De l’utilitaire au ludique
Avant l’arrivée des boomers, peu de Québécois (et encore moins de Québécoises!) avaient le temps de « faire du sport ». Quelques nantis s’adonnaient au golf, au tennis, au ski. Mais les gens ordinaires ne connaissaient, au fond, que deux sports, pratiqués en équipes les dimanches et jours de fêtes : le hockey en hiver, le baseball en été. Ajoutons tout de même les variantes plus « faciles » et moins onéreuses de chacun de ces sports : le ballon-balai et la balle-molle.
Photo : www.clsm.biz
Bien sûr, beaucoup allaient au travail à bicyclette, d’autres chaussaient des raquettes pour ramasser l’eau d’érable au printemps, tous couvraient de longues distances à pied chaque jour. Mais personne n’aurait eu l’idée d’appeler ça du « sport »!
Les baby-boomers vont bouleverser cela comme ils ont bouleversé le reste. Leur masse, leur aisance financière, leur individualisme, leur refus de toute contrainte morale ou sociale vont faire passer le Québec des sports d’équipes aux sports individuels, de l’utilitaire au ludique, de l’indispensable effort physique à l’agréable « activité de loisir. »
Patinage artistique et patinage de vitesse, ski de randonnée et ski alpin remplacent souvent le hockey. Tennis, golf, squash, natation, jogging attirent plus que le baseball.
On ne circule plus à bicyclette, on « fait du vélo » -d’ailleurs ce vélo est parfois stationnaire. On ne marche plus vers son travail ou vers l’école, on « fait du cardio-vasculaire », parfois sur des tapis roulants. On ne traverse plus les champs et les bois pour atteindre une destination, on fait de la « randonnée pédestre ». On ne monte plus en grimaçant le sentier de la montagne, on escalade en souriant la face abrupte.
Photo : www.skinautiqueetplanchequebec.qc.ca
Certains vont s’adonner à nombre d’activités où le « sport » tient plus de l’ingénierie que de la santé : canot à moteur, motoneige, go-kart, puis VTT. D’autres vont quand même combiner leur effort musculaire à ceux des machines : skieurs nautiques, deltaplanistes, planchistes à voile. Quelques-uns expérimentent des « sports extrêmes » qui tiennent plus du fantasme suicidaire que d’un souci de santé : le saut en bunjee, la descente à ski d’un précipice, par exemple.
Jeux du Québec de 1971 à Rivière-du-Loup. (Photo © Ville de Rivière-du-Loup)
On s’étonne parfois qu’avec les Jeux du Québec, puis les Olympiques de Montréal, en 1976, les Québécois ne se soient pas ouverts davantage à l’athlétisme. C’est oublier que les premiers boomers avaient déjà 30 ans en 1976!
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