Chronique d'une attente ordinaire
J'arrive au Centre de prélèvement pour une prise de sang. Dans la file d'attente pour l'inscription, il n'y a qu'une personne. Je m'inscris donc très vite, puis je vais dans la salle d'attente et je compte : il y a 25 personnes avant moi. Je regarde ma montre : il est 9h30.
Bon.
J'ai apporté la feuille des mots croisés du journal. Je remplis la grille tranquillement. Pendant ce temps, trois noms sont appelés. Il est 9h50. Si je calcule bien, cela donne une personne toutes les sept minutes environ. Je fais un rapide calcul : il reste 22 personnes devant moi; à sept minutes par personne, j'en ai pour encore 154 minutes d'attente, soit plus de deux heures et demi. Je me dis que ce n'est pas possible, que les personnes affectées aux prélèvements ne doivent pas être toutes à leur poste encore...
Comment pouvons-nous avoir cette patience? Comment pouvons-nous garder notre bonne humeur? Comment une telle situation peut-elle être tolérée par tant de gens? Car dans la salle d'attente personne ne rouspète, personne ne se plaint. Certains lisent, quelques-uns jasent, la plupart restent assis tranquilles, le regard dans le vague.
Et maintenant il y a plus de 25 personnes dans la salle d'attente. Pendant qu'il en sortait, d'autres sont entrés. Je n'ai pas refait le compte.
Tiens! On dirait que le mouvement s'accélère. Il est 10h05, et si je ne me trompe il ne reste plus que 15 personnes devant moi. Oui, la moyenne s'améliore : 10 personnes en 35 minutes, cela fait un prélèvement aux trois minutes et demie. À ce rythme, je n'en ai plus que pour une cinquantaine de minutes. Moins d'une heure! Ai-je été trop pessimiste? Se pourrait-il que je sorte avant 11h00? Je commence à l'espérer!
Et je deviens cruel. Je me dis : « Pourvu qu'ils n'aillent pas maintenant prendre leur pause-café! » C'est méchant. Ces pauvres infirmier(e)s sont bien en droit de se reposer un peu. Et puis je veux que celui ou celle qui me recevra soit en bonne forme, qu'il ou elle réussisse tout de suite la prise de sang, sans briser d'aiguille, sans manquer la veine...
10h15. Si j'ai bien compté, il en reste 10 devant moi. Mais il arrive toujours de nouveaux patients (le mot est juste). Tantôt il y avait quelques chaises vides; maintenant la salle est aussi pleine qu'à mon arrivée.
Heureusement je n'entends personne tousser ou éternuer. Je crains toujours le rhume, ou la grippe, ou la gastro, ou je ne sais quelle autre cochonnerie qu'on peut attraper quand plusieurs dizaines de personnes sont confinées dans un petit espace. Car elle n'est pas grande, la salle d'attente. Les chaises sont collées les unes aux autres. Pas de place pour accrocher les manteaux, poser les sacs à main... D'ailleurs qui aimerait entasser son manteau par-dessus deux douzaines d'autres manteaux?
J'ai bien remarqué la dame qui était tout de suite avant moi. Je la guette. Quand on l'appellera, je saurai qu'il est temps de me préparer. Elle doit être maintenant la cinquième...
Miracle! On l'appelle! Sans doute mon calcul était faux : il devait y avoir, à mon arrivée, cinq personnes dans la salle qui n'étaient là que pour en accompagner une autre. Il est 10h26. C'est mon nom dans le haut-parleur!
L'infirmière est gentille et efficace. En un rien de temps elle a rempli trois tubes de mon sang, m'a installé un petit pansement, je suis devant l'ascenseur. Il est 10h30.
Ma patience n'a finalement pas été mise à trop rude épreuve.
Est-ce que j'ai perdu une heure de mon temps? Peut-être pas, car cette heure, je l'ai passée à observer mes semblables, à m'observer moi-même et à écrire ceci.
Au fait, amis lecteurs, il doit vous arriver aussi de passer du temps dans une salle d'attente. Pour vous aider à garder votre humeur et votre patience, voici trois petites énigmes que vous pourrez résoudre en attendant...
PREMIÈRE HEURE :
Mon premier est souvent privatif,
Mon deuxième n’est pas tout à fait ivre,
Mon troisième est attachant –parfois un peu trop!
Mon tout concerne ce ou ceux qui nous alimentent.
DEUXIÈME HEURE :
Mon premier sert à glisser ou à grimer,
Mon deuxième est au milieu des sept,
Sous mon troisième s’assoyaient papes et rois.
Mon tout est malicieux et minuscule.
TROISIÈME HEURE :
Celui qui manque de mon tout est souvent mon premier. Mon deuxième est un fromage qui ne se mange pas seulement en mon troisième. Qui suis-je?
7 commentaires
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Je pensais à Trône pour le troisième, mais j'avais mal lu : c'est SOUS et non pas SUR.
Donc je ne suis pas plus avancé.
Pour la patience, je ne pense pas en avoir beaucoup. Ça dépend sûrement les circonstances. Quand on a un rendez-vous, ou un avion ou un train à prendre et qu'on sait qu'on va devoir attendre, on s'y prépare et tout se passe bien. En revanche, attendre au guichet derrière une personne qui prend son temps inutilement, ou attendre pendant que les employés se traînent paresseusement derrière leurs comptoirs alors qu'on est en train de manquer de l'ouvrage, là c'est moins drôle et la patience inexistante :)
Pour la première heure :
Mon premier est souvent privatif : A, préfixe privatif
Mon deuxième n’est pas tout à fait ivre : Gris
Mon troisième est attachant –parfois un peu trop! Colle
Mon tout concerne ce ou ceux qui nous alimentent. Agricole??
Mon premier sert à glisser ou à grimer : Fard
Mon deuxième est au milieu des sept : Fa, la quatrième note de la gamme
Sous mon troisième s’assoyaient papes et rois. Dais : tissu suspendu au-dessus d’un autel ou de la place d’un personnage éminent.
Mon tout est malicieux et minuscule : Farfadet?
Celui qui manque de mon tout est souvent mon premier. Mon deuxième est un fromage qui ne se mange pas seulement en mon troisième. Qui suis-je?
Celui qui manque de mon tout (de salubrité) est souvent mon premier, sale. Mon deuxième est un fromage (brie) qui ne se mange pas seulement en mon troisième (au thé).