L’humour d’Yvan Morin
Il y a quelques semaines, je vous citais quelques phrases tirées d’un livre de l’abbé Yvan Morin. Or si l’abbé Yvan est un sage, comme plusieurs vrais sages, il ne manque pas d’humour… Dans son livre Vous qui avez faim (2012), il nous raconte les deux histoires suivantes :
Le soulagement de saint François
On raconte qu’un jour saint François d’Assise était parti évangéliser avec un frère appelé Rufin, qui n’était peut-être pas aussi saint que saint François. Rufin se fatigua des litanies de saint François : « Béni sois-tu pour le gazouillis des oiseaux. Béni sois-tu pour le murmure des torrents. » Sans trop de conviction, le frère Rufin répondait : « Oui, loué sois-tu »
À la sortie d’un bois, une tourterelle qui se trouvait sur une branche au-dessus des deux frères en mission laisse tomber ce que vous devinez juste sur la tête de saint François. Le frère Rufin se dit en lui-même : « On va bien voir si François va continuer à louer le Seigneur… » Or juste à ce moment, il entend saint François dire : « Béni sois-tu, Seigneur, de ne pas avoir donné d’ailes aux vaches… »
La peur de sœur Françoise
Une jeune fille du nom de Françoise était fille de cultivateur. Elle aimait beaucoup les travaux de la ferme. À cinq heures, elle était à l’étable pour traire les vaches, nettoyer l’étable et soigner les bêtes. À vingt-deux ans, elle découvre sa vocation, vocation religieuse contemplative dans une abbaye cistercienne.
Après le noviciat, elle reçoit son obédience : s’occuper de la ferme. Bien sûr qu’elle est tout heureuse. Mais chez les religieuses, ce n’est pas la même chose qu’à la maison… À la maison, elle prenait un café en se levant, après la traite un bon petit déjeuner avec soupe, lard, saucisson, fromage. Vers dix heures, une belle collation, puis un bon dîner, puis un bon souper.
Mais les sœurs sont végétariennes. Le matin un peu de café, des tartines de beurre et de miel. Et le soir, c’est assez frugal. La jeune sœur Françoise s’est habituée à aller au cellier (garde-manger) après la prière du soir. L’économe s’en rend compte et confie le problème à la Mère Abbesse qui, un bon soir, se cache derrière les armoires…
Quand Sœur Françoise se présente, la Sœur Abbesse, pour lui faire peur, se râcle la gorge. Sœur Françoise échappe le couteau qu’elle avait pris pour se tailler une tranche de pain. Alors la Supérieure prend sa voix la plus grave et se met à dire : « C’est le diable! » Et là, elle entend la petite sœur Françoise dire, dans un soupir de soulagement : « Ouf! J’ai cru que c’était la Mère Abbesse! »
6 commentaires
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Je ne connaissais pas cette facette de sa personnalité.
Le « Vous qui avez faim », est-il le seul livre qu’il ait publié à ce jour?
De l'Abbé né Diction, peut-être ? En tout cas, c'est une bonne "Abbé Attitude"!
http://www.lepoint.fr/c-est-arrive-aujourd-hui/19-fevrier-1833-pour-la-1ere-fois-victor-hugo-met-le-sucre-d-orge-dans-la-confiserie-de-juliette-19-02-2012-1432881_494.php