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Voyager ou rester là?

durée 30 octobre 2014 | 06h00

Je causais ce matin avec un copain qui passerait volontiers sa vie à voyager.  Un homme qui ne peut comprendre ceux qui, ayant la santé et les moyens, ne voyagent pas.  

Je me dis qu’on pourrait classer l’humanité en deux catégories :  ceux qui trouvent leur bonheur ailleurs, et ceux qui trouvent leur bonheur là où ils sont.


Photo : voyage-aventure.akaoka.com

Comme disait Aznavour, « j’ai des amis des deux côtés ».  Claire, Philippe, Francine, Michel, Gérald, Ghislain, et des dizaines d’autres n’aiment rien tant que d’aller voir au-delà de l’horizon.  Ils vont dans le Sud, ils vont en Europe, ils vont en Asie.  J’ai une nièce qui, avec son mari, a fait un tour du monde de deux ans avant de se fixer.  Elle a subi un traitement de canal en Afrique et vu le soleil se lever sur l’Himalaya.  À bien y penser, tous mes neveux et nièces ont parcouru le monde, certains par affaires, la plupart simplement pour visiter d’autres paysages, d’autres civilisations.

De l’autre côté Marc, Gérard, Marcel, Normande, Andrée –et moi! n’aimons rien tant que la tranquillité de nos foyers, la sérénité de nos routines.

Je connais une artiste-peintre qui s’évade chaque jour sans jamais prendre l’avion.  Elle s’installe à son chevalet et, tout d’un coup, elle habite sa toile.  Elle est dans cette rue d’Annecy qui longe le canal de Thiou.  Elle est parmi ces badauds qui lèchent les vitrines au Petit Champlain.  Elle imagine ce qui arrive derrière ces vitrines de la rue Lafontaine, à bord de ces bateaux d’une baie bretonne…

Et moi, plongé dans mes livres ou connecté à l’Internet, je me promène aussi; mais à la différence de mes amis globe-trotteurs, je voyage aussi bien dans le temps que dans l’espace.  Je visite l’Athènes de Périclès et la Rome de Trajan, je suis à Paris en 1830 pour la première d’Hernani, j’arpente sans danger les bas-fonds de Londres en 1880.  C’est Michel-Ange lui-même, bougonneux et la barbe sale, qui m’explique la posture de son David ou les détails du plafond de la Sixtine.


Photo : ©2012-2014 wetcanvas

Je connais mieux que tous les touristes les caves du Louvres, les toits de Notre-Dame ou les recoins de Versailles, car je m’y suis rendu à travers l’œil de cinéastes qui avaient le privilège d’aller où nul touriste n’a le droit d’entrer.

Mais quand je dis cela à mes amis voyageurs, ils me regardent avec un brin de compassion et me disent que « ce n’est pas comme voyager pour de vrai ».

Ils ont raison, bien sûr.  Mais ça ne me coûte rien, je n’ai pas besoin de vaccins contre d’exotiques maladies, je ne crains ni les accidents d’avion ni les punaises de lit.  Mes bagages ne s’égarent jamais, je ne connais pas la tourista et je n’ai jamais eu le « mal du pays ».

Est-ce que je suis normal?

Et vous, fidèles lecteurs, si vous gagnez des tas d’argent à la loterie, est-ce que votre premier réflexe sera de courir à l’agence de voyages ou aurez-vous d’autres désirs à combler?

 

