Le vent mauvais
Le poète Verlaine écrivait si joliment :
« Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
De çi, de là
Pareil à la
Feuille morte…
Je ne sais pas si le vent vous a emporté ces derniers jours. On dit parfois de quelqu’un ou de quelque chose qu’il est parti « sur l’aile du vent », et ça sonne joli, ça aussi.
Mais quand ce sont les branches qui cassent, les bacs et poubelles qui se renversent, les abris d’auto qui se déchirent, c’est moins joli.
Et quand les camelots ont à peine fini de livrer leurs journaux ou leurs sacs et que le vent les jette par terre, les vide, les effeuille, plaque publicités et actualités dans les clôtures, les fait danser sur les trottoirs, les enroule autour des jambes des piétons, c’est moins joli.
Et quand on ne parvient pas à s’endormir parce que la chanson du vent s’est transformée en hurlement, quand le troubadour du ciel n’a plus rien du chanteur de charme mais s’égosille comme ces crieurs qui pensent qu’on mesure leur talent (?) au nombre de décibels qu’ils font dégueuler de leurs amplis, c’est pas mal moins joli.
Je ne dis pas que je n’aime pas le vent. Quand il souffle doucement les parfums du lilas ou du rosier, quand il caresse la peau comme on caresse la joue d’un enfant, quand il fredonne à travers les feuilles comme on fredonne quand on est heureux…
Mais le vent mauvais de l’automne, je ne l’aime pas. Surtout s’il lui faut deux semaines pour traverser nos régions!
7 commentaires
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Mais ces vents n'ont pas empêché la poésie, voyez ce que dit Georges Brassens dans sa chanson "Supplique pour être enterré sur la plage de Sète" :
"Tantôt venant d'Espagne et tantôt d'Italie,
Tous chargés de parfums, de musiques jolies,
Le Mistral et la Tramontane,
Sur mon dernier sommeil verseront les échos,
De villanelle, un jour, un jour de fandango,
De tarentelle, de sardane."
http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/mile_verhaeren/le_vent.html