’elle jugeait maintenant importantes de savoir. Elle tomba également sur un dossier où Fortunat avait indiqué « Pit » en titre.
Elle y découvrit alors que Fortunat avait des doutes depuis bien des années que Pit n’était pas son fils, il y avait colligé toutes sortes d’informations, de questionnements. Il y avait même une demande de vérification d’ADN qui avait été faite, son résultat, ainsi qu’une seconde vérification d’ADN, qui mentionnait le donneur comme père potentiel à 99% de Pit. Cela ne pouvait s’agir que de l’ADN de Richard! Fortunat savait donc depuis peu que Pit était le fils de Richard…
Sous le choc, elle y trouva également un autre dossier intitulé David. Le seul David qu’elle connaissait était le jeune garçon de Julie. Curieuse, elle lut donc le dossier et y fit les découvertes qui s’imposent.
Le téléphone sonna, faisant sursauter Frida. Il s’agissait de Marcel, qui voulait qu’elle vienne le voir au poste pour vérifier certaines informations qu’il avait trouvées dans l’agenda de Fortunat.
Frida s’y rendit et répondit avec franchise aux questions de Marcel concernant son fils et lui dit que le père de Pit était l’associé de son défunt mari.
Plus tard dans la semaine, elle se préparait à sortir et, alors qu’elle barrait la porte d’entrée de la maison, quelqu’un lui toucha l’épaule et encore là, la fit sursauter, comme si elle n’avait pas l’esprit tranquille. Elle se retourna et vit Pit, qui n’avait visiblement pas dormi depuis quelques jours…
Pit : Salut, tu vas où, il faudrait que je te parle.
Frida : J’étais folle d’inquiétude, je t’ai laissé au moins un million de messages sur ta boîte vocale ainsi que sur celle de ton frère, mais sans réponse d’aucun de vous deux. Il faut que je te parle aussi. Viens…
Ils entrent et s’assoient au salon :
Frida : Ton père a été retrouvé mort lundi matin, dans son bureau. Je vais organiser les funérailles, veux-tu m’accompagner?
Pit : Je vais plutôt aller me coucher, j’ai besoin de sommeil. Je sais pour papa - euh Fortunat, ils ne parlent que de ça à la radio et à la télé. Comment avance l’enquête?
Frida : Je ne sais pas, mais tu prends la chose plutôt bien je trouve.
Pit : Écoute, maman, je sais pour Richard alors oui, j’ai beaucoup de peine pour Fortunat, il a été mon père toute ma vie, il a été un bon père mais je ne sais plus trop où j’en suis alors… essaie de me comprendre…
Frida : Sais-tu où se trouve Richard? Il faut absolument que je lui parle.
Pit : C’est de ça qu’il faut que je te parle.
Richard est venu à la maison lundi matin, aux aurores. Tu dormais encore. Il m’a dit qu’il avait fait une chose terrible, sans me dire quoi. Il était atterré, avait visiblement besoin de parler mais papa n’était pas là et tu dormais profondément. J’ai voulu aller te réveiller mais il m’a dit que c’était à moi qu’il voulait parler…
Il m’a appris que j’étais son fils biologique et que tu l’avais privé de moi toute ma vie. Il m’a dit que papa lui avait dit qu’il était au courant et qu’il voulait qu’il quitte la région, qu’il lui avait offert de racheter ses parts dans le salon de quilles. Richard lui aurait dit qu’il n’avait pas l’argent nécessaire pour s’en aller. Papa lui aurait donné de l’argent pour s’assurer qu’il serait parti un bon bout de temps. Selon Richard, il s’agit une vraiment bonne somme d’argent…
Richard n’avait vraiment pas l’air en forme, il avait pris de la boisson, beaucoup de boisson dimanche. Il sentait la robine à 100 pieds lundi matin, alors j’imagine assez facilement qu’il ne devait pas être beau dimanche soir…
Il m’a dit qu’il penserait toujours à moi et qu’il t’avait toujours aimée puis il m’a serré dans ses bras et est parti, en me disant que le salon de quilles avait des problèmes financiers qu’il n’était pas capable de régler et qu’il était désolé de nous laisser tout ça sur le dos.
J e l’ai cherché partout depuis pour savoir ce qu’il avait fait de si pire pour le mettre dans un tel état… C’est en le cherchant que j’ai entendu la radio annoncer le décès de papa.
Frida : Je suis sans voix! Ce que tu me dis là ne fait que confirmer que c’était fort probablement bien lui que j’ai entendu sur l’enregistrement. Oh mon Dieu!!! Où est-il maintenant? Tu dois vraiment venir avec moi et raconter tout ce que tu sais à l’enquêteur. Va te doucher, je t’attends en bas et nous partirons ensemble.
Ils se rendirent au poste et comme convenu, Pit raconta son histoire à Marcel.
Marcel lança un avis de recherche au nom de Richard et tous les policiers du Québec savaient maintenant qu’il était recherché. Il a été retrouvé quelques jours plus tard à Montréal, alors qu’il s’apprêtait à quitter pour le Mexique. Il croyait qu’il serait en sécurité là-bas et voulait recommencer sa vie, en laissant Rivière-du-Loup et tous ses malheurs loin derrière.
Il finit par avouer, après 15 heures d’un interrogatoire très serré, qu’il avait tué Fortunat.
Il était allé le rencontrer car celui-ci lui avait demandé de le rejoindre à son bureau le dimanche à 00:00, qu’il devait lui parler de Pit et qu’il voulait lui remettre de l’argent, comme il lui avait demandé. En attendant cette rencontre, Richard s’était rendu au bar et avait avalé quelques verres de cognac, qui l’avaient claqué, étant donné qu’il ne prenait jamais de boisson. Il avait besoin d’un remontant car il savait que Fortunat ne lui donnerait pas cet argent sans rien demander en retour…
Rendu au bureau de Fortunat, il avait repris quelques verres du cognac à 400 $ de Fortunat, histoire de voir la différence avec celui du bar…
Après cela, ses souvenirs étaient vagues… mais il se rappelait ce qui suit :
En cours de discussion, ils s’étaient disputés. Fortunat avait sorti son arme de son tiroir et dans le début de bagarre qui s’en était suivi et - où Fortunat de pourrait jamais avoir le dessus puisque Richard était beaucoup plus costaud que lui et en bien meilleure forme -, Richard avait ramassé les ciseaux sur le bureau de Fortunat, les lui avaient mis sous la gorge et avait voulu le contraindre à se tirer une balle dans la tête après avoir fait un faux message de suicide. Suite à leur début de bagarre, Fortunat semblait avoir finalement rendu les armes, être fatigué, abattu, désabusé, et avait fait le message mais il n’a pas voulu se tirer.
Voyant que Fortunat tiendrait ses positions, Richard a donc pris l’arme des mains de son ami, l’a appuyée contre sa tempe et bang, premier coup. Ça lui a pris un bon bout de temps pour réaliser que Fortunat était vraiment mort. Richard n’était plus capable de bouger tellement il était sous le choc, il n’avait jamais tué personne avant. Il tremblait de tous ses membres…
Après un certain temps – il était incapable de dire combien de minutes ou d’heures s’étaient passées -, toute l’histoire de Pit, ses problèmes d’argent que Fortunat refusait de régler alors qu’il l’avait toujours fait avant, son amour pour Frida, tout cela lui était remonté dans la gorge et même si à ce moment il savait que Fortunat était mort, il a tiré une nouvelle fois vers lui en lui criant il ne se rappelait plus trop quoi… .
Il ne sait pas où il a touché Fortunat cette deuxième fois, il n’a pas vu de nouveau sang couler et dans son état, il avait eu beaucoup de difficulté à viser juste et à tirer. Il avait, selon ses dires, perdu l’esprit…
Pour finaliser le scénario de suicide – il ne pensait pas qu’on trouverait que c’était un meurtre, (preuve qu’il ne connaissait pas les gens qui lisent le blogue de M. Levesque), il avait reculé la bande du magnétophone et avait mis le pistolet dans la main de Fortunat puis est retourné chez lui pour préparer son départ mais il devait dire un dernier au revoir à son fils avant de partir. Il savait qu’il devait quitter le Canada pour le reste de ses jours…
Avec ces aveux, Marcel put donc boucler l’assassin et faire la paix avec le passé de sa famille de policiers ratés puisque c’était la première affaire de meurtre sur laquelle il pouvait étamper un « Affaire classée » sur le dessus puis classer le dossier aux archives une fois que le procès de Richard serait terminé…
(et voilà, j'ai participé !)
Mon prochain texte sera sans doute moins palpitant. J'y travaille actuellement. À la semaine prochaine!