commentairesCommentaires

15

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  • R
    Richard
    temps Il y a 10 ans
    Nicolas m'épate toujours! Comment arrive-t-il à trouver toujours ces illustrations qui enrichissent si bien mes textes?
  • Y
    Yoann
    temps Il y a 10 ans
    Voilà un bien beau sujet qui me concerne, puisque j'ai quitté ma vieille Europe pour venir vous envahir!
    Pour ma part, je me situerais entre les deux. J'aime voyager, mais comme on dit si bien :" on n'est jamais mieux ailleurs que chez soi". Par contre, je n'aime pas les gens qui ne voyagent pas mais qui se permettent de juger tel ou tel pays, ou de faire leur Jo-connaissant. J'ai un oncle comme ça. Il pourrait vous en apprendre sur le mode de vie au Québec, pourtant, il n'y a jamais mis les pieds.
    Je n'aime pas non plus les boulimiques des voyages qui ne font que péter de la brou en vantant tel ou tel voyage dans telle ou telle contrée éloignée. On les entend dans les aéroports se vanter mine de rien en contant à tue-tête leurs dernières pérégrinations d'ici ou d'ailleurs. Ce sont eux qu'on entend avec un fort accent parisien et qui insupportent les québécois et les français du sud comme moi. Ces gens qui ont tout vu qui y étaient, alors que j'y étais aussi et je ne les ai pas vus.
    Reste que pour moi, la meilleure façon de voyager, c'est en jouant de la musique, en dessinant, et en contemplant la Nature environnante.
  • Y
    Yoann
    temps Il y a 10 ans
    Comme par hasard, on m'a envoyé cette phrase de Confucius aujourd'hui. Je crois que ça résume assez bien l'idée de la semaine :
    "Tous les hommes pensent que le bonheur se trouve au sommet de la montagne alors qu'il réside dans la façon de la gravir."
  • R
    Richard
    temps Il y a 10 ans
    Je suis confondu par la sagesse de Confucius...
  • MD
    Madeleine D.
    temps Il y a 10 ans
    Voyager ou rester là? Quelle question difficile à répondre. La vie elle-même n'est-elle pas un merveilleux voyage? Pour ma part, je n'ai pas l'appel du large parce que , tout comme Richard et Andrée, la chaleur de mon foyer m'est indispensable. Je me permets de voyager avec mes petits-enfants dans les livres. Mon petit-fils de 18 mois a un joli livre avec les différents moyens de transport. En plus, en pesant sur un bouton, chaque véhicule fait son bruit respectif. Nous voyageons ensemble en autobus, en train, en avion, en camion de pompier etc.....Et c'est le bonheur pour nous deux......
  • A
    Annie
    temps Il y a 10 ans
    Beaucoup voyagent dans les autres pays mais ne connaissent rien des régions du Québec. Tu leur parles de la Manicouagan, ils n'en connaissent que le barrage Daniel Johnson et encore..., tu leur parles de la Gaspésie, ils n'en connaissent que le rocher percé, tu leur parles du Lac St-Jean, du Témiscamingue, du centre du Québec, etc..., ils n'y sont jamais allés et n'en connaissent que le contenu des diverses séries télévisées que bien souvent ils se sont tapées parce qu'il n'y avait rien d'autre à la télé mais par contre, ils connaissent Paris, Londres, Rome, Prague, Barcelone ou n'importe quelle autre grande ville européenne. C'est un peu bizarre, à mon avis. Les gens sont ouverts sur le monde mais pas sur leur patelin, pas sur leur héritage direct... J'ai beaucoup voyagé au Québec étant plus jeune mais maintenant je préfère mon havre de paix, mon lac, la pêche mes merveilleux couchers de soleil, la neige qui arrive du bout du lac et qui rafale encore longtemps une fois passée notre maison, avoir les pieds sur le bord du poêla à bois l'hiver ou dans le lac l'été. Je me sais et me sens totalement choyée de profiter d'une merveilleuse région avec laquelle je suis en amour depuis notre première rencontre et j'en profite à plein. Alors, je reste là, moi aussi. Aucun voyage ne m'apportera la même paix et sérénité que mon Témiscouata adoré...
  • Y
    Yoann
    temps Il y a 10 ans
    @Annie : En France, c'est pareil, peut-être même pire. Il y a tellement de choses à découvrir à chaque détour de village, une abbaye romane par là, des terres ocres par ici, des menhirs, des montagnes, des lacs, des rivières, des cathédrales, des histoires, mais non, les gens se vantent d'être allés à New York ou en Thaïlande ou sur le Machu Pichu.
