Le Secret des bélugas
Je viens d'apprendre un secret. Je n'en reviens pas encore, j'ai encore peine à le croire, mais toutes les preuves sont là, rouge sur blanc, dans un vieux grimoire poussiéreux qui vient d'être découvert par un jeune Inuit dans une grotte du Nunavik.
Et, voyez la coïncidence, le gouvernement finlandais annonçait une semaine plus tard que l'archiviste en chef de la région de Laponie avait trouvé la même histoire! Elle était gravée sur une peau de renne perdue parmi de très vieux artéfacts entassés dans la cave de la plus vieille maison de Korvatunturi.
Cette histoire incroyable, la voici. Il s'agit du transport du Père Noël pendant la nuit du 24 au 25 décembre. Ce que nous apprennent les découvertes récentes dont je vous parle, c'est qu'au départ ce n'était pas des rennes qui devaient tirer le grand traîneau rempli de cadeaux pour tous les enfants du monde. C'était des bélugas.
Vous avez bien lu : des bélugas! Des baleines blanches. Comme celles que les gens de l'Isle-aux-Coudres appellent des marsouins. Ces gentils cétacés qui ont toujours l'air de sourire.
Impossible, me direz-vous : des bélugas ne peuvent pas voler dans les airs. Et les rennes, alors? Croyez-moi, si le pollen d'étoiles filantes peut faire voler des caribous, il peut aussi faire voler des baleines!
Et puis, quand on y pense, de jolis bélugas tout souriants, tout blancs dans le ciel étoilé, est-ce que ça n'aurait pas été beau? Au lieu du bruit des grelots, les enfants auraient entendu le chant délicat des baleines dans le ciel d'hiver.
Et puis les bélugas ne boivent que de l'eau : pas de danger d'avoir un Nez Rouge parmi eux pour faire déraper le traîneau!
Bien sûr, au lieu d'une écurie, il y aurait eu un immense aquarium derrière le château du Père Noël. Il y aurait eu des lutins-poissonniers plutôt que des lutins d'écurie.
Mais alors, me demanderez-vous (car vous êtes curieux), qu'est-ce qui est arrivé pour que finalement ce soit les rennes qui tirent le traîneau, et non les bélugas?
Au fond, c'est assez simple quand on y pense. C'est que les bélugas, avec du pollen d'étoiles filantes, peuvent très bien voler dans le ciel; mais quand vient le temps de s'arrêter rapidement et avec précision sur un toit, ils ne sont pas très habiles. Imaginez un attelage de huit ou neuf baleines blanches qui doit freiner et se poser juste à côté d'une cheminée...
En vérité, le Père Noël a connu pas mal de mésaventures, au début.
Les bélugas glissaient sur la neige du toit. Ils n'ont pas des grandes pattes avec des pieds comme des raquettes, eux! Alors ils dépassaient allègrement la cheminée, et parfois le bord du toit. Le traîneau penchait, versait parfois, et il fallait alors ramasser tous les cadeaux pour les recharger dans le bon ordre... Sans compter que le Père Noël a bien failli se casser une jambe. Et il a perdu deux tuques et au moins trois mitaines, au cours de ses premiers essais.
Alors il a décidé que les bélugas resteraient dans l'océan Arctique, et que des rennes prendraient leur place pour tirer le traîneau chargé de cadeaux.
Un lutin-scribe a noté cette histoire dans un vieux grimoire, qu'un visiteur lapon a copié sur la peau tannée d'un caribou. Le grimoire est resté pendant des siècles dans une grotte du Nunavik, et la peau de caribou a dormi pendant des siècles à travers de très vieux artéfacts entassés dans la cave de la plus vieille maison de Korvatunturi.
Les bélugas n'ont pas été trop déçus, semble-t-il, quand le Père Noël les a rendus à l'océan Arctique. Ils ont continué à chanter et à sourire.
Mais j'ai su, en écoutant le vent et les racontars de la marée montante, que certains d'entre eux, peut-être nostalgiques, ont depuis quitté leur habitat habituel pour venir vivre dans le Saint-Laurent, autour de Cacouna, de Rivière-du-Loup, de l'Isle-aux-Coudres. Avaient-ils entendu dire qu'il y aurait un jour un château pour le Père Noël sur la rive de la rivière du Loup? Savaient-ils que le Père Noël et la Fée des Étoiles viendraient commencer leur périple annuel autour de la rue Lafontaine?
En tout cas ils sont restés, malgré bien des maladies, des malheurs, des embûches. Les enfants et les parents de notre région doivent s'unir pour garder nos bélugas dans le fleuve. Car les vieux grimoires le disent rouge sur blanc : si un jour il n'y a plus de baleines blanches entre Cacouna et l'Isle-aux-Coudres, entre Rivière-du-Loup et Tadoussac, ce jour-là il n'y aura plus de Père Noël, de rennes, de Fée des Étoiles, de lutins, de cadeaux pour les enfants du monde.
Ce n'est qu'une légende, me diront les incrédules. Mais croyez-moi, parce que je suis un vieux sorcier : toutes les légendes ont toujours un fond de vérité...
Il est resté trois énigmes non résolues dans mon billet de la semaine dernière... Je me suis donc procuré des bretelles neuves, et si vous ne les résolvez pas cette semaine, je me péterai lesdites bretelles au rythme de « Vive le vent »!
DEUXIÈME NEIGE : On commence avec une huile anglaise. On continue avec le derrière, puis on finit dans le vent. Et tout ça se feuillette ou tourne en rond.
QUATRIÈME NEIGE : Je vole, mais je ne suis pas un oiseau. En fait, mon nom s'ouvre comme un récipient, continue comme une note de musique et finit par un morceau de piano. (N.B. Celle-là est difficile, j'en conviens. Mais je connais votre sagacité et votre ténacité, vaillants lecteurs!)
CINQUIÈME NEIGE : Je puis être un cours ou un centre. Comparons, d'abord; puis donnons naissance. Et finissons avec la croûte terrestre (en fait, selon les définitions les plus récentes, finissons avec « L'ancien nom de la partie superficielle de la lithosphère crustale où prédominent la silice et l'aluminium. »)
12 commentaires
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Comme, mère et Sial
Ouf! Je continue de chercher! ;-)
J'ai hâte de voir si quelqu'un pourra résoudre les deux autres. Je suis pas mal sûr que oui...
Et concernant vos énigmes restantes, vu que vos bretelles sont déjà achetées, je ne vous casserai pas votre fun, comme on dit. (Pour dire vrai, je les trouve trop coriaces pour moi, je n’y vois pas clair…)Et si j’étais vous, je me péterais plutôt lesdites bretelles au rythme de « Envoye, envoye la p’tit jument ».. . Mais à vous de voir…. ;o))
Un indice: il s'agit d'un animal...
Recipient=pot, note=la, piano=touche, la réponse est donc polatouche, c'est un écureuil volant.
Je voulais dire: J'ai adoré cette histoire, elle est drôle et originale!
Vraiment désolée pour "envoye envoye la p'tit jument!! ;o))