De retour!
Ouf! Je me suis ennuyé de vous...Mais heureusement, vous n'avez pu vous ennuyer de moi, car de vaillants lecteurs ont brillamment pris ma relève pour vous titiller les méninges. Même que leurs énigmes étaient bien plus difficiles que les miennes, avouez!
Enfin, je suis de retour. Avec le soleil, en plus. La neige est partie pendant mon absence, les pelouses commencent à reverdir, le printemps commence à ressembler plus aux prémices de l'été qu'à un relent d'hiver...
«En avril, ne te découvre pas d'un fil; en mai, fais ce qu'il te plaît!»
Les outardes et les oies trouvent enfin de quoi manger dans les champs (un peu inondés, quand même...), les crocus et les tulipes prennent des allures conquérantes, les corneilles bavardent. Malheureusement les hirondelles sont bien rares, de nos jours. Combien d'espèces d'oiseaux avons-nous connues, nous qui avons un certain âge, que la génération montante ne verra jamais, n'entendra jamais?
Pas d'énigmes, cette semaine. Je vous propose plutôt un poème écrit au XVIIIe siècle par l'abbé Gabriel-Charles de Lattaignant. Et ça n'avait même pas fait scandale! Décidément les temps changent. C'est l'ami Raymond Gagnon qui m'a signalé ce texte aussi amusant qu'habilement tourné... Lattaignant était, bien plus que moi, un métromane, c'est-à-dire un maniaque des vers. N'est-ce pas, Denis et P.-O.?
Bon, je vous laisse avec mon libertin d'abbé.
Le Mot et la Chose
Madame, quel est votre mot
Et sur le mot et sur la chose ?
On vous a dit souvent le mot,
On vous a souvent fait la chose.
Ainsi, de la chose et du mot
Pouvez-vous dire quelque chose.
Et je gagerai que le mot
Vous plaît beaucoup moins que la chose !
Pour moi, voici quel est mon mot
Et sur le mot et sur la chose.
J'avouerai que j'aime le mot,
J'avouerai que j'aime la chose.
Mais, c'est la chose avec le mot
Et c'est le mot avec la chose;
Autrement, la chose et le mot
À mes yeux seraient peu de chose.
Je crois même, en faveur du mot,
Pouvoir ajouter quelque chose,
Une chose qui donne au mot
Tout l'avantage sur la chose :
C'est qu'on peut dire encor le mot
Alors qu'on ne peut plus la chose...
Et, si peu que vaille le mot,
Enfin, c'est toujours quelque chose !
De là, je conclus que le mot
Doit être mis avant la chose,
Que l'on doit n'ajouter au mot
Qu'autant que l'on peut quelque chose
Et que, pour le temps où le mot
Viendra seul, hélas, sans la chose,
Il faut se réserver le mot
Pour se consoler de la chose !
Pour vous, je crois qu'avec le mot
Vous voyez toujours autre chose :
Vous dites si gaiement le mot,
Vous méritez si bien la chose,
Que, pour vous, la chose et le mot
Doivent être la même chose...
Et, vous n'avez pas dit le mot,
Qu'on est déjà prêt à la chose.
Mais, quand je vous dis que le mot
Vaut pour moi bien plus que la chose
Vous devez me croire, à ce mot,
Bien peu connaisseur en la chose !
Eh bien, voici mon dernier mot
Et sur le mot et sur la chose :
Madame, passez-moi le mot...
Et je vous passerai la chose !
7 commentaires
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Délicieux ce poème et surprenant pour l’époque!
Pendant son sermon de la messe du dimanche, le curé d'un petit village pique une grosse colère et il enguirlande copieusement ses fidèles :
- Ça suffit maintenant, j'en ai assez de ce village de débauche! 80 % des péchés qui me sont confessés concernent des adultères. Tout le monde couche avec tout le monde, y en a marre! Désormais, je ne veux plus entendre le mot adultère en confession, vous m'avez bien compris? Sinon, je demanderai ma mutation avec rapport circonstancié, et la honte s'abattra sur cette commune!
Après la messe, les conversations vont bon train. L'instituteur conseille à tous de ne plus parler de leurs frasques, mais de s'accuser d'avoir proféré des jurons suite à une chute dans la rue. Comme par ailleurs le curé est très serviable et toujours de bon conseil, personne n'a envie de le voir partir. Alors, tout le monde adhère à l'idée émise par l'instit. Un mois plus tard, le prêtre va voir le maire et lui dit :
- Monsieur le maire, je n'ai pas de conseil à vous donner, mais vous devriez faire mieux entretenir les rues et les trottoirs de la commune. Depuis un mois, c'est incroyable le nombre de chutes qu'il peut y avoir!
Le maire arbore alors un grand sourire narquois, mais le curé poursuit :
- À votre place, monsieur le maire, je ne me moquerais pas. Rien que cette semaine, votre femme est tombée 4 fois!
Pour meubler un jour rempli de futiles choses,
Mais l'important est de lui bien faire la chose
Sans que l'on doive faire appel à trop de mots.
Pour vous aider à saisir la leçon de choses
Le titre, suivi de: YOUTUBE, voilà les mots
Qui vous aideront à bien lui offrir la chose,
Tout en vous laissant la liberté de vos mots!
Merci Richard pour ce célèbre petit poème clérico-libertin!
Après l'avoir lu, vous pouvez en écouter une quinzaine de versions visuelles et sonores différentes sur Youtube, y incluant un air d'opéra!
J'ai bien des choses à faire aujourd'hui!
Je vous laisse sur ces mots: "Bonne journée"!
Faites des efforts, mon enfant va naître.
Le bébé a besoin de lait et le père ne peut lui en donner.
Depuis que le médecin a dit à mon mari de prendre la courtisane, il va mieux.
Je vis avec une tierce personne.
Ma rue a changé d'adresse.
Je vis maternellement avec ma concubine.
Je suis restée malade à cheval sur deux mois.
Ceux et celles qui ont écrit ces phrases étaient certains d’avoir utiliser le bon mot, mais ceux qui ont lus !!! On finit par comprendre, mais!!!
Ça alimente les discussions et ça fais rire.
Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites
Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites.
Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes.
Tout, la haine et le deuil ! - Et ne m'objectez pas
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas... -
Ecoutez bien ceci :
Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l'oreille au plus mystérieux
De vos amis de coeur, ou, si vous l'aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Dans le fond d'une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu ;
Ce mot que vous croyez que l'on n'a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre,
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l'ombre !
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin.
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
- Au besoin, il prendrait des ailes, comme l'aigle ! -
Il vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera.
Il suit le quai, franchit la place, et caetera,
Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez l'individu dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l'étage ; il a la clé,
Il monte l'escalier, ouvre la porte, passe,
Entre, arrive, et, railleur, regardant l'homme en face,
Dit : - Me voilà ! je sors de la bouche d'un tel. -
Et c'est fait. Vous avez un ennemi mortel.
Victor HUGO (1802-1885)