    Je suis né et ai vécu au bord de la Méditerranée, j'ai vécu au pied des Alpes, au bord du Rhône, en Bretagne, en Espagne, j'ai été marié à une Autrichienne, et je suis présentement dans le Bas-St-Laurent, et malgré tout ça, où est-ce que j'ai toujours été le mieux ? Chez MOI :)
  • VTD
    Valérie T-D
    temps Il y a 10 ans
    Moi aussi, j'aimerais beaucoup voyager. Je voyage en écrivant des histoires, mais ça me donne encore plus envie de voyager. Je rêve d'aller voir la faune des îles Galapagos, les perroquets en Australie, les cerisiers au Japon, dit "sakura". J'ai un peu voyagé au Québec et j'aime l'aventure, le dépaysement. Quand je vois des oiseaux ou des paysages particuliers, une de mes proches me dit qu'elle l'a vu à la télé en restant bien au chaud... Mais comme vous le dites, ça n'a rien à voir.
  • L"DT
    La "Une de tes proches"
    temps Il y a 10 ans
    @Valérie T-D.
    En effet, je puis dire que tant qu’à aller me faire geler sur un certain quai en plein froid de février à -27 degrés de température ressentie pour observer un soi-disant harfang des neiges qui était supposément dans les parages et qui n’est jamais apparu, je préfère de beaucoup regarder les super belles photos de François Drouin, de plus près et bien au chaud.
  • MT
    M. Thériault
    temps Il y a 10 ans
    Moi, je suis plus du genre pantouflarde. Je serais certainement plus dans la catégorie des « pas sorteux ». Je me dis en vous lisant tous que peu importe sa façon, chacun semble avoir besoin un grand besoin d’évasion. Que ce soit partir à l’aventure ou voyager à sa façon dans son milieu, pour certains même qui ne retrouve ce moyen que dans l’accès aux drogues, on dirait que tous autant que nous sommes soyons à la recherche de quelque chose qu’on n’a pas. Peut-être un manque, je ne sais pas. Quand même bizarre.
    Et pour répondre plus précisément à votre question sur le gain à la loterie, je comblerais certainement d’autres désirs. Car avant de commencer à planifier un voyage à l’étranger, faudrait que je me commence par me procurer un passeport…
  • R
    Richard
    temps Il y a 10 ans
    Je suis content de voir que je ne suis pas le seul à me poser des questions sur la pertinence (certains diraient l'obligation) de voyager. Ceci dit, j'aime les voyageurs: j'aime particulièrement ceux qui m'envoient des courriels qui me permettent de les suivre et de visiter avec eux... sans quitter mon fauteuil! Suis-je une sorte de parasite?
  • Y
    Yoann
    temps Il y a 10 ans
    Je n'aime pas trop les vieux dictons éculés et quétaines, mais comme dirait l'autre : "il faut de tout pour faire un monde".
    D'ailleurs, si les uns laissaient vivre les autres comme chacun l'entend, il y aurait beaucoup moins de conflits. Avez-vous remarqué que, bien souvent, ceux qui voyagent (ou font du jogging ou suivent un régime ou leur religion) ne comprennent pas pourquoi d'autres ne sont pas comme eux? Ça ne vous est jamais arrivé que quelqu'un, sous couvert de bons conseils d'ami, vous dise quoi faire? Ceci est vrai dans tous les domaines...
  • V
    Vincent
    temps Il y a 10 ans
    Je trouve le bonheur là où je suis, ici et ailleurs!Je rentre dans quelle catégorie?
  • R
    Richard
    temps Il y a 10 ans
    @Vincent: dans la catégorie des gens qui ont du talent pour le bonheur...
  • LPT
    Louis-Philippe Thouin
    temps Il y a 9 ans
    J'aime les choses simples, même si ce n'est souvent que pour des raisons pédagogiques. L'auteur commence par établir une partition de l'humanité en deux catégories: les nomades et les sédentaires. C'est bien, cela fixe la toile de fond. Sauf que, lorsque je tente de me situer dans un des deux camps, je rencontre un problème. C'est que j'aime les deux! Voyager, j'adore! Demeurer dans ma région du BSL et dans cette charmante ville louperivoise, j'adore.... itou! Alors, comment faire? Comment apprivoiser ce plus terrible des fléaux qui afflige notre triste état de bipède? Il reste à tendre vers l'ubiquité. C'est pourquoi, l'ultime recherche de Plaisir coïncide avec la poursuite des valeurs morales menant à l'État Divin.
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