Les Mystères Lescope (12)
…—Inutile de s’obstiner, soupira Thomas d’un ton découragé. Savez-vous, nous devrions attendre que les portes s’ouvrent, puis foutre le feu à ce foutu manoir. Comme ça, « ce qui nous revient » brûlerait pour de bon en enfer! Qu’en dis-tu, Albert?
—Espèce de malotru! s’exclama Robert en prenant Thomas au collet, tu serais prêt à brûler la propriété, l’héritage de vanessa et probablement le corps de Lescope avec! Vous mériteriez, tous les deux…
—Arrête, Robert! cria Vanessa. Ils n’en valent pas la peine. Et puis tout n’est pas perdu. Je pense que je viens de comprendre où se trouve l’enfer…
Sans plus attendre, elle partit à grand pas. Robert lâcha Thomas, qui rajusta son veston d’un coup d’épaule, et tous suivirent Vanessa jusque dans le bureau de Lescope.
—C’est ici que Robert a trouvé ses timbres et Marion ses bijoux, déclara-t-elle. Je suis persuadée que tout le reste est ici aussi.
—Mais… l’enfer? dit Albert d’une toute petite voix.
—Robert avait sans doute raison quand il a suggéré que l’enfer pouvait être relié à des livres… sulfureux. Or qu’y a-t-il ici, de chaque côté du portrait de Didier cachant un coffre-fort?
D’un geste large, elle montrait les deux bibliothèques encadrant la porte restée ouverte du coffre. Aussitôt tous les cinq se mirent à passer en revue les titres… Et tout de suite Marion s’écria :
—Ici! Écoutez ça!
Et elle se mit à lire à haute voix les titres d’une série de livres rangés sur une tablette haute :
—Sade, Les 120 jours de Sodome, Colin de Plancy, Le Dictionnaire infernal, Guillaume Apollinaire, ˛Les 11000 verges, Sade encore : Justine ou Les malheurs de la vertu… Et puis Georges Bataille, Histoire de l’œil, et puis L’Histoire d’O de Pauline Réage, et Fanny Hill, et…
—Bon, ça va, inutile de les passer tous en revue, l’interrompit Robert. On a compris que ce coin de bibliothèque est en effet un « enfer ». Sortons ces livres.
Marion tira les volumes par deux ou trois à la fois et les passa à Robert et Vanessa, qui les feuilletaient et les déposaient sur le bureau. Albert et Thomas attendaient fébrilement, échappant parfois un murmure de déception à mesure que la tablette se vidait.
Puis Marion prit un tout petit livre et demanda :
—Thomas, est-ce que ta femme ne s’appelle pas Irène?
—Oui, répondit Thomas, pourquoi cette question?
—J’ai ici Le Con d’Irène, de Louis Aragon. N’est-ce pas une façon de désigner à la fois la cachette et le destinataire?
Elle ouvrit la plaquette. À l’intérieur, aucune page; seulement douze petits casiers rectangulaires dans lesquels étaient insérées douze clés USB.
—Eureka! cria Thomas en arrachant le livre des mains de Marion. Des clés USB… ajouta-t-il en regardant Albert. Il avait tout copié là-dessus, le sagouin. Nous sommes libres, Albert. Libres!
—Nous n’avons pas fini, dit alors Marion. Il faut trouver… Attendez, je crois que je l’ai! C’était juste à côté…
Elle prit un autre volume et montra aux autres la page couverture, sur laquelle on pouvait lire :
JACQUES LANZMANN
LE SEPTIÈME CIEL.
Elle ouvrit le livre. Il en tomba une feuille de papier repliée plusieurs fois sur elle-même.
Vanessa ramassa la feuille, la déplia avec précaution et lut :
CHÈRE VANESSA, SI TU AS TROUVÉ CECI, C’EST QUE TU APPROCHES LE TRÉSOR DU PIRATE. POUR LE FAIRE APPARAÎTRE, IL TE FAUDRA MAINTENANT AFFRONTER SEULE TES PLUS GRANDES PEURS.
Robert et Marion avaient écouté attentivement; Thomas et Albert, retirés dans un coin, murmuraient entre eux sans montrer le moindre intérêt pour cette nouvelle énigme.
—Mon Dieu, non, gémit Vanessa.
—Quoi, ma chérie? Qu’est-ce qu’il y a? Tu es toute pâle, dit Robert en lui prenant la main.
—AFFRONTER SEULE TES PLUS GRANDES PEURS, relut Marion. Quelles sont tes plus grandes peurs, Vanessa?
—C’est ridicule, répondit Vanessa. Robert, tu le sais bien… J’ai peur des morts. Je suis incapable de rester seule avec un mort, juste à penser toucher un mort, je deviens folle. Même si c’est seulement un animal, voire un oiseau mort. Il le savait, Didier le savait, et là…
Marion reprit la feuille et relut encore :
—TU APPROCHES LE TRÉSOR DU PIRATE. POUR LE FAIRE APPARAÎTRE, IL TE FAUDRA MAINTENANT AFFRONTER SEULE TES PLUS GRANDES PEURS… Tu crois que?
Que croit-elle, impatients lecteurs? Comment Vanessa arrivera-t-elle à faire apparaître le « trésor du pirate »? Au fait, en quoi peut bien consister ce trésor? Toutes les réponses la semaine prochaine!
3 commentaires
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Pis là, on se rend derrière le paravent (enfin!) et on va fouiller « le mort ». Ce serait drôle en tabarnouche que Lescope soit sous la couverture, toujours vivant, et lorsqu’elle s’approche, morte de peur, qu’il lui saisisse la main… Elle aurait toute une frousse! ;o) Mais s’il est vraiment mort, il doit être raide comme une barre et bleu, me semble, elle devrait quand même pouvoir affronter là ses peurs. Mais s’il est vraiment mort (ce que je doute encore), je me demande pourquoi il lui dit qu’elle doit affronter « seule » ses peurs, elle peut bien tricher et se faire aider par les autres ou mieux les envoyer à sa place, il ne pourrait pas l’en empêcher à moins que….
Mais moi, s’il y a bel et bien un corps, je chercherais une clef qui peut ouvrir un quelconque coffre pour le trésor du pirate. Mon idée que Vanessa va trouver facilement ce que la clef peut ouvrir. C’est sur une île des Caraïbes que Lescope l’a abandonnée sans un sou. Il doit avoir quelque chose de valeur ou des billets à l’intérieur en dédommagement. Si c’est comme Vanessa le pense que c’est aussi dans le bureau, qu’elle cherche une boîte de film, un roman, ou même une BD qui aurait quelque chose à voir avec le pirate des Caraïbes ou un truc de ce genre-là. Pirate et Caraïbes doit être l'indice.
Comme dans le temps on faisait la veille mortuaire dans le salon des maison, il est loisible de croire que ce que Vanessa doit trouver est dans le salon, enfin ... d'après moi. ...!?
Moi je pense que le pirate, c'est lui, Lescope. Tout le monde lui donne de mauvais noms depuis le début. Il ne semble pas une personne agréable à côtoyer. Qu'avait-il de plus précieux dans la vie? Que pouvait-il aimer au point d'en faire son trésor à lui? Il avait tout mais était seul.
Par contre, je suis d'accord avec M. Thériault pour ce qui est des Caraïbes.
Je chercherais donc quelque chose par rapport aux Caraïbes, mais dans le salon. Probablement que je me trompe car M. Thériault a plus de flair que moi mais j'assume déjà...