Chanson d’automne
Je me demande si, en vieillissant, on n’en vient pas à aimer encore plus les jardins, les plantes, les fruits et les légumes. Pourquoi est-ce que la plupart des gens âgés aiment faire pousser des choses, de la simple ciboulette aux grands potagers?
On dirait qu’il y a là comme un retour aux sources.
Comme si les humains, en prenant de l’âge, sentaient le besoin de se rapprocher de la terre nourricière.
Pour mon père, cette « découverte » a eu lieu après ses 65 ans. Quand j’étais jeune, c’est maman qui s’occupait du jardin, comme toutes les femmes du Coin. À ma connaissance mon père, comme les autres hommes, n’y faisait rien que les gros travaux de préparation, au printemps. Mais quand il a pris sa retraite, papa s’est mis au jardinage. Et chaque année pendant les années qui lui restaient, ses pois, ses tomates et ses laitues lui ont procuré un bonheur profond, visible, communicatif.
Dans les maisons pour personnes âgées, il devrait toujours y avoir un coin-jardin mis à la disposition des pensionnaires. Dans les hôpitaux et les foyers, on devrait peut-être penser à l’équivalent végétal de la zoothérapie…
Il y a, dans le miracle de la graine qui devient une minuscule tige verte, puis une plante de plus en plus grosse et riche, quelque chose de fascinant et d’apaisant. De même pour un arbuste sur lequel une feuille se déplie, puis apparaît un bourgeon, puis une fleur qui s’épanouit, meurt et donne naissance à un fruit…
Et dans la saison qui s’achève, les récoltes sont chaque fois la preuve qu’il nous reste encore, quel que soit notre âge, de la sève et du suc.